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William Klein, photographe révolutionnaire, est mort à l’âge de 96 ans

13 septembre 2022
Par Félix Tardieu
William Klein à la Cinémathèque française, 2008
William Klein à la Cinémathèque française, 2008 ©Roman Bonnefoy

Le photographe, peintre et réalisateur américain William Klein est mort à Paris, sa ville d’adoption, à l’âge de 96 ans. Le photographe reste notamment célèbre pour avoir révolutionné la photographie de mode et de rue. Son premier livre, Life is Good and Good For You in New York: Trance Witness Revels (1956), a marqué un tournant dans l’histoire de la photographie.

Né à New York en 1928, William Klein a marqué un tournant dans l’histoire de la photographie au milieu des années 1950. Installé à Paris au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, William Klein est entré en photographie par le biais de la peinture, après avoir fait notamment ses gammes auprès du peintre Fernand Léger. Klein glissera alors peu à peu de la peinture abstraite vers la photographie – un changement de cap pour de bon engagé lors de sa rencontre avec Alexander Liberman, le célèbre directeur artistique du magazine Vogue, en 1954, qui lui propose un contrat dans sa ville natale. Il n’a que 26 ans. 

Un des plus célèbres clichés de William Klein : Gun 1, New York, Etats-Unis, 1954 ©Polka Galerie

Un style radical

William Klein révolutionne alors la photographie de mode en délaissant le studio et en faisant descendre les modèles dans la rue. Son style unique – grand angle, téléobjectif, flou de bougé volontaire, grain et contrastes très prononcés – le détache immédiatement de ses contemporains, Helmut Newton, Irving Penn, Richard Avedon, etc. William Klein va photographier New York comme personne auparavant, exhumant la violence et l’âpre réalité de la ville : son premier ouvrage, Life is Good and Good For You in New York: Trance Witness Revels (1956), conçu tel un photo-journal, fera date dans l’histoire du médium et influencera des générations de photographes. 

« Ma devise en faisant le New York était: ‘Anything goes’. Elle me va toujours, encore aujourd’hui. Pas de règles, pas d’interdits, pas de limites », déclarera-t-il plus tard à propos de ce livre majeur et lauréat du prix Nadar. Klein promène son objectif dans les plus grandes villes du monde, Rome, Moscou, Tokyo ou Paris (il signe alors l’ouvrage Paris + Klein, en 2002). Des années 1960 aux années 1980, Klein se consacre au cinéma et réalise plus d’une dizaine de longs-métrages, dont le plus célèbre demeure Qui êtes-vous, Polly Magoo ? (1966), satire de la mode et de la société du spectacle qui réunit à l’écran Dorothy McGowan, Sami Frey, Delphine Seyrig, Jean Rochefort ou encore Philippe Noiret. 

William Klein, Autoportrait, 1993 ©D.R

Il ne cessera jamais de retravailler son propre matériau à travers livres et expositions, ainsi qu’en mêlant photographie et peinture à travers sa série de « contacts peints », où Klein recouvre de peinture ses propres ses planches contacts. L’Académie des beaux-arts créa d’ailleurs en 2019 un prix photographique en son honneur. Peintre, photographe, graphiste, cinéaste, plasticien : un artiste complet, en somme. 

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Article rédigé par
Félix Tardieu
Félix Tardieu
Journaliste