En résumé
Pardonnez à Bloodstained: Ritual of the Night ses fautes de goût visuelles et il vous saura gré de lui avoir laissé sa chance en s’affirmant comme l’un des héritiers les plus inspirés du modèle « metroidvania ». L’attente en valait la peine, car le titre réserve son lot d’errances et de mystères qui nous ramènent à un âge d’or que l’on avait un petit peu perdu de vue.
Note technique
Les plus et les moins
- Progression ouverte, labyrinthique mais logique
- On retrouve assez vite l'essence de Symphony of the Night
- Des mélodies entêtantes signées Michiru Yamane
- Nombreuses quêtes d'élimination ou d'artisanat
- Les mystères à lever pour obtenir la vraie fin
- Des boss