À 37 ans, l’auteur franco-vénézuélien remporte le prix décerné par les académiciens, pour Le Rêve du jaguar. Dans ce récit, il tisse les histoires de trois générations, où s’entrelacent les liens familiaux et les bouleversements politiques du Venezuela, et confirme ainsi sa place parmi les auteurs incontournables de la scène littéraire.
Miguel Bonnefoy a été couronné ce 24 octobre du Grand Prix du Roman de l’Académie française pour Le Rêve du jaguar, une fresque mêlant mémoire familiale et histoire du Venezuela. Avec cette distinction, l’écrivain franco-vénézuélien s’affirme parmi les grandes voix des lettres francophones. En compétition face à Abel Quentin (Cabane) et Grégory Cingal (Les derniers sur la liste), il succède à Dominique Barbéris, lauréate en 2023 pour Une façon d’aimer.
À la croisée des cultures
Pour comprendre l’œuvre qui a séduit les académiciens, il faut d’abord en connaître l’auteur. Miguel Bonnefoy né en 1986 à Paris. Son père, un romancier chilien, et sa mère, diplomate vénézuélienne, Bonnefoy grandit dans une culture mêlée entre le Venezuela, le Portugal et la France.
Son parcours littéraire débute avec des nouvelles primées, comme Icare qui lui vaut le Prix du Jeune Écrivain en 2013. En 2015, son premier roman, Le Voyage d’Octavio, est finaliste du Prix Goncourt du premier roman et marque le début d’une brillante carrière.
Écrivain prolifique, il enchaîne les succès avec Sucre noir en 2017, finaliste du Prix Femina, puis Héritage en 2021, qui lui vaut le Prix des Libraires. Traduit dans plus de 20 langues, Miguel Bonnefoy tisse ses récits à partir de sa double culture, explorant les thèmes de l’exil, des racines et des métissages culturels. Sa plume baroque, teintée de réalisme, rappelle l’influence des grands auteurs latino-américains.
L’histoire d’un homme, l’histoire d’un pays
Avec Le Rêve du jaguar, Bonnefoy nous plonge une fois de plus dans une fresque époustouflante, où les histoires familiales s’entrelacent aux tumultes des terres sud-américaines. Ce roman, intime et universel à la fois, retrace les destins croisés de trois générations, de la France au Chili en passant par le Venezuela. Au centre du récit, Antonio, un enfant miséreux abandonné sur les marches d’une église de Maracaibo, voit son destin basculer.
Des ruelles boueuses où il mendie, il s’élève jusqu’aux plus hautes sphères de la médecine, guidé par l’amour d’Ana Maria Rodriguez, une compagne d’exception, une féministe battante et première femme médecin de la région.
L’histoire d’Antonio est celle d’une ascension, éclairée par l’espoir et marquée par les défis personnels et politiques de son pays. Avec Ana Maria, il bâtit une nouvelle génération, incarnée par leur fille, Venezuela, dont le prénom symbolise à lui seul les racines profondes et les aspirations d’un avenir meilleur. Naviguant habilement entre les époques et les continents, Bonnefoy tisse une fresque familiale foisonnante et poignante.