Pour sa nouvelle expérience immersive, l’Atelier des Lumières se renouvelle en proposant une exposition en rupture avec les grands maîtres de l’histoire de l’art, soit un voyage long de 3 000 ans dans L’Égypte des Pharaons. De Khéops à Ramsès II. Un pari audacieux.
Surfant sur les succès des expositions pharaoniques Toutânkhamon. Le Trésor du pharaon (2019) et Ramsès & l’or des pharaons (2023), l’Atelier des lumières immerge désormais le visiteur dans 3 000 ans d’histoire égyptienne antique, à travers L’Égypte des pharaons, de Khéops à Ramsès II.
Pour se distinguer des deux blockbusters, Virginie Martin, directrice artistique de l’établissement, a souhaité pointer les projecteurs du temple de l’immersion sur des œuvres d’art emblématiques de l’Antiquité égyptienne et construire, cette fois-ci, un récit bien spécifique : « J’ai fait le choix de me libérer de la chronologie pour raconter le cycle de la vie en suivant la mythologie égyptienne durant l’Antiquité. Le parcours démarre par la Genèse et nous conduit jusqu’à l’au-delà ».
Du plateau de Gizeh au buste de Nefertiti
Bien pensé et spectaculaire, le prologue nous happe d’entrée de jeu. Immergés dans une tempête de sable, nous découvrons, au fur et à mesure qu’elle se calme, les vestiges antiques tels qu’ils sont apparus aux scientifiques français et à Napoléon Bonaparte lors de la campagne d’Égypte de 1798 à 1801.
Ayant fait partie de l’aventure, le peintre écossais David Roberts les immortalisa dans son carnet, dans lequel il mentionna : « Nous sommes un peuple de nains visitant une nation de géants. » De la même manière, le spectateur découvre, à travers ses dessins projetés sur les parois de l’ancienne fonderie du Chemin-Vert, le sphinx de Gizeh ou le grand temple d’Abou Simbel, en partie enfouis sous le sable. L’effet est saisissant ! Ainsi déconnectés de la réalité et du capharnaüm parisien, nous voilà en bonne condition pour suivre l’histoire concoctée par Virginie Martin, pour l’occasion savamment épaulée par l’égyptologue Jean-Guillaume Olette-Pelletier.
« Nous avons organisé un voyage d’étude sur place pour notamment prendre des clichés supplémentaires des tombeaux afin de les restituer au mieux, tels qu’ils étaient il y a 3 000 ans. »
Virginie MartinDirectrice artistique
Pour illustrer son récit, Virginie Martin s’est, comme de coutume à l’Atelier des lumières, appuyée sur des œuvres d’art digitalisées telles que des bas-reliefs, des peintures, des sculptures, des bijoux, des papyrus anciens et des monuments : « Le digital nous permet de réunir facilement des œuvres exposées dans les plus grands musées du monde, du Louvre au Metropolitan Museum of Art de New York, en passant par le British Museum, l’Ermitage de Saint-Pétersbourg et bien évidemment le GEM au Caire. Mais cette fois-ci, nous sommes allés plus loin. Nous avons organisé un voyage d’étude sur place pour notamment prendre des clichés supplémentaires des tombeaux afin de les restituer au mieux, tels qu’ils étaient il y a 3 000 ans. »
Des images 3D pour compléter le tableau
Pour aller encore plus loin dans sa démarche et renforcer l’impression d’immersion, Culturespaces Studio, producteur de l’exposition, a fait preuve d’originalité en incrustant des reconstitutions 3D issues de la version pédagogique du jeu vidéo Assassin’s Creed Origins développée par Ubisoft. Une première !
Ici, les images merveilleuses du plateau de Gizeh et la séquence de l’entrée dans le temple de Karnak éclairée par des torches enflammées prennent toute leur dimension. On en vient même à regretter que la production n’ait pas eu davantage recours à la 3D, car si le chapitre consacré à la construction des pyramides est de ce fait particulièrement fascinant et limpide, l’ensemble du récit reste confus, pour celui qui n’en a pas pris connaissance au préalable.
Une direction davantage pédagogique
Généralement atmosphériques et axées sur les émotions que suscitent les toiles de maîtres, les longues expositions immersives développées par Culturespaces Studio ne nécessitent que très peu d’informations.
Ici, ce n’est pas le cas. De La Genèse divine à L’Au-delà, la narration reposant en grande partie sur des visuels d’œuvres est assez compliquée à suivre. Virginie Martin en a certainement eu conscience : « Pour que le visiteur puisse se repérer, nous avons positionné, dans chaque coin, des légendes qui apportent quelques précisions sur ce qui est dévoilé. Ensuite, à l’intérieur de la citerne et en parallèle de l’exposition, nous proposons une frise chronologique et des plans des sites archéologiques qui permettent au visiteur de se situer dans le temps et dans l’espace. »
Du rêve à la réalité
Ce voyage de 3 000 ans se termine à l’heure actuelle, par des photographies sous-marines un peu trop statiques de Thônis-Héracléion, une cité antique engloutie dans la baie d’Aboukir. Pris par l’archéologue Franck Goddio, ces clichés font le pont entre passé et présent et nous ramènent en douceur à la réalité.
Comme de coutume, ce programme long, L’Égypte des pharaons, de Khéops à Ramsès II, est suivi d’un programme court Les Orientalistes. Ingres, Delacroix, Gérôme… qui prolonge le voyage dans cette région du monde, sous le prisme du fantasme des peintres du XIXe. Le rêve continue !