L’intelligence artificielle est partout, y compris, et de plus en plus, au sein de nos appareils électroménagers : aspirateurs robots mais aussi lave-linge, fours, réfrigérateurs… En pratique, qu’est-ce que ces technologies ont à vous offrir ?
On entend beaucoup parler d’intelligence artificielle, sans toujours savoir à quoi cela correspond vraiment. Pour la Cnil, « l’intelligence artificielle est un procédé logique et automatisé reposant généralement sur un algorithme et en mesure de réaliser des tâches bien définies ». Pour le Parlement européen : « Constitue une intelligence artificielle tout outil utilisé par une machine afin de “reproduire des comportements liés aux humains, tels que le raisonnement, la planification et la créativité”. »
Les machines qui nous intéressent ici sont des appareils électroménagers. Ils s’appuient notamment sur les habitudes d’utilisation et la répétition des cycles pour évoluer, apprendre, améliorer les performances et personnaliser l’expérience. Trouver de l’intelligence artificielle au sein d’équipements hautement technologiques comme les aspirateurs robots est finalement peu surprenant. Ça l’est un peu plus quand on parle de lave-linge ou de réfrigérateurs.
Économiser de l’eau et de l’électricité
C’est la promesse numéro 1 des appareils électroménagers embarquant de l’IA. En période d’inflation et d’augmentation du coût de l’énergie, il n’est pas étonnant que les fabricants mettent en exergue cet argument. Depuis longtemps, les lave-linge sont capables de peser le linge et d’adapter leur consommation d’eau en conséquence. Mais les modèles de nouvelle génération sont bien plus évolués : ils sont bardés de capteurs et utilisent l’IA pour optimiser les économies d’eau et d’énergie. Ils sont en mesure de détecter le poids réel de linge, le type de textile lavé et le degré de salissure pendant le cycle. Ils adaptent ainsi tous les réglages – y compris le dosage de lessive et d’adoucissant – pour consommer le moins d’eau et le moins d’électricité possible, pendant toutes les phases du cycle : trempage, lavage, rinçage, essorage…
Samsung équipe ses modèles les plus haut de gamme de cet ensemble de technologies (AI Wash) que l’on retrouve également chez Haier (Smart AI), Grundig (AI Sense) ou dont LG a également pourvu sa tour de lavage WashTower Compact. L’économie d’énergie promise est de l’ordre de 30 à 40% supplémentaires par rapport à des appareils bénéficiant de la meilleure classe énergétique (A).
Les évolutions sont les mêmes concernant les lave-vaisselle intelligents, qui dosent automatiquement le détergent, adaptent la température de l’eau, sa quantité, le temps de lavage ainsi que le rinçage. Notez qu’au passage, le dosage automatique peut éventuellement permettre de faire des économies de détergent (car de nombreux utilisateurs ont tendance à surdoser).
Plus surprenant : les réfrigérateurs embarquent aussi de l’intelligence artificielle, dans le même but, à savoir réduire la consommation d’énergie (sachant qu’il s’agit de l’équipement qui consomme le plus dans la cuisine). C’est après une ouverture de porte qu’un réfrigérateur consomme le plus, pour produire du froid afin de maintenir la température. Grâce à l’IA, ces modèles apprennent les habitudes de la maisonnée. Ils sont ainsi capables d’anticiper à quels moments de la journée la porte va être ouverte pour renforcer la production de froid par anticipation et éviter une montée en température trop importante. De la même manière, si vous avez l’habitude de faire vos courses le même jour, ils peuvent le prévoir. Certains modèles utilisent même la géolocalisation du smartphone pour cela (technologie Haier Température Proactive par exemple).
Obtenir des résultats parfaits
La seconde promesse est l’obtention de résultats parfaits, que ce soit pour le lavage du linge, de la vaisselle, la cuisson des aliments ou encore le ménage. En effet, la machine étant capable d’effectuer les réglages adéquats en fonction de l’état de salissure du linge ou de la vaisselle – non pas à l’œil comme on le ferait nous-mêmes, mais grâce à des capteurs – cela garantit des performances de lavage optimales.
