Non, Halloween n’est pas une fête d’origine américaine, loin de là : elle trouve ses racines du côté du Vieux Continent. Pourtant, elle est aujourd’hui bien plus populaire outre-Atlantique que chez nous. Voici l’histoire d’une célébration pas comme les autres. Premier épisode de cette saga, qui en comptera trois.
Des déguisements effrayants, des bonbons, des citrouilles et quelques frissons : si ces quatre éléments résument la fête d’Halloween telle qu’on la connaît aujourd’hui, cela n’a pas toujours été comme cela. Remontons le temps sur plus de 2 500 ans : les racines de cette tradition viennent d’une fête païenne d’origine celte, connue sous le nom de Samain. Elle marquait à l’époque le passage à la nouvelle année, celle-ci se terminant pour les Celtes à la fin du mois d’octobre, une nuit de pleine lune. La fête destinée à créer une passerelle entre le monde des vivants et celui des morts durait sept jours, durant lesquels du porc – l’animal était considéré comme une divinité destructrice et sa viande était censée procurer l’immortalité –, de la bière, de l’hydromel et du vin étaient consommés en grandes quantités.
All hallows eve
La diffusion du christianisme a peu à peu mis à mal les fêtes païennes celtiques. En 837, la fête de la Toussaint est alors fixée au 1er novembre selon le calendrier chrétien liturgique, Halloween étant célébré la veille, soit le 31 octobre. Si l’on s’intéresse à l’étymologie, le mot Halloween est la contraction de l’expression anglaise all hallows eve que l’on peut traduire par « la veille de tous les saints », c’est-à-dire le soir avant la Toussaint.
L’évolution américaine
S’il y a bien un endroit où Halloween est une fête très populaire, c’est aux États-Unis. La tradition a été importée par les Irlandais lors de leur migration au milieu du XIXe siècle, pour échapper à la grande famine dans le pays. Passée de l’autre côté de l’Atlantique, la fête évolue peu à peu. Les Américains se l’approprient en y ajoutant quelques éléments désormais bien ancrés. C’est le cas de la célèbre formule « Trick or treat » (« Des bonbons ou un sort »), popularisée au cours de la première moitié du XXe siècle et clamée par les enfants lors de leur porte-à-porte pour récolter le plus de friandises possible.
Une autre évolution majeure concerne le symbole d’Halloween : la citrouille creusée, sculptée puis illuminée d’une bougie, baptisée Jack O’Lantern. Selon la légende irlandaise, Jack O’Lantern était le surnom donné à un ivrogne ayant osé défier le diable à plusieurs reprises. Privé de Paradis et d’Enfer à sa mort, il a été condamné à errer jusqu’au jour du Jugement dernier, s’éclairant avec un navet creusé dans lequel était déposé un charbon ardent. L’histoire raconte qu’il réapparaît chaque année le jour de sa mort, pour Halloween. Aux États-Unis, la tradition irlandaise de creuser des navets a rapidement été remplacée par celle de creuser des citrouilles : cette cucurbitacée est plus facile à trouver au pays de l’Oncle Sam et surtout beaucoup plus simple à sculpter.
Une fête aussi populaire que Noël
Aujourd’hui, Halloween est devenue aux États-Unis une fête aussi populaire que Noël. Pour mesurer l’importance qu’elle revêt pour les Américains, il suffit de se rendre sur place à la fin du mois d’octobre : en arpentant les rues, les décorations des maisons plongent tout de suite dans l’ambiance, une personne sur deux s’adonnant à cette activité. Certains n’hésitent d’ailleurs pas à mettre les petits plats dans les grands pour surprendre les passants ! La distribution de bonbons est encore davantage suivie, puisque trois quarts des Américains se plient à cette coutume.
Les enfants sont loin d’être les seuls à se costumer. Si la sorcière, le vampire, le fantôme, le squelette ou encore le diable restent des valeurs sûres, d’autres costumes plus originaux prennent peu à peu leur place. Le cinéma est devenu une source d’inspiration et il n’est pas rare de croiser des copies de Michael Myers, le personnage principal de la série de films Halloween, de Cruella, de Bettlejuice, de Monsieur Jack, de Chucky ou même d’Hannibal Lecter.
Les séries télévisées sont aussi de plus en plus représentées, à la manière des zombies de The Walking Dead, des marcheurs blancs de Game of Thrones ou des personnages effrayants d’American Horror Story. Les déguisements effrayants ne sont cependant pas une obligation, et il n’est pas rare d’apercevoir des princesses, des fées ou des pirates dans les rues. Les célébrités elles-mêmes ne manquent pas d’imagination, comme Dwayne Johnson en Popeye, Rihanna en Tortue Ninja ou Emily Ratajkowski en Marge Simpson.
En France, une exploitation marketing
En France, Halloween a une histoire beaucoup plus récente. Longtemps regardée de loin, cette fête a fait ses débuts dans l’Hexagone à la fin des années 1990, lorsque des entreprises ont perçu un filon commercial pour stimuler la consommation entre la rentrée scolaire et Noël. France Télécom a été l’une des pionnières en la matière : en 1997, elle lançait un téléphone mobile de couleur orange baptisé Olaween, accompagné d’une grande campagne publicitaire et de la distribution de plus de 8 000 citrouilles sur l’esplanade du Trocadéro.
Les années suivantes, d’autres marques emboîtent le pas, à la manière d’Yves Rocher avec un kit maquillage « sorcière » orange et noir, BN qui a remplacé temporairement le sourire sur ses gâteaux par une grimace, ou encore Liebig qui a revu pour l’occasion le packaging de sa soupe au potiron. En 1999, Coca-Cola organisait même une grande Halloween Party au Zénith de Paris avec d’autres marques, destinée aux 15-25 ans. Si pendant quelques années, beaucoup de commerces ont joué le jeu en décorant leur vitrine aux couleurs d’Halloween, l’intérêt est quelque peu retombé à partir du début des années 2000, cette fête étant jugée trop commerciale.
Il n’en reste pas moins que dans les rues des grandes villes, vous avez des chances de croiser de petits fantômes et autres monstres le soir du 31 octobre. Alors, préparez vos bonbons, au risque de subir un mauvais sort !
Fin de l’épisode 1. La semaine prochaine : les faits insolites et les légendes d’Halloween.