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Le Marvel Cinematic Universe fête ses 15 ans : 5 points clés à retenir

05 mai 2023
Par Vincent Oms
Les anciens héros Marvel pourraient-ils sortir le géant du cinéma de la spirale de l'échec ?
Les anciens héros Marvel pourraient-ils sortir le géant du cinéma de la spirale de l'échec ? ©Marvel

En 2008, Marvel entamait sans le savoir un fabuleux voyage, posant la première pierre du MCU. Quel bilan en tirer après 15 ans ?

Le temps passe vite quand on s’amuse. Il faut bien l’avouer, les années fastes du Marvel Cinematic Universe ont plus que rempli leur mission de divertissement. Mais cet anniversaire, presque célébré en catimini, dit beaucoup du contraste entre un lancement inespéré, un véritable âge d’or, puis les difficultés rencontrées à l’heure actuelle. Rappelons à travers cinq points les éléments essentiels de l’univers développé, entre autres, par Kevin Feige, président des puissants studios.

1 Des débuts timides, mais réussis

Avec la sortie d’Iron-Man en 2008, sorte de pierre angulaire de l’univers foisonnant à venir, Marvel ne pensait sans doute pas rencontrer pareil succès. La star Robert Downey Jr, jusqu’alors cantonnée à de simples seconds rôles, allait crever l’écran et voir sa carrière prendre un sacré coup de réacteur. En endossant l’armure d’Iron-Man/Tony Stark, la porte des blockbusters s’ouvrait enfin à lui (comme en attestent les deux Sherlock Holmes). Le film matérialise toutes les premières : première phase, première scène post-générique… mais aussi des débuts pleins d’amateurisme.

Comme l’avait rappelé Jeff Bridges auprès de Variety à propos du tournage, il avait parfois eu l’impression de participer à « un film indépendant avec 200 millions de dollars de budget » (140 millions, en fait). Le long métrage a cependant rapporté 585 millions au box-office, aiguisant bien des appétits. Pour l’anecdote, Tom Cruise, star des studios Paramount, avait été contacté alors que le film n’en était qu’à ses balbutiements. L’acteur avait alors refusé le rôle de Tony Stark, jugeant le projet peu convaincant, preuve du manque de cohérence alors déployé.

2 Un rachat providentiel

Fort du succès de ce premier pas franchi par Paramount, non sans que les studios aient été convaincus par les réussites du Spider-Man de Sam Raimi chez Sony ou 20th Century Fox avec X-Men, Marvel gagne considérablement en crédit. À tel point que le géant des comics arrive dans le viseur d’un autre géant, d’une dimension encore plus folle : Disney. En 2009, la firme aux grandes oreilles acte le rachat de Marvel pour la coquette somme de 4 milliards de dollars. Une stratégie alors jugée hasardeuse par nombre d’observateurs.

Pourtant, Disney sait exactement quoi faire de sa future poule aux œufs d’or. D’abord en lui donnant les moyens d’ambitions que la Paramount ne semblait ni vouloir, ni être capable de satisfaire. Comme le confiera des années plus tard Kevin Feige à The Hollywood Reporter, ce rachat fut une aubaine pour ses projets.

Selon lui, nombre de films n’auraient jamais vu le jour sans la puissance financière, mais aussi la confiance de son nouvel employeur. Par ailleurs, le rachat par le même Disney de la licence Star Wars en 2012, et pour la même somme (comme un signe du destin), démontre une politique qui ne laisse aucune place au hasard.

3 Des chiffres vertigineux

Depuis ses débuts et avant la sortie récente des Gardiens de la galaxie 3, la trentaine de films du MCU a réussi l’exploit de générer quelque 28,7 milliards de dollars de recettes. Cela représente une moyenne folle de 925 millions de dollars par long métrage, un véritable record. Pourtant, on discerne de grosses différences entre les divers films et leurs résultats, le plus souvent liées à leur qualité intrinsèque.

Les meilleurs élèves

Avengers Endgame sort premier de sa classe, sans grande surprise, avec 2,8 milliards de dollars pour la conclusion événement de l’arc de Thanos, devenant le second film le plus performant de tous les temps juste derrière Avatar. Un autre Avengers, Infinity War, le talonne avec 2 milliards. Du côté de Sony, c’est le récent Spider-Man No Way Home qui s’appuie sur un confortable 1,9 milliard. Pionnier des films « réunion », Avengers en récolte les fruits avec 1,5 milliard. Enfin, moins bon Avengers à ce jour, Age Of Ultron clôt la marche avec « seulement » 1,4 milliard.

