Critique

L’Art de James Cameron : que vaut l’exposition événement de la Cinémathèque française ?

04 avril 2024
Par Lisa Muratore
Esquisse du portrait de Neytiri dans “Avatar”.
Esquisse du portrait de Neytiri dans “Avatar”. ©James Cameron/Cinémathèque française

C’est l’une des expositions les plus attendues de 2024. Ce jeudi 4 avril, la Cinémathèque française propose, à travers un parcours original, de plonger dans L’Art de James Cameron et de découvrir comment sa passion pour le dessin a infusé son cinéma, son travail technique, ainsi que ses thématiques. Passionnant.

C’est James Cameron lui-même qui nous accueille à l’entrée de l’exposition L’Art de James Cameron, qui démarre ce 4 avril 2024 à la Cinémathèque française. Le réalisateur canadien nous invite dans l’exposition, depuis un petit écran, à découvrir l’immense rétrospective qui lui est consacrée jusqu’au 5 janvier 2025, à Paris.

Pourtant, c’est bien le grand écran que le cinéaste a marqué pendant six décennies. De Terminator 1 (1984) et 2 (1991) à la franchise Avatar (2009-2022) en passant par Titanic (1997) et Abyss (1989), le metteur en scène compte aujourd’hui parmi les plus grands artistes du 7e art. Il a réussi à la fois à conquérir le box-office et à développer des œuvres riches en termes de fiction et de références, symboles de ses obsessions adolescentes.

Dessin d’Arnold Schwarzenegger pour Terminator 1.©James Cameron/Cinémathèque Française

Car c’est là l’un des points forts, si ce n’est tout l’intérêt de l’exposition sur James Cameron : comprendre la psychologie d’un homme qui, très jeune, est passionné de dessin, de peinture, ainsi que de lectures en tout genre, et qui accorde une importance cruciale à ses rêves ; de véritables visions qui deviendront plus tard des images cultes du cinéma.

James Cameron en profondeur

L’exposition de la Cinémathèque revient ainsi sur l’intimité du réalisateur, un artiste souvent qualifié d’obsessionnel et d’intransigeant sur les plateaux. Cet événement artistique permet ainsi de gratter le vernis, et de découvrir l’enfant et l’adolescent qui ont permis de façonner l’homme de cinéma, le producteur et le scénariste.

Ainsi, celui qui a toujours eu pour habitude d’embarquer les spectateurs dans les profondeurs aquatiques les invite cette fois-ci dans les abysses de son imaginaire grâce à une panoplie de dessins, d’affiches et de livres provenant de l’immense collection privée du cinéaste.

Ruisseau de la bioluminescence, milieu des années 1970, 21,59 x 27,94 cm, pastel à l’huile sur papier noir.©Alliance Foundation/James Cameron/La Cinémathèque Française

On est ainsi ému par ses premiers dessins inspirés de la science-fiction, des comics et des livres de biologie. On est fasciné par cette rigueur et cette vigueur dévorantes qui l’animent, déjà tout petit. Mais on est aussi curieux de découvrir davantage son intimité grâce à des photos de tournage inédites. L’exposition prend par ailleurs le temps de revenir sur la première décennie de sa carrière, à ses débuts en tant que maquettiste et décorateur, faite de galères et de petits boulots ; une décennie durant laquelle « Jim » abandonne ses études pour se consacrer à l’écriture et au cinéma.

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Il travaille ainsi sur les plateaux de New York 1997 (1981) et les storyboards du film de John Carpenter, tout en peignant des affiches de films d’horreur de série B pour arrondir ses fins de mois. Cédées par le réalisateur pour l’exposition, toutes ces œuvres sont exposées à la Cinémathèque et permettent d’entrer davantage dans l’imaginaire de Cameron. On devine ainsi son obsession pour les grandes héroïnes de cinéma – de Sarah Connor à Ripley, en passant par Rose Dawson –, sa perception du rapport entre machines et intelligence artificielle, mais aussi sa rigueur technique, qui deviendra l’une de ses marques de fabrique.

