Décryptage

Nvidia DLSS, AMD FSR, Intel XeSS : déchiffrez le jargon de votre carte graphique

20 novembre 2022
Par Nicolas Aguila
Tout comprendre sur les nombreux acronymes qui sont désormais associés aux cartes graphiques récentes.
Tout comprendre sur les nombreux acronymes qui sont désormais associés aux cartes graphiques récentes. ©RSPlaneta/Shutterstock

Voilà quelques années que Nvidia et AMD, rejoints depuis peu par Intel, proposent au monde du jeu vidéo des algorithmes d’amélioration de l’image et des performances en jeu, avec systématiquement des noms incompréhensibles. Entre DLSS, FSR et XeSS, il est temps de faire le point sur les solutions disponibles pour tirer le meilleur parti de votre PC de jeu.

En 2018, pour accompagner la sortie de sa première série de cartes graphiques RTX, Nvidia a présenté la première version de DLSS, dont le but est de proposer une fonction améliorant à la fois les performances en jeu et la qualité de l’image grâce à différents algorithmes.

Depuis, plusieurs nouvelles versions sont sorties (DLSS 3.0 vient d’être annoncé par Nvidia) et la concurrence propose désormais ses propres solutions : FSR chez AMD et XeSS pour Intel. Le principe et les promesses sont à chaque fois plus ou moins les mêmes, avec toutefois quelques particularités qui méritent d’être passées en revue, surtout en pleine période de sortie de nouveaux produits sur le marché.

DLSS, la solution exclusive de Nvidia

Le DLSS (Deep Learning Super Sampling) est la première de ces solutions à avoir été présentée par Nvidia en 2018, peu de temps après la sortie des GeForce RTX 2080 et 2080 Ti.

Dans sa première version, son principe est assez simple : lorsque vous l’activez, votre carte graphique dessine les images du jeu dans une définition inférieure à celle qui sera ensuite affichée sur l’écran. Par exemple, pour du jeu en 4K, votre PC pourrait baisser la définition de calcul en 1080p, plus facile à gérer, pour ensuite agrandir l’image afin que celle-ci corresponde à l’écran.

Cette technique, nommée upscaling, est pratique pour obtenir des gains de performances de manière très simple, mais a l’inconvénient de provoquer des artefacts visibles et de créer une image globalement moins « belle », moins « nette ».

dlss 3.0
DLSS est particulièrement performant, mais ne fonctionne qu’avec les cartes graphiques de Nvidia.©Nvidia

Pour corriger cela, Nvidia a entraîné des intelligences artificielles sur ses propres machines afin de créer des algorithmes d’amélioration de l’image. Concrètement, Nvidia fournit à ses IA des images en très haute définition, afin que ces dernières les utilisent pour recréer les détails perdus. Le résultat de cet entraînement est inclus dans des modèles qui sont ensuite fournis aux cartes graphiques (via les pilotes de celles-ci) et appliqués par des unités spéciales (nommées Tensor Cores). C’est pour cette raison que DLSS est uniquement disponible sur les cartes graphiques de Nvidia, et plus spécifiquement sur celles de la gamme RTX (séries 2000, 3000 et 4000).

Enfin, la troisième version de DLSS, récemment annoncée, est plus aboutie : là où les précédentes versions reconstruisaient uniquement des parties de l’image de manière séquentielle, celle-ci est capable de reconstituer une image complète à chaque traitement, ce qui permet selon Nvidia de profiter d’un gain de performances supplémentaire sans perte de qualité. DLSS 3.0 est uniquement compatible avec les RTX de la série 4000 et au-delà. De plus, seul un nombre très restreint de jeux est pour l’instant compatible.

FSR, la réponse libre d’AMD

Face à la solution propriétaire de Nvidia, AMD a présenté en 2021 son propre système, nommé FSR (FidelityFX Super Resolution). Le principe de base est le même qu’avec DLSS : il s’agit une nouvelle fois de calculer l’image du jeu dans une définition inférieure pour ensuite l’agrandir à la taille de l’écran, puis d’améliorer la qualité l’image grâce à différents algorithmes à cet effet.

Puisque les cartes graphiques d’AMD ne disposent pas d’unités de calcul dédiées aux modèles issus des IA, FSR utilise des technologies plus classiques pour son traitement. Cela lui donne l’avantage de fonctionner sur un plus grand nombre de modèles de cartes, y compris chez la concurrence (les cartes de Nvidia et Intel en profitent également), mais aussi sur des références plus anciennes (certaines cartes sorties en 2016 sont supportées).

