Films, séries, musique, romans, jeux… Chaque mois, des centaines d’œuvres sont diffusées dans les salles obscures, sur les plateformes ou dans les librairies. Face à cette offre colossale, le choix est difficile. La rédaction de L’Éclaireur vous dévoile ses trouvailles du mois.
1 La BD Pillow Man – L’Homme de nos rêves, de Stéphane Grodet et Théo Calméjane
Disponible depuis le 18 septembre en librairie, Pillow Man suit Jean, un homme âgé de 40 ans qui se voit offrir un travail peu commun. En effet, après trois ans de chômage, il est promu « homme-oreiller ». Son but ? Aider les gens seuls, souffrant d’insomnie, à finalement trouver le sommeil grâce à sa carrure similaire à celle d’un gros nounours en peluche. Problème : Jean cache ses nouvelles fonctions à Marianne, sa compagne. Alors, quand celle-ci l’apprend, c’est tout l’équilibre du couple qui bascule. Notre héros sera-t-il capable de conserver son travail et de sauver sa relation amoureuse ?
L’émancipation grâce au travail, l’estime de soi ou encore le regard de l’autre sont autant de thèmes abordés à travers cette très belle bande dessinée dans laquelle les lecteurs et lectrices pourront découvrir le parcours sensible et tendre de Jean, un homme qui pour « rester debout s’allonge chaque soir dans le lit d’inconnus ». Pillow Man, c’est aussi l’histoire d’une solitude, celle que l’on côtoie toutes et tous la nuit, dans un monde ultraconnecté.
Il en ressort un pouvoir d’identification fort alors que l’on plonge avec délice dans les insomnies de Jean aux côtés de ses clientes. Entre drôlerie touchante et enthousiasme poétique, Pillow Man offre un volume délicat et coloré. Une vraie découverte feel good sur laquelle se pencher cet automne.
2 Le spectacle de Nicolas Lacroix, Trop gentil
Originaire de Belgique et actuellement en tournée, Nicolas Lacroix déploie à travers son premier spectacle, Trop gentil, un univers haut en couleur dans lequel il évoque son coming-out, son enfance ou encore notre rapport aux réseaux sociaux à travers une panoplie de personnages. L’humoriste incarne ainsi un Jésus influenceur ou encore un prête un peu trop porté sur la bouteille, mais imite aussi, à sa façon, le chanteur Dave au Festival d’Avignon.
Avec Trop gentil, Nicolas Lacroix nous entraîne donc dans sa folie ; une folie cependant touchante puisqu’à travers son seul-en-scène, l’humoriste aux 2 millions d’abonnés sur TikTok parvient à nous faire rire tout en nous offrant une réflexion sensible sur notre époque de plus en plus connectée. Véritable pépite humoristique, Nicolas Lacroix est actuellement en tournée dans toute la France et se produit tous les jeudis au Point-Virgule à 19 h 30.
3 La série Les Enfants sont rois sur Disney+
Quand on nous a annoncé l’adaptation du best-seller de Delphine de Vigan en série, on était TRÈS sceptiques. Petit bijou littéraire, l’œuvre originale décortiquait avec minutie le travail des enfants influenceurs. Portée par un casting de renom (Géraldine Nakache, Doria Tillier, Panayotis Pascot), force est de constater que la production signée Disney+ se révèle tout aussi passionnante. Reprenant l’intrigue initiale – l’enquête entourant l’enlèvement de la jeune Kimmy, influenceuse aux millions d’abonnés à seulement 6 ans –, le show approfondit la dimension psychologique des personnages principaux.
On retrouve donc Sara Roussel, cheffe de Brigade au SDPJ prête à tout pour retrouver la petite fille et qui se retrouve malgré elle fascinée par l’univers créé par Kimmy, Mélanie Dior, la maman de la jeune influenceuse, qui semble profiter des millions engrangés par son enfant sur Internet, ou encore Baptiste, jeune recrue de la brigade qui poursuit les ambitions de son père sans être lui-même passionné par son quotidien de flic.
Rythmée par une enquête haletante, la série nous offre des épisodes maîtrisés et très prenants. On est surpris, on joue au détective pour déterminer qui a enlevé la petite fille et on découvre la face cachée de l’influence. Flirtant avec des thématiques très actuelles et controversées, Les Enfants sont rois nous offre une histoire captivante, qui ne tombe jamais dans le cliché.
4 Le roman Célèbre, de Maud Ventura
Trois ans après le succès planétaire de Mon mari (salué, notamment, par Oprah Winfrey), l’annonce d’un nouveau roman signé Maud Ventura nous réjouissait tout particulièrement. On avait dévoré (et adoré) sa première œuvre, et on en attendait beaucoup de Célèbre, sorti en août dernier. Verdict : il parvient à détrôner le précédent.
En nous contant l’histoire de Cléo, une chanteuse aussi détestable qu’ambitieuse, l’autrice nous fait entrer dans les coulisses du star-système. Persuadée de son talent depuis son plus jeune âge, la jeune femme n’a qu’un objectif en tête : devenir célèbre. On la suit donc dans sa quête de gloire, de ses premiers échecs à son ascension fulgurante.
Composition de ses morceaux, enregistrements en studio, rendez-vous galants avec les plus grandes stars américaines… Le roman nous embarque dans un voyage fascinant, où l’on croise Selena Gomez et Taylor Swift au détour d’une page. Totalement imbue d’elle-même, Cléo ne montre son vrai visage qu’aux lecteurs. On la découvre alors arrogante, méchante et (très) égoïste – soit tout l’inverse de l’image qu’elle renvoie au monde entier.
Une fois de plus, Maud Ventura relève le pari fou de nous captiver avec une anti-héroïne exécrable, et Célèbre nous fait passer par toutes les émotions, du dégoût à la haine, en passant par la fascination. Véritable page-turner, c’est le genre de livre qu’on adorerait oublier pour pouvoir le redécouvrir avec autant de passion.
5 La BD Peter Pan de Kensington, de José Luis Munuera
Nouvelle adaptation en forme de bande dessinée consacrée au célèbre personnage créé par James Barrie. Avec Peter Pan de Kensington (Dargaud), l’artiste José Luis Munuera prend pour base un texte moins connu de l’auteur, Le Petit Oiseau blanc, qui développe l’histoire de Peter Pan avant son voyage au Pays imaginaire et son affrontement avec le capitaine Crochet.
Dans l’œuvre, José Luis Munuera montre la vie de Peter dans les jardins de Kensington, à Londres, et son quotidien au milieu des fées, des animaux et des enfants passagers qui font sa connaissance. Retournant à l’essence du texte de James Barrie – avec des animaux dotés de la parole – tout en gardant la poésie caractéristique du personnage, Peter Pan de Kensington traite du mythe dans un style artistique doux et contemplatif.
Au-delà de ses splendides dessins, la bande dessinée conserve les thèmes essentiels propres à Peter Pan. Derrière le rêve, l’imagination et l’appel de l’aventure, l’auteur n’oublie pas de montrer la face la plus sombre de l’enfant éternel, avec sa haine des adultes, son égoïsme marqué et une volonté acerbe de transformer le monde selon son envie.
Alors que Peter fait la rencontre d’une petite fille perdue dans le jardin, l’histoire fait des parallèles intéressants avec les événements attendus et connus par tous de l’histoire de Peter Pan. Une façon de s’intéresser au personnage différemment, à l’image de ce qu’avait fait Loisel de façon beaucoup plus sombre avec le chef-d’œuvre de la bande dessinée Peter Pan (Vents d’Ouest).