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L’autrice Annie Ernaux a reçu le Prix Nobel de Littérature à Stockholm

12 décembre 2022
Par Lisa Muratore
L'écrivaine Annie Ernaux à l'Académie suédoise de Stockholm, en Suède. © FREDRIK PERSSON / TT NEWS AGENCY
L'écrivaine Annie Ernaux à l'Académie suédoise de Stockholm, en Suède. © FREDRIK PERSSON / TT NEWS AGENCY

Annie Ernaux a reçu ce samedi 10 décembre, le Prix Nobel de Littérature en Suède. L’occasion pour l’autrice féministe de rendre hommage à Albert Camus et à ses lecteurs dans un discours puissant et émouvant.

Il y a quelques mois, Annie Ernaux a remporté le Prix Nobel de Littérature 2022. Ce samedi 10 décembre, l’autrice française a reçu la fameuse récompense au cœur de l’hôtel de ville de Stockholm, durant une cérémonie officielle. L’occasion pour celle à qui l’on doit Jeune Homme de prononcer un discours de remerciements fort et émouvant devant plus de 2000 invités, dont le Roi de Suède, au cours du grand banquet célébrant les lauréats 2022 dans la capitale suédoise.

Un discours hommage

Annie Ernaux a notamment souhaité rendre hommage à Albert Camus, lauréat du Prix Nobel de Littérature 65 ans auparavant. L’autrice de 82 ans a exprimé sa « gratitude » d’être inscrite au palmarès à ses côtés. « Me trouver ici, soixante-cinq ans plus tard, me laisse dans un profond sentiment d’étonnement et de gratitude » a-t-elle déclaré avant d’ajouter : « Étonnement devant le mystère que représentent un chemin de vie et une poursuite hasardeuse, solitaire, de l’écriture. Gratitude de m’avoir permis de rejoindre Camus, et ces écrivains disparus ou contemporains que j’admire. »

Annie Ernaux lors de la cérémonie officielle à Stockholm, ce samedi 10 décembre. © JONATHAN NACKSTRAND / AFP

Durant son discours, Annie Ernaux a également tenu à remercier ses lecteurs : « Ceux qui ne sont pas ici, ces hommes et ces femmes qui ont parfois trouvé dans mes livres des raisons de vivre et de lutter, de se sentir plus fiers. En récompensant mon travail, vous m’obligez à encore plus d’exigence dans la recherche d’une réalité et d’une vérité partageables » a-t-elle déclaré avec beaucoup d’émotion.

Première femme française à décrocher la récompense suprême après quinze Français, Annie Ernaux s’était déjà exprimée la semaine dernière, le mercredi 7 décembre, à l’occasion d’un discours de réception dans la capitale suédoise. Récompensée pour l’ensemble de son œuvre féministe, l’autrice avait confié avec force « Écrire pour venger ma race » avant d’ajouter : « Ainsi, dans ce premier livre, publié en 1974 (Les Armoires Vides), sans que j’en sois alors consciente, se trouvait définie l’aire dans laquelle je placerais mon travail d’écriture, une aire à la fois sociale et féministe. Venger ma race et venger mon sexe ne feraient qu’un désormais. »

Elle avait par la suite conclu son discours sur une mise en garde pointant la place des femmes dans l’univers littéraire, encore trop peu représentées ou prises en compte par leurs homologues masculins, malgré le symbole d’espérance et de justice que représente son Prix Nobel de Littérature. Elle s’était aussi réjoui d’avoir remporté cette fameuse récompense face à Michel Houellebecq, grand favori en octobre dernier, dont Annie Ernaux a critiqué « les idées délétères, réactionnaires et anti-féministes » dans un entretien avec Le Parisien, le vendredi 9 décembre dernier.

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Article rédigé par
Lisa Muratore
Lisa Muratore
Journaliste