Critique

Ranma ½ : Mappa signe le retour d’un chef-d’œuvre intemporel

07 octobre 2024
Par Sarah Dupont
“Ranma ½”, le 5 octobre sur Netflix.
“Ranma ½”, le 5 octobre sur Netflix. ©Netflix

Sorti sur Netflix le 5 octobre, Ranma ½ revient sous un nouveau jour grâce à la touche de Mappa. Ce classique intemporel de Rumiko Takahashi, mêlant comédie, arts martiaux et réflexions sur le genre, retrouve son éclat d’antan et pourrait séduire facilement une nouvelle génération de spectateurs.

Ranma ½, c’est avant tout le souvenir d’une époque révolue. Celle où les enfants des années 1990 découvraient avec émerveillement les premières grandes œuvres de l’animation japonaise. Aux côtés de Dragon Ball et de Sailor Moon, la série a marqué l’âge d’or du Club Dorothée, cette émission devenue une véritable passerelle entre la culture nippone et le public de l’Hexagone, éveillant ainsi une passion française durable pour le manga.

La bande-annonce de Ranma ½.

Publiée entre 1987 et 1996, l’œuvre de Rumiko Takahashi a donc marqué la fin du XXe siècle grâce à son adaptation animée de 160 épisodes. Bien que classée parmi les « classiques », la série, toujours chérie, avait peu à peu glissé dans l’oubli. Jusqu’à ce que Mappa prenne l’audacieux pari de la ramener sur le devant de la scène.

Réputé pour des titres acclamés comme Jujutsu Kaisen et Chainsaw Man, le studio japonais a relevé ce défi ambitieux, suscitant d’immenses attentes chez les fans nostalgiques. Sous la signature unique de Mappa, Ranma ½ renaît donc, modernisé, tout en ravivant l’éclat de ses débuts pour séduire autant les spectateurs d’hier que ceux d’aujourd’hui.

Un manga comique sur le genre

Que ce soit à travers les pages du manga, l’animé des années 1990 ou de sa version contemporaine, le charme de Ranma ½ réside avant tout dans l’intemporalité de son intrigue. Plongée dans le Japon des années 1980, l’histoire nous présente Akane Tendô, héritière d’un dojo familial, et Ranma Saotome, le fils d’un ami de la famille, liés dans un mariage arrangé par leur père respectif. Tous deux s’y opposent farouchement, mais la trame prend une direction inattendue lorsque l’on découvre le secret de Ranma : au contact de l’eau froide, il se métamorphose en fille.

Ranma 1/2, version années 1990.©Amazon Prime Video

L’œuvre se situe à la croisée du shōnen et du shōjo, mêlant avec brio comédie, absurde, fantastique et romance dans un univers imprégné d’arts martiaux. Mais au-delà des rires qu’elle suscite, elle se révèle étonnamment avant-gardiste, questionnant les normes de genre et les relations entre hommes et femmes, des thèmes particulièrement audacieux pour son époque et la société japonaise.

La nouvelle version de Ranma 1/2.©Netflix

Les personnages féminins y occupent en outre une place de choix, loin des rôles accessoires. Quant aux transformations de Ranma, si elles prêtent à rire, elles offrent aussi un regard subtil sur l’identité, en forçant le protagoniste à vivre des expériences qu’il n’aurait jamais connues en tant que garçon, renversant ainsi les perspectives habituelles.

Une romance attachante et pleine de surprise

En matière de personnages, cette nouvelle adaptation reste profondément fidèle à l’esprit du manga, peut-être même plus que la première version animée. Dès le premier épisode, la série Netflix parvient à capturer les personnalités bien trempées de Ranma et Akane.

La nouvelle version de Ranma 1/2.©Netflix / Mappa

Leur relation débute par des chamailleries, et évoluera, sans aucun doute, vers une amitié et une romance avec une subtilité qu’on espère remarquable, mais certainement pas sans embuche. Pour l’heure, cette tension constante entre rivalité et cohabitation forcée, dans le cadre de leurs fiançailles arrangées, enrichit le récit et instaure un équilibre subtil entre comédie légère et émotion plus profonde.

Couleurs vives et combats fidèles à l’esprit de l’œuvre

Une fois de plus, Mappa accomplit ce nouveau défi avec succès. L’animation conserve les caractéristiques des œuvres japonaises des années 1990, avec ces personnages aux grands yeux expressifs et aux traits légèrement disproportionnés, leur donnant un aspect à la fois ahuri et attachant.

La nouvelle version de Ranma 1/2.©Netflix

Ce style visuel, bien que moins précis que les productions des dernières générations d’animés, s’accorde parfaitement à l’aspect comique de la série, renforcé par l’utilisation massive d’onomatopées. Côté couleurs, la palette oscille entre des tons vifs et pastel, qui apportent douceur et vivacité, tandis que les scènes de combat basculent vers une animation plus cartoonesque.

Les contrastes deviennent plus marqués, avec des teintes plus foncées ou éclatantes, accentuant l’intensité des affrontements. Bien que les scènes de combat, principalement centrées sur le kung-fu, ne soient pas aussi titanesques que celles de Jujutsu Kaisen ou de L’Attaque des Titans, elles restent d’une fluidité agréable, en parfaite harmonie avec le ton léger de l’œuvre.

La nouvelle version de Ranma 1/2.©Netflix

Sur le plan sonore, la nostalgie est au rendez-vous avec le retour de Kappei Yamaguchi et Megumi Hayashibara, qui prêtent à nouveau leurs voix à Ranma et Akane. Le casting original, largement préservé, apporte une continuité bienvenue et renforce le lien avec les précédentes adaptations.

Cette nouvelle adaptation de Ranma ½ s’annonce donc des plus prometteuses. En associant son expertise en animation à l’audace créative de Netflix, Mappa prouve une fois de plus qu’il est capable de revisiter des œuvres iconiques tout en leur offrant une modernité subtile. Dans un paysage où la nostalgie et l’innovation se rencontrent, la série démontre que les histoires d’hier peuvent toujours inspirer les productions d’aujourd’hui.

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