AMD FSR
Les différentes technologies proposeront souvent des niveaux de réglages différents pour un résultat plus ou moins marqué.©AMD

Récemment, AMD a également annoncé une nouvelle version de FSR, qui passe en 3.0, et va donc concurrencer directement DLSS 3.0 pour un usage similaire, puisque cette nouvelle génération utilisera elle aussi des modèles basés sur des intelligences artificielles pour le traitement de l’image. FSR 3.0 ne sera disponible qu’en 2023, tous les détails ne sont donc pas encore connus à l’heure où nous écrivons ces lignes. Toutefois, AMD a déjà laissé entendre que si ce nouveau système sera plus performant sur sa dernière génération de cartes graphiques (les Radeon RX 7000, qui intégreront des unités dédiées à l’IA), FSR 3.0 devrait malgré tout fonctionner sur les GPU des marques concurrentes.

XeSS, Intel entre dans la danse

Tout récemment, Intel a également présenté XeSS (Xe Super Sampling), sa propre solution de traitement de l’image en jeu, similaire à celles proposées par Nvidia et AMD. Elle accompagne l’arrivée timide de ses premiers modèles commerciaux de cartes graphiques (nommées Arc Alchemist, mais encore difficilement trouvables sur le marché).

Comme pour ses concurrentes, il s’agit ici aussi de calculer le jeu dans une définition inférieure afin d’augmenter les performances, tout en compensant la perte de qualité grâce à des algorithmes d’amélioration de l’image. Cette fois encore, les algorithmes utilisés par Intel se basent sur des modèles issus de calculs par IA, mais qui s’appliquent ici en utilisant les unités de calcul classique des GPU, ce qui signifie que la compatibilité de XeSS va bien au-delà des processeurs d’Intel et fonctionne aussi sur les modèles d’AMD et de Nvidia.

Encore toute nouvelle, cette technologie s’annonce toutefois prometteuse, avec des gains en performances comparables à ceux permis par FSR ou DLSS.

Intel XeSS
Intel propose depuis peu son propre concurrent à DLSS et FSR, avec des premiers résultats prometteurs.©Intel

Choisir la solution la plus adaptée

Après ce passage en revue des solutions proposées, comment choisir celle qui vous correspondra le mieux ? Cela va tout d’abord dépendre de deux facteurs dont vous devrez tenir compte.

Votre matériel, pour commencer, va conditionner les technologies auxquelles vous aurez accès. DLSS, par exemple, ne fonctionnera que sur les GeForce RTX de Nvidia, tandis que les solutions concurrentes prennent en charge toutes les marques de GPU, mais pas sans restrictions pour autant.

Typiquement, FSR et XeSS sont généralement compatibles avec les GeForce sorties à partir de 2016 (GeForce GTX 1000 et au-delà), les Radeon de 2019 et après (FSR pourra sous certaines conditions fonctionner sur des Radeon plus anciennes), et les tous les GPU Arc d’Intel. Le jeu auquel vous jouez va aussi compter, car il faut que les développeurs intègrent spécifiquement ces solutions à leurs titres pour que vous puissiez en profiter. Certains n’en proposeront aucune, d’autres mettront les trois à disposition et vous laisseront choisir. Chaque constructeur tient à jour une liste des jeux compatibles sur son site.

Shadow of the tomb raider
Shadow of the Tomb Raider est l’un des rares jeux à être compatible avec DLSS, FSR et XeSS.©Square Enix

Notez qu’il est inutile (et généralement impossible) d’activer plusieurs de ces solutions à la fois. Elles auront toutes pour effet d’améliorer les performances, mais le résultat ne sera pas doublé si FSR et XeSS devaient être activés en même temps, par exemple.

La différence entre ces trois méthodes va donc principalement se situer au niveau de la qualité de l’image que vous obtiendrez en jeu. Ainsi, si vous disposez d’une carte graphique Nvidia compatible, le DLSS sera presque toujours la meilleure solution si elle est proposée, celle-ci étant spécialement optimisée pour les GPU de la marque. Les deux autres technologies ont en commun d’être assez similaires et d’être disponibles sur toutes les cartes graphiques actuellement sur le marché, et permettent du reste d’atteindre des gains de performances assez proches.

Enfin, si votre équipement est à jour et que vos jeux sont compatibles, la meilleure solution reste encore de tester afin de déterminer les options qui vous conviendront le mieux. L’objectif principal de ces technologies est d’améliorer les performances de votre machine en jeu (pour profiter au mieux d’avancées très lourdes comme le ray tracing). Mais tout cela reste finalement une question de confort et de préférences personnelles. N’hésitez donc pas à jouer avec les réglages pour trouver ceux que vous appréciez le plus, ces quelques minutes de perdues se rattraperont largement pendant vos heures de jeu.

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