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Qui est Han Kang, lauréate du Prix Nobel de Littérature 2024 ?

10 octobre 2024
Par Sarah Dupont
“La Végétarienne” est le dixième roman publié par Han Kang, en 2007.
“La Végétarienne” est le dixième roman publié par Han Kang, en 2007. ©Changbi Publishers / Portobello Books

Félicitée pour sa prose poétique et sensible, qui explore les traumatismes historiques, l’autrice sud-coréenne Han Kang a été couronnée du Prix Nobel de Littérature 2024 ce 10 octobre, marquant une première historique pour la Corée du Sud.

Han Kang, autrice sud-coréenne, marque l’histoire ce jeudi 10 octobre en remportant le Prix Nobel de Littérature 2024, un an après le norvégien, Jon Fosse. À 53 ans, elle devient la première femme asiatique à recevoir cette prestigieuse distinction, et offre à son pays, la Corée du Sud, son tout premier Nobel littéraire.

Le comité du jury a rendu hommage à l’autrice pour sa « prose poétique intense », qui, selon lui, affronte « les traumatismes historiques tout en dévoilant la fragilité de la condition humaine », selon les mots du communiqué officiel. Poète et romancière, Han Kang écrit en coréen des textes d’une profondeur remarquable, se caractérisant « par cette double exposition de la douleur, une correspondance entre tourments mentaux et physiques en lien étroit avec la pensée orientale ».

Des vers à la prose

Née le 27 novembre 1970 à Gwangju, Han Kang a déménagé à Séoul aux alentours de ses dix ans avec sa famille. Fille de l’écrivain renommé Han Seung-won, elle s’est ensuite engagée sur la voie littéraire en étudiant la littérature coréenne à l’université Yonsei. Son entrée dans le monde des lettres s’est faite avec la publication de cinq de ses poèmes, dont Hiver à Séoul (Seo-urui gyeo-ul), dans le magazine Littérature et Société (Munhakgwa sahoe). Dès ses premiers écrits, Han Kang a su imposer une voix singulière dans le paysage littéraire coréen.

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Han Kang fait ses débuts en prose en 1995 avec un recueil de nouvelles, où Un amour de Yeosu se distingue rapidement par la finesse de sa narration, attirant l’attention de la critique. Sa carrière prend un tournant en 1999 lorsqu’elle remporte le concours de la Littérature coréenne avec Bébé Bouddha, plus tard adapté au cinéma. En 2010, elle se voit décerner le prestigieux prix littéraire Dong-ni pour Pars, le vent se lève.

Vers le succès international

Sa reconnaissance internationale débute véritablement avec la publication de La Végétarienne en 2007. Ce roman, traduit en anglais, lui vaut de remporter l’International Booker Prize en 2016 et de figurer dans la liste des 10 meilleurs romans de l’année selon le New York Times. En France, elle reçoit le Prix Médicis étranger en 2023 pour Impossibles adieux, un roman poignant qui évoque le massacre de Jeju en 1948. Le journal Le Monde la cite alors parmi les auteurs sud-coréens incontournables, aux côtés de Hwang Sok-yong et Ko Un.

Son exploration littéraire des traumatismes historiques s’est approfondie avec Celui qui revient, publié en 2014, inspiré par le soulèvement de Gwangju de 1980. Han Kang, marquée dès son enfance par la découverte d’images violentes liées à cet événement, poursuit cette thématique en 2021 avec Impossibles adieux, où elle retrace les mémoires du massacre de Jeju à travers les récits de trois femmes. Ces œuvres témoignent de son engagement à explorer les cicatrices politiques et sociales de la Corée du Sud, consolidant ainsi sa renommée mondiale.

Han Kang incarne une voix singulière et novatrice dans la littérature contemporaine, grâce à une « conscience unique des liens entre le corps et l’âme, les vivants et les morts », comme l’a souligné Anders Olsson, président du comité Nobel. En explorant avec intensité les traumatismes individuels et collectifs, elle redéfinit les frontières de la prose, tout en révélant la profondeur de l’expérience humaine.

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