Décryptage

Comment Apple veut révolutionner l’informatique avec son processeur M2

20 février 2023
Par Nicolas Aguila
Dévoilée l'été dernier, la puce M2 se décline désormais dans des versions Pro et Max encore plus puissantes.
Dévoilée l'été dernier, la puce M2 se décline désormais dans des versions Pro et Max encore plus puissantes. ©Apple

En ce début d’année, Apple a présenté de nouveaux MacBook Pro et Mac mini équipés de sa dernière génération de processeur, le M2. L’occasion de découvrir cette nouvelle puce et ses particularités.

Si Apple a toujours mis un point d’honneur à être à l’origine du design de ses processeurs mobiles, pour les iPod, iPhone ou encore iPad, sa gamme d’ordinateurs portables et de bureaux utilise en revanche un matériel beaucoup plus commun. Fin 2020, pourtant, Apple abandonne Intel, son partenaire de près de 15 ans, pour équiper ses ordinateurs de ses propres puces, la série M.

Il s’agit d’une décision d’ampleur de la part d’Apple, puisqu’outre le fait de quitter un partenaire historique pour tout créer en interne, le constructeur abandonne également l’architecture reine dans le monde du PC, le x86 d’Intel, pour passer sur passer sur de l’ARM.

Cette architecture est très commune dans le domaine des smartphones, où elle est appréciée pour son efficacité et sa faible consommation électrique, mais n’est encore que rarement utilisée pour les ordinateurs. Pourtant, avec sa puce M1, et depuis fin 2022 avec la nouvelle version M2, Apple a prouvé qu’elle était parfaitement capable de concurrencer Intel dans un ordinateur moderne.

Trois processeurs pour tous les usages

Comme pour la première génération, les processeurs M2 d’Apple se déclinent en trois gammes, proposant chacun une conception hybride combinant des cœurs rapides et d’autres à économie d’énergie. Il s’agit à chaque fois de SoC (System on a Chip), c’est-à-dire que le processeur complet embarque les principaux composants d’un ordinateur, en l’occurrence un CPU, un GPU et la mémoire vive (RAM).

  • M2 : 8 cœurs (quatre à hautes performances + quatre à économie d’énergie), GPU jusqu’à 10 cœurs, jusqu’à 24 Go de RAM
  • M2 Pro : jusqu’à 12 cœurs (huit cœurs hautes performances + quatre à économie d’énergie), GPU jusqu’à 19 cœurs, jusqu’à 32 Go de RAM
  • M2 Max : 12 cœurs (huit à hautes performances + quatre à économie d’énergie), GPU jusqu’à 38 cœurs, jusqu’à 96 Go de RAM

Chacune de ces puces se destine donc à un usage particulier. Les utilisations quotidiennes pourront sans problème être gérées par le M2, qu’on retrouve sur le MacBook Air et le Mac mini. Vous le trouverez par défaut configuré avec 8 Go de mémoire unifiée, ce qui signifie qu’elle est utilisée en même temps par le CPU et le GPU. C’est assez pour la plupart des usages, mais notez que si vous comptez brancher plusieurs écrans haute définition (par exemple deux moniteurs 4K), il est recommandé d’augmenter celle-ci à 16 Go.

La puce M2 Pro, comme son nom l’indique, se destine à des usages plus professionnels, comme le travail sur la vidéo ou la photo haute définition, et est inclus dans le MacBook Pro et la version améliorée du Mac mini. Au moment d’écrire ces lignes, le M2 Max est pour l’instant exclusif au MacBook Pro, Apple n’ayant pas encore mis à jour le Mac Studio et le Mac Pro, qui se destinent à des usages beaucoup plus intensifs. Début 2023, Apple n’a pas encore annoncé de processeur M2 Ultra.

Mac mini M2 Pro test
Le Mac mini peut désormais être configuré avec une puce M2 Pro.©Pierre Crochart/L'Éclaireur

Enfin, une précision s’impose concernant le SSD de la configuration que vous choisirez. Souvent, les ordinateurs équipés du M2 seront proposés avec un SSD de 256 Go en entrée de gamme. Si cette capacité peut convenir à certains usages, les différents tests menés sur ces modèles ont montré que sa vitesse est sensiblement inférieure aux autres options (1,4 Go/s pour le 256 Go, 2,9 Go/s pour le 512 et plus).

Le Neural Engine fait la différence

Outre ces caractéristiques, Apple a inclus dans son M2 ce que la marque appelle le Neural Engine. Utilisé depuis 2017 sur iPhone et iPad, il s’agit d’une partie spécifique du processeur destinée à des calculs liés au machine learning et à l’intelligence artificielle. Cela permet au CPU de décharger vers le Neural Engine certaines tâches dans lesquelles il sera plus performant, comme le traitement des photos ou de la vidéo. Concrètement, cela permet donc d’améliorer la performance du M2 dans des tâches spécifiques tout en réduisant sa consommation électrique.

Apple M2 Performances
Apple promet jusqu’à 18 % d’amélioration des performances par rapport au M1, à puissance égale.© Apple

Nous l’avons vu, le M2 est segmenté en trois gammes destinées à des usages plus ou moins complexes : le M2 conviendra à toutes les tâches courantes, le M2 Pro sera plus adapté à un plus grand nombre de travaux simultanés, et le M2 Max tourné vers le traitement de la photo et de la vidéo. Globalement, le M2 est donc plus rapide que le M1 de 2020 (près de 20 % d’amélioration selon Apple), mais attention toutefois à ne pas vous tromper de gamme ! Un M1 Pro, par exemple, reste plus puissant qu’un M2, mais logiquement moins que son remplaçant le M2 Pro.

Les concurrents de l’Apple M2

Si l’architecture ARM est depuis longtemps populaire dans nos smartphones, elle fait donc son entrée depuis peu dans nos ordinateurs. Les M1 et M2 d’Apple sont des exemples particulièrement réussis de son intégration dans nos machines, mais la marque à la Pomme n’est pas la seule à s’y intéresser. Qualcomm, par exemple, a annoncé en 2022 son processeur Hamoa, un SoC présenté comme un concurrent direct du M1, lui aussi sur l’architecture ARM, et destiné aux PC. Ce n’est pas un coup d’essai pour le constructeur californien, puisque son processeur Snapdragon 8cx équipe déjà des ordinateurs portables tournant sous Windows 11 ARM.

Qualcomm puce ARM
Qualcomm prépare déjà sa contre-attaque et a annoncé un « M1-killer » à venir.© Qualcomm

Du côté d’Intel, à qui nous devons l’architecture x86 utilisée dans la plupart des PC depuis les années 1980, pas question de rester les bras croisés malgré le départ d’Apple. Depuis 2021, la marque propose des architectures reprenant le principe de l’ARM, mais avec un jeu d’instruction x86.

Ainsi, les processeurs de la génération Alder Lake (2021) et plus récemment Raptor Lake (2023) proposent un mélange de cœurs performants et de cœurs à basse consommation. Sur le papier, ces nouveaux modèles allient performance et économie d’énergie, mais, dans les faits, les meilleurs résultats seront généralement obtenus au prix d’une consommation élevée.

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