Les cancres de la classe

L’Incroyable Hulk n’a quant à lui engrangé que 264 millions de dollars, rien d’incroyable en somme. Captain America First Avenger, pourtant aujourd’hui devenu mythique pour les fans du MCU, n’avait rapporté que 370 millions à sa sortie. C’est moins qu’un des plus gros bides auprès du public, Black Widow, et ses 379 millions. Enfin, avec des héros bien moins populaires, Eternals avec ses 402 millions et Shang Shi avec 432 millions ont peiné à se hisser à la hauteur de leurs prestigieux aînés, sans doute boudés par un grand public moins connaisseur.

4 Une quasi-unanimité critique

Si l’on fait abstraction de la célébrissime sortie du réalisateur Martin Scorsese (qui a comparé les adaptations de comics à de vulgaires parcs d’attractions), la presse et les spectateurs se sont vite attachés aux héros et à leur destin à l’écran. Fans de comics de la première heure comme grand public se retrouvent autour des meilleurs crûs de Marvel, comme ils s’accordent à rejeter les piquettes les plus indigestes.

Mention très bien

La couronne revient au souverain du Wakanda, avec le premier Black Panther et ses 96% d’avis positifs sur le site référence, Rotten Tomatoes. Forcément, le sommet de la phase 3 du MCU que représente Avengers Endgame a, lui aussi, été bercé de louanges, avec un score moyen de 94%, tout comme le premier Iron-Man, meilleur crû de la trilogie. Enfin, le détonnant Thor Ragnarök et le spectaculaire et multidimensionnel Spider-Man No Way Home ferment ce prestigieux podium, avec une note commune remarquable de 93%.

Mention passable

Pire début d’une nouvelle phase du MCU, Ant-Man & The Wasp: Quantumania et ses tristes 47% paie probablement plus cet échec et le poids de ses responsabilités que sa valeur intrinsèque. De leur côté, les Eternals et leurs 47% n’ont pas su convaincre, après une pléthore de héros ultracélèbres. À l’opposé du film de Taika Waititi, Thor, Love and Thunder et The Dark World récoltent respectivement 63 et 66% d’opinions positives, de quoi mettre en colère le dieu du tonnerre. Enfin, L’Incroyable Hulk se montre une fois encore tout sauf incroyable, avec 67% seulement, score faiblard pour un titan exposé aux rayons gamma.

5 Un univers déphasé ?

Si les festivités ne semblent pas être de mise à l’occasion de ce quinzième anniversaire, la raison tient probablement à la douleur relative que les studios Marvel pourraient y trouver. Se retourner sur l’âge d’or de leurs productions, où chaque nouveauté paraissait vouée à un nouveau succès insolent, paraît bien loin.

Le lancement raté de la dernière phase du MCU et l’affaire de violences entourant l’un de ses acteurs majeurs ne sont que quelques-uns des nombreux problèmes que le géant doit affronter. Ironie du sort : le meilleur film sorti depuis longtemps des studios, Les Gardiens de la galaxie vol.3, est l’œuvre de James Gunn, parti rejoindre le rival DC Comics chez Warner.

Avec la mort de nombreux personnages essentiels comme moteur émotionnel de ses phases précédentes, Marvel cherchait sans doute à éviter la lassitude, tant de ses comédiens (comme en a fait part Scarlett Johansson) que de ses spectateurs. Après tout, l’univers des comics ne fait que se réinventer en permanence, changeant notamment d’auteurs. De ce point de vue, les pertes sont immenses pour Marvel.

Les frères Russo, responsables des films Avengers, sont désormais rivés sur leur série événement Citadel pour Prime Video. Jon Favreau (Iron-Man) lui, n’a plus d’yeux que pour Star Wars, vivant sa meilleure vie autour de The Mandalorian. Et l’expérience de nouveaux venus tels que Julius Onah (The Cloverfield Paradox), futur réalisateur de Captain America New World Order, semble un soupçon trop légère.

Rendez-vous est donc pris dans cinq ans, pour un nouveau bilan du MCU qui aura cette fois, on l’espère, trouvé de bonnes raisons de célébrer cet anniversaire attendu.

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Vincent Oms
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