Mark Zuckerberg, PDG de Meta, et Daniel Ek, PDG de Spotify, prennent la plume pour défendre leurs intérêts sur le Vieux Continent.
Adopté le 1er août dernier, l’IA Act est un nouvel ensemble de règles chargées d’établir un cadre commun pour l’adoption de l’intelligence artificielle dans les pays membres de l’Union européenne. Un cadre que beaucoup d’entreprises tech se figurent comme d’infranchissables barrières, comme Apple, qui a décidé de ne pas sortir sa nouvelle IA Apple Intelligence en Europe avant au moins 2025.
Un manque de clarté reproché à l’Europe
Ça commence à faire beaucoup. En mars dernier, l’Union européenne adoptait le Digital Markets Act, un cadre législatif serrant la vis des géants (souvent américains) de la tech afin de permettre l’émergence d’une concurrence plus saine. Chose qui a déjà créé un gouffre entre les États-Unis et les pays européens sur certains points, le plus évident étant l’iPhone qui, désormais, doit accepter que d’autres magasins d’applications existent conjointement à l’App Store.
Cinq mois plus tard, un nouvel ensemble de règles intervient pour freiner l’adoption massive de l’intelligence artificielle. Du moins en Europe. Et, pour Mark Zuckerberg et Daniel Ek, c’est un énorme problème. Dans une tribune publiée par The Economist, les deux patrons regrettent une « structure réglementaire fragmentée, dont la mise en œuvre est incohérente, entrave l’innovation et freine les promoteurs ».
Une déclaration qui fait directement écho au refus de Meta de lancer son dernier grand modèle de langage, Llama 2, en Europe, de crainte de se voir infliger une très lourde amende s’il ne respecte pas totalement les règles en vigueur.
L’Europe à la traîne ou en avance ?
Un long texte destiné, bien entendu, à défendre les intérêts conjoints des deux entreprises (Spotify rêverait d’utiliser Llama 2, mais ne peut y accéder dans les pays d’Europe), mais que les deux têtes pensantes tentent de masquer sous un avertissement bienveillant : « Sans changements urgents, les entreprises européennes, les universitaires et d’autres risquent de passer à côté de la prochaine vague d’investissements technologiques et des opportunités de croissance économique. »
Un lobbyisme qui n’est toutefois pas dénué de bon sens. En quelques mois seulement, nous avons vu deux clans se former en matière d’adoption de l’IA. D’un côté, les États-Unis investissent de façon totalement débridée et lancent des centaines de fonctionnalités labellisées « IA », de l’autre, l’Europe se retrouve privée de certaines fonctions les plus alléchantes – comme de nombreuses présentées par Google lors de l’annonce des nouveaux Pixel 9.
Un juste milieu difficile à positionner sans créer de frustration et sans prendre le risque de passer à côté de ce qui est régulièrement présenté comme la plus grosse révolution technologique depuis l’invention d’Internet.