James Cameron : hommes et machines

Cette rétrospective inédite en France revient, en effet, sur la technique en tant qu’outil ayant permis de repousser les limites du grand écran, mais aussi en tant qu’outil nécessaire au scénario. Deux principes qu’a vite inclus James Cameron dans son cinéma tant la technique – que ce soit un trait de crayon ou une technologie de pointe – est la pierre angulaire de son cinéma.

Croquis de Terminator.©Alliance Foundation/James Cameron/La Cinémathèque Française

L’exposition prouve ainsi que James Cameron n’est pas seulement un ancien technicien qui a réalisé son rêve, c’est aussi un inventeur, un explorateur et un visionnaire capable de raconter des histoires qui résonnent avec nos sociétés, tout en offrant une épaisseur à ses personnages.

Le making-of technique, les trucages et l’inventivité – tout ce qui fonde finalement le cinéma moderne – sont ainsi réunis dans une passionnante exposition. Débuts sur papier, interviews exclusives des experts en effets spéciaux, vidéos, décors et costumes sont autant d’éléments qui permettent de découvrir d’une autre façon l’œuvre de James Cameron. Cette exposition permet de comprendre, sous un angle original, à quel point le cinéma a évolué grâce à lui. Une perspective qui devrait autant plaire aux cinéphiles « cameronniens » qu’aux néophytes de son œuvre.

Croquis de Rose Dawson (Kate Winslet) dans Titanic. ©Avatar Alliance Fondation/James Cameron/La Cinémathèque Française

Ces derniers apprécieront d’ailleurs l’espace consacré à Titanic. Imaginé comme un aparté, l’ensemble qui entoure le film arrive comme une respiration dans le parcours de l’exposition avant tout centrée sur les travaux SF de Cameron. Si cette partie conserve évidemment le lien avec les qualités de dessinateur du réalisateur, les visiteurs pourront observer le script original du long-métrage, la réplique du Cœur de l’Océan, mais aussi les croquis tests d’une Rose Dawson nue. Autant d’éléments de pop culture qui côtoient l’exosquelette d’Alien : le retour (1986), les costumes du T-800 d’Arnold Schwarzenegger, les bustes des Na’vis d’Avatar, et même un croquis inédit d’un Spider-Man, un projet auquel a été attaché Cameron par le passé.

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Tout pour l’art et le cinéma

Aidée par des croquis originaux, des maquettes et des trompe-l’œil, mais aussi par une bande-son qui reprend les plus grandes musiques des films du cinéaste, l’exposition en devient ainsi immersive tant on a l’impression de plonger dans l’art de James Cameron. La Cinémathèque n’a clairement pas menti sur l’intitulé du projet et permet de découvrir sous un nouveau jour le roi du box-office.

C’est aussi le cas de la conférence de presse, à laquelle James Cameron himself a assisté. Devant un parterre de journalistes venus saluer l’artiste, le cinéaste s’est laissé aller à plusieurs confidences sur son parcours depuis le premier volet de Terminator. Il a également dévoilé une facette drôle de sa personnalité et une réflexion perspicace sur le cinéma contemporain à l’horizon de l’intelligence artificielle et des films grand spectacle.

Par ailleurs, il a conclu la rencontre avec son public en saluant le 7e art français « garant d’une véritable qualité artistique » selon lui. « Le cinéma est encore vivant, il est célèbre ici. C’est plus que du divertissement en France et c’est quelque chose qui compte pour moi. » Une très belle reconnaissance de la part de l’un des artisans du cinéma les plus légendaires. On comprend pourquoi la Cinémathèque française a voulu lui consacrer une rétrospective.

L’Art de James Cameron à la Cinémathèque française, du 4 avril 2024 au 5 janvier 2025, à Paris.

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Article rédigé par
Lisa Muratore
Lisa Muratore
Journaliste