Le métavers est présenté par les entreprises tech comme le futur d’Internet. Mais ne va-t-il pas à l’encontre des préoccupations écologiques ?
Les usages potentiels du métavers ne manquent pas et sont sans cesse mis en avant : collaborer sur un projet professionnel, faire des achats, assister à un concert, jouer ou encore faire toutes sortes de rencontres. L’impact environnemental de ces mondes virtuels, lui, est très peu abordé. Et pour cause, le bilan est plus que mitigé.
Beaucoup de ressources à mobiliser
Pour afficher de manière fluide des univers 3D en temps réel et en très haute qualité, il sera nécessaire d’avoir beaucoup de centres de données et des ordinateurs surpuissants qui feront les calculs 24 heures sur 24 et sept jours sur sept. De plus, l’objectif étant généralement de les faire fonctionner en réalité virtuelle, cela veut dire que tous les utilisateurs – des centaines de milliers de personnes – devront acheter un casque. La fabrication de ces casques demande, comme pour nos ordinateurs et smartphones, des métaux rares, ce qui participe en grande partie à la pollution par les appareils numériques.
Le métavers étant maintenant associé au web3, il faut en plus compter l’impact environnemental des cryptomonnaies et des NFT qui crée la controverse depuis plusieurs années. Bien que le métavers soit présenté comme le futur d’Internet, il est peu probable qu’il le remplace complètement. De même, la majorité des personnes préfèreront aller à un concert en personne et partir réellement en vacances. Cela ne prendra pas la place d’usages existants, mais se contentera d’en rajouter, donc d’augmenter la pollution liée au numérique.
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Est-il possible de compenser ?
Il serait illusoire pour les entreprises du métavers de nier l’impact environnemental des matériaux utilisés et des serveurs nécessaires à son fonctionnement. L’essentiel du discours s’articule donc autour des manières de compenser cette pollution. Par exemple, les métavers professionnels pourraient remplacer certains déplacements et limiter l’impact des transports, notamment l’utilisation de l’avion pour les déplacements à l’étranger. Cependant, il est possible de tomber dans les mêmes travers que ceux du télétravail, c’est-à-dire qu’il y a certes des économies sur les transports, mais, les personnes étant toutes à des endroits différents, il faut plus d’électricité pour l’éclairage et le chauffage ou la climatisation.
Avoir un métavers rempli de publicités pourrait plutôt inciter à la surconsommation à la fois dans le virtuel et dans la réalité.
Du côté des cryptomonnaies, la question environnementale a été une telle polémique – une véritable épine dans le pied des NFT – qu’elles ont été obligées de se remettre en question et de trouver des solutions. Ethereum a fait de réels progrès récemment avec The Merge. Reste à savoir ce que cela donnera si le métavers se généralise et si les cryptomonnaies ont à gérer des dizaines de millions de transactions supplémentaires.
Un autre impact positif possible, selon les défenseurs du métavers, est de remplacer certains articles réels par des articles virtuels. Par exemple, satisfaire son envie de fast fashion en virtuel, tout en consommant de manière plus sobre et vertueuse dans la réalité. En théorie, cela pourrait en effet diminuer la pollution liée à l’industrie textile (production, transport…), mais il n’y a aucune certitude, encore une fois, que cela serve de remplacement. Avoir un métavers rempli de publicités pourrait plutôt inciter à la surconsommation à la fois dans le virtuel et dans la réalité.
Pour respecter les Accords de Paris, il faudrait aller vers des équipements informatiques plus durables, plus low-tech, et des réseaux sociaux qui consomment moins de ressources en affichant moins d’images, de vidéos et de publicités. Tout l’inverse du métavers. Alors que ces mondes virtuels peinent à convaincre les utilisateurs, n’est-il pas temps d’envisager le futur d’Internet sous l’angle de l’innovation et de la sobriété ?