Les NFT devaient faire partie du futur du Web, mais ils sont rapidement retombés dans l’oubli pour le grand public. Que deviennent-ils ?
L’étude a fait le tour des médias en France et à l’étranger au début du mois : 95 % des NFT ne vaudraient plus rien. Nouvelle réjouissante pour ses détracteurs, mais que le milieu crypto balaie d’un revers de la main : la mort, les NFT ne la connaissent pas. Certains disent qu’ils « reprennent leur souffle » (BSC) ou qu’ils « se reposent » (Coin Telegraph). Est-ce une simple mauvaise phase, une évolution, ou le début de la fin ?
Beaucoup quittent le navire…
Si l’on veut constater la perte d’intérêt du grand public pour les NFT, il suffit de jeter un œil à Google Trends : le terme apparaît réellement dans les recherches début 2021, puis connaît une ascension fulgurante jusqu’à atteindre son apogée en janvier 2022. Cela dégringole encore plus vite, le volume de recherches ayant déjà diminué de plus de moitié en mars de la même année. Depuis, leur engouement ne cesse de baisser, et ce pour plusieurs raisons.
Certains médias et marques ont tenté de surfer sur la vague, puis ont laissé tomber, causant de la colère et une perte de confiance chez les acheteurs, l’un des exemples les plus connus étant la plateforme de NFT de la chaîne CNN, fermée au bout d’un an. Des projets qui devaient également être financés par la vente de NFT n’ont rien donné, comme le film Plush, dont la promotion était assurée par plusieurs célébrités en France.
Les réseaux sociaux ont aussi voulu attirer le milieu crypto à eux, sans succès. Moins d’un an après avoir annoncé l’intégration des NFT sur Facebook et Instagram, Meta est revenu sur sa décision. Le métavers, qui était censé remplacer les réseaux sociaux (voire Internet) et permettre d’utiliser ses NFT, n’a jamais décollé. L’effondrement de la cryptomonnaie Terra puis de la plateforme FTX coup sur coup ont non seulement conforté les anti-crypto, mais refroidi les curieux et les personnes qui y ont perdu beaucoup d’argent.
Pour ne rien arranger, depuis 2022, c’est l’intelligence artificielle, en particulier ChatGPT, qui monopolise les conversations sur la tech et le futur de l’humanité, jusqu’à complètement éclipser le web3, qui n’a jamais réussi à être plus qu’un concept nébuleux auprès du grand public.
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… mais certains tiennent bon
Quand l’étude de DappGambl a été publiée, le milieu crypto a tenu à nuancer ce résultat alarmiste, comme la chercheuse Molly White dans un article intitulé : « Alerte info : 95 % des NFT n’ont JAMAIS eu de valeur ». Si elle veut bien admettre que beaucoup de NFT ont perdu de la valeur et que le marché des NFT est une « ville fantôme » comparé à la période 2020-2021, elle rappelle que beaucoup de NFT sont réalisés par des amateurs qui n’ont pas beaucoup de talent, mais qui espèrent se faire de l’argent facilement, donc ils ne se vendent pas.
En réalité, les grosses stars des NFT comme les CryptoPunks et le Bored Apes Yacht Club vivent relativement bien le creux de la vague. Quelques artistes arrivent encore à de belles sommes pour leurs œuvres, mais on est bien loin des montants de 2021 et il est maintenant rare de voir un NFT dépasser le million d’euros.
Des expos et événements autour des NFT continuent tout de même d’avoir lieu, à l’instar de NFT Paris, la Non Fongible Conference et le NFT Show Europe. N’attirant que quelques milliers de personnes, loin des chiffres des foires d’art contemporain et des événements tech, ils concentrent surtout les aficionados. Et cet aspect contre-soirée n’est pas pour leur déplaire, les NFT qui se vendent le mieux étant ceux qui donnent accès à des clubs privés et des événements.
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L’IA générative, nouvel eldorado des cryptoartistes ?
Les collections de NFT les plus populaires étant un modèle de base généré à plusieurs centaines d’exemplaires avec de légères variantes, à l’instar de BAYC et des CryptoPunks, il était évident que l’IA générative allait trouver sa place sur le marché. De plus, les deux univers partagent plusieurs problèmes de crédibilité auprès du milieu artistique et du grand public : accusations de plagiat, de manque de créativité, de création par pure cupidité, voire que ce n’est pas de l’art du tout.
Qu’à cela ne tienne, il est très facile de trouver des collections générées par IA — constituées parfois de plusieurs milliers de NFT – sur des places de marché comme OpenSea. Ce n’est pas pour autant qu’elles se vendent. Rare exception : botto, « artiste autonome et décentralisé gouverné par le peuple », dont certains NFT ont été vendus à plusieurs centaines de milliers d’euros.
Face à une énième annonce de la « mort » des NFT, l’univers crypto préfère répondre par le sarcasme, multipliant les NFT nommés « Worthless JPEGs » (JPEG sans valeur) ou encore « Mostly Worthless » (majoritairement sans valeur). Pas sûr que cela les aide à remonter la pente.