Invité à participer au nouveau numéro de la revue The Eyes consacrée au thème de l’exil et diffusée à l’occasion de Paris Photo, Sabyl Ghoussoub, lauréat en 2022 du prix Goncourt des Lycéens pour Beyrouth-sur-Seine, revient auprès de L’Éclaireur sur son rapport à la photographie.
Quel a été votre premier contact avec la photographie ? Comment vous êtes-vous rapproché de ce médium ?
J’ai commencé à faire de la photographie au lycée. J’étais en “spé art” et j’avais présenté un projet au baccalauréat autour de photographies dites amatrices et professionnelles. Je tentais d’expliquer que les photographies prises par des non-professionnels pouvaient être aussi perçues comme des œuvres d’art. Depuis, la photographie m’a toujours accompagné, j’ai même été photographe pendant dix ans avant d’arrêter totalement.
« La photographie sert surtout à celui qui prend la photo, c’est un moyen de s’exprimer, de montrer, de raconter. »
Sabyl Ghoussoub
Aujourd’hui, la photographie vous accompagne-t-elle toujours ?
Je ne prends presque plus aucune photo. Je n’ai plus d’appareils, je les ai vendus quand je n’avais plus d’argent pour pouvoir terminer l’écriture de mon dernier roman, Beyrouth-sur-Seine (2022). Je ne pratique plus, mais les images sont partout autour de moi. Elles accompagnent l’écriture de mes livres, j’écris sur les photographes en tant que journaliste et il m’arrive d’être commissaire. J’expose d’ailleurs mes photographies de famille dans l’exposition Revenir qui a lieu en ce moment au Mucem, à Marseille.
Selon vous, à quoi sert la photographie ? Est-ce avant tout artistique ou bien un vecteur d’engagement ?
La photographie sert surtout à celui qui prend la photo, c’est un moyen de s’exprimer, de montrer, de raconter. La vie d’une photographie, après, peut passer d’un outil de propagande au plus beau mur d’un musée. Allez comprendre !
La revue The Eyes prend pour thème l’exil. C’est un thème, on le sait, qui vous tient à cœur. Pourquoi était-ce important de participer à ce numéro et d’apporter votre point de vue ?
Ce n’est pas un sujet qui me tient à cœur, ni un sujet d’étude, c’est la réalité de mon histoire, de celle de ma famille et de mes amis, une réalité très actuelle pour nous avec la guerre qui s’abat sur le Liban et dans la région. L’exil est partout, il a toujours été là. Depuis que l’homme existe, des populations doivent s’exiler. Ce qui me plaisait en particulier dans le projet de la revue The Eyes, c’était de mettre en avant d’autres histoires que la mienne, de pouvoir montrer des exils vécus aux quatre coins du monde, des sensibilités différentes, de croiser les regards ; nos regards… et d’ouvrir nos yeux.
Finalement, quel est le lien entre la photographie et l’exil ?
La photographie est une des langues communes des exilés. Une image peut parler à tout le monde, évoquer des souvenirs communs, des attentes partagées, des espoirs déçus. Finalement, on parle tous photographie.