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Cette sublime rétrospective qui rend hommage à Peter Lindbergh et son œuvre

02 juillet 2022
Par Apolline Coëffet
Cette sublime rétrospective qui rend hommage à Peter Lindbergh et son œuvre
© Peter Lindbergh

Jusqu’au 25 septembre, le Pavillon Populaire de Montpellier revient sur l’héritage laissé par l’un des plus grands photographes contemporains. Au-delà d’une exposition sur la mode, la rétrospective dévoile les inspirations d’un homme qui a résolument influencé le Devenir de son médium.

Disparu en septembre 2019, Peter Lindbergh fait partie de ces artistes au talent remarquable qui parviennent à dépasser les carcans de leur médium de prédilection. Connu de tous, le photographe allemand a considérablement bouleversé la perception du 8e art en proposant une vision novatrice de la femme. Dans de magnifiques portraits en noir et blanc, elle apparaît toujours libre et fidèle à elle-même, à une beauté naturelle qui n’a que faire de la perfection. Travaillant main dans la main avec les supermodels des années 1990, il refusait la retouche excessive, lui préférant une fragilité sublime et spontanée. 

Déjà cette volonté s’inscrivait dans une démarche singulière qui allait à contrecourant des diktats de la mode. Pourtant, les effets d’une telle prise de partie se sont peut-être dilués dans les histoires générales de la haute couture et de la photographie, toutes deux très liées depuis leurs balbutiements. Intitulée Devenir, l’exposition s’attache ainsi à souligner le parcours, mais aussi l’esthétisme développé par l’artiste tout au long de sa carrière, le tout au travers du prisme de sa personnalité. Un ensemble de 140 tirages, vidéos, extraits d’interviews et objets – datant des années 1980 à nos jours – suit le fil de ses inspirations et de ses convictions avant-gardistes et féministes.

Une volonté de redéfinir les standards de beauté

L’exposition, bien nommée, marche dans les pas de Peter Lindbergh et s’intéresse au devenir de sa pratique et de sa vision du monde. Pareille à un voyage initiatique, elle commence par raconter l’étudiant en art qu’il était, ses errances entre son Allemagne natale, le sud de la France, le Maroc et l’Espagne. Les arts abstraits et conceptuels qu’il y découvre lui inspirent une poésie nouvelle, ancrée dans une liberté de la forme et du mouvement. Il délaisse alors la recherche d’une perfection technique pour partir en quête de l’imperfection ou de la vérité des sujets qu’il capture. 

Derrière son objectif, les modèles se dévoilent peu à peu. Les rides et autres aspérités de la peau transparaissent, le maquillage est léger, ne cherche pas à les dissimuler. Quelquefois, les cheveux sont courts, et leur regard est souvent frontal. Leur vulnérabilité assumée devient une force éloquente qui participe à redéfinir les standards de beauté alors en vigueur. Les femmes ne sont dès lors plus de simples objets disposés çà et là, au cœur de compositions étudiées, mais bien des sujets actifs qui transmettent des récits qu’elles incarnent. Un dialogue s’opère finalement avec celui ou celle qui contemple les images. Il le confronte à d’autres réalités qui ne peuvent laisser insensibles. 

© Peter Lindbergh

Tout au long de sa carrière, Peter Lindbergh revendiquait un désir d’« apprendre jusqu’au dernier jour », un engagement dont témoigne son évolution artistique. Bien plus qu’une simple rétrospective, Devenir rappelle une idée que Peter Lindbergh distillait dans ses moindres clichés : c’est bel et bien le regard que nous apposons sur le monde réel qui en définit ses contours.

Devenir. Peter Lindbergh, au Pavillon Populaire de Montpellier. Jusqu’au 25/09/2022.

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Article rédigé par
Apolline Coëffet
Apolline Coëffet
Journaliste
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