On peut également citer l’exemple de la cuisson. Les fours multifonction tendent ainsi à embarquer de l’intelligence artificielle. Certains (notamment chez Samsung, Haier ou encore Miele) utilisent une caméra capable de reconnaître un certain nombre de plats ou d’aliments. Ils recommandent alors les paramètres de cuisson les mieux adaptés (mode, température, durée de cuisson) pour obtenir un résultat parfait. Pour l’instant, le nombre d’aliments ou de recettes reconnus reste limité. Mais ces fours sont connectés et l’algorithme apprend – la capacité de reconnaissance s’enrichit donc au fil des mises à jour.
L’intelligence de ces appareils ne s’arrête pas à la reconnaissance des aliments. Leur couleur, plus précisément leur degré de brunissage, est surveillé durant toute la cuisson, pour suggérer son arrêt ou bien la stopper automatiquement lorsque le plat est idéalement cuit. Si vous cuisinez, il vous est sans doute déjà arrivé de suivre une recette à la lettre, y compris la durée de cuisson, mais que votre plat ressorte finalement trop cuit. Avec ce procédé, en théorie, cela ne devrait plus arriver.
Le ménage est une autre tâche dans laquelle l’intelligence artificielle promet de meilleurs résultats. Les aspirateurs robots haut de gamme l’utilisent pour reconnaître les obstacles qu’ils croisent sur leur chemin, afin de mieux les appréhender (iRobot, Roborock, Dreame…). Cela leur sert également à calculer leur itinéraire de navigation en tenant compte des objets qu’ils vont rencontrer pour couvrir la surface à nettoyer le plus rapidement et le plus efficacement possible. Ils identifient en outre le type de sol (pour ajuster la puissance d’aspiration) et son état de saleté. Ils peuvent ainsi laver plusieurs fois une zone si nécessaire, voire anticiper la présence de salissures sur leur trajet pour nettoyer plus en profondeur là où c’est le plus sale.
Si elle promet des résultats optimaux, l’IA n’est pas infaillible pour autant. Il ne faut pas oublier que les résultats dépendent des conditions d’utilisation. Par exemple, une caméra de four encrassée peut gêner la reconnaissance des aliments ou le suivi de leur cuisson. De plus, tout dépend de la manière dont l’algorithme a été « entraîné » et de ce qu’on lui a « appris ».
Des possibilités de personnalisation accrues
L’intelligence artificielle promet aussi des résultats personnalisés, grâce à l’apprentissage des habitudes, des goûts et des besoins de chaque utilisateur. Nous pouvons prendre l’exemple des fours. Si vous réalisez plusieurs fois la même recette et que vous réduisez ou augmentez de quelques minutes le temps de cuisson, l’IA en déduira que vous aimez par exemple manger vos lasagnes un peu plus gratinées. La prochaine fois que vous en préparerez, cela sera pris en compte dans les recommandations du temps de cuisson. Même principe lors du choix des recettes si vous utilisez l’application dédiée : celle-ci vous suggère des idées en fonction de vos précédentes recherches, de votre régime alimentaire et de vos goûts.
En matière de personnalisation, on peut aussi citer l’exemple intéressant des aspirateurs robots. Grâce à l’IA, ils proposent des programmes de nettoyage sur mesure, par exemple en prévoyant des cycles plus rapprochés dans les pièces qu’on a l’habitude de nettoyer fréquemment. Certains sont capables d’identifier des éléments de mobilier lorsqu’ils cartographient le logement (par exemple une table et des chaises ou encore un lave-linge). Ils suggèrent ainsi des scénarios de nettoyage, comme un dépoussiérage sous la table après l’heure des repas par exemple.
Pour personnaliser l’expérience utilisateur, l’IA a inévitablement besoin de collecter des données. « Elle repose sur des algorithmes gourmands en données, souvent personnelles, et son usage nécessite le respect de certaines précautions », met en garde la Cnil. Il est important d’en être conscient.
La maintenance prédictive
Enfin, si les appareils électroménagers connectés sont capables d’envoyer des rappels et alertes d’entretien réguliers, grâce à l’IA, ils peuvent aller au-delà en lançant des autodiagnostics. Ils détectent ainsi la moindre anomalie avant qu’un dysfonctionnement ou une panne survienne.