
Les équipements connectés qui captent et analysent nos données de santé sont loin d’être une nouveauté. Mais on voit fleurir des applications qui s’appuient sur un simple smartphone et exploitent l’IA pour recueillir et interpréter ces informations.
Mesurer et analyser des données liées à notre santé, à nos habitudes ou à nos paramètres vitaux, tels que le rythme cardiaque, la durée et la qualité du sommeil, ou le rythme respiratoire, n’est pas une innovation récente. Les bracelets et montres connectées le font, par exemple, depuis belle lurette.
Mais lors du dernier salon CES de Las Vegas, plusieurs services et applications ont été présentés comme étant désormais capables de se passer de capteurs portés par l’utilisateur. Ce dernier n’a plus besoin d’enfiler une montre ou un cardiofréquencemètre, ni même de glisser des capteurs sous son oreiller : le microphone ou la caméra de son smartphone sont utilisés pour recueillir ces données. Quant à leur analyse, elle s’appuie sans surprise sur l’intelligence artificielle.
Comment ça fonctionne ?
Quantiq Zenbox fait partie de ces applications qui ont attiré notre attention. Elle se présente comme un coach de respiration en temps réel, qui exploite la caméra du smartphone pour aider l’utilisateur à améliorer la qualité de sa respiration au cours d’exercices. Le but est d’apprendre à mieux respirer pour mieux oxygéner son corps et réguler, du même coup, la fréquence respiratoire et la fréquence cardiaque. Grâce à la seule caméra du smartphone, l’application mesure les données cardiaques et respiratoires ; elle promet même une « précision médicale ».

La description du procédé est un peu complexe. L’appli utilise « la technologie propriétaire Quantiq.IO, basée notamment sur la rPPG et l’IA, pour mesurer vos données cardiaques et respiratoires en analysant votre visage avec la caméra de votre smartphone ». La rPPG (Remote Photoplethysmography) est justement ce qui permet de capter des données physiologiques sans contact, depuis la vidéo d’un visage.
Autre exemple : Apneal, de la startup éponyme, vise à détecter l’apnée du sommeil en utilisant tout simplement un smartphone. Partant du constat que cette maladie reste souvent sous-diagnostiquée et que cela nécessite des appareils complexes, la jeune entreprise souhaite en démocratiser le diagnostic. Pour cela, elle utilise non seulement le microphone du smartphone, mais aussi le gyroscope et l’accéléromètre. Il y a donc une contrainte : l’utilisateur doit fixer son mobile sur son thorax pendant la nuit. Ça reste beaucoup moins intrusif que les dispositifs habituels.

Une rapide recherche sur le Google Play Store et sur l’App Store nous apprend que les applications proposant de traquer le rythme cardiaque, la respiration, les ronflements ou la qualité du sommeil sans accessoire sont en fait relativement répandues. Elles se nomment Sleep Cycle, Fréquence cardiaque ou Moniteur fréquence cardiaque, Cardiographe, Moniteur de pouls… Un certain nombre d’entre elles utilisent la caméra du smartphone, sur laquelle il faut, par exemple, maintenir son index pour effectuer une mesure de fréquence cardiaque.
Quelle fiabilité ?
On peut s’interroger sur la précision et le degré de fiabilité de ces applications, surtout alors qu’elles fonctionnent sans capteur externe. Withings, par exemple, qui développe des produits reconnus comme dispositifs médicaux, n’a pas abandonné la mesure physique – son tensiomètre connecté BPM Vision présenté au CES en est un bon exemple.

D’abord, toutes ces applications ne promettent pas la même chose. Quelques-unes revendiquent une « précision médicale », mais une majorité d’entre elles se destinent plutôt à des fins d’information pour les curieux ou les sportifs (même si la plupart préféreront des outils plus assurément précis). Sur les magasins d’applications, on trouve des avertissements tels que : « N’est pas destiné à un usage médical » ou « Il ne s’agit pas d’un équipement médical professionnel. La valeur des mesures d’application est estimée ; en cas de doute, vous devez consulter un médecin spécialiste ou votre médecin personnel, qui pourra procéder à un examen médical professionnel » (App Store).
Ensuite, quel que soit le niveau de précision de ces mesures et l’efficacité de leur interprétation, elles ne doivent pas pour autant se substituer à un médecin. D’ailleurs, certains acteurs comme Withings en ont bien conscience. Ce dernier a récemment dévoilé le service Cardio Check-Up (sur abonnement), qui met en relation les utilisateurs avec des cardiologues certifiés pour interpréter les résultats des électrocardiogrammes réalisés depuis les appareils de mesure de son écosystème.

La fin des capteurs externes ?
Les différents capteurs intégrés à nos smartphones pourraient-ils signer la fin des outils de mesures des données de santé ? Des innovations comme celles présentées par Withings au dernier CES prouvent que non, ou du moins que ça n’est pas pour demain.
De plus, de telles utilisations du smartphone nécessitent d’ouvrir l’application et de déclencher volontairement une mesure. Cela oblige également à rester à proximité, par exemple face à l’appareil photo du téléphone ou avec le doigt pressé dessus. Cela exclut donc certaines utilisations comme la sécurisation des seniors à leur domicile qui nécessite que les données soient captées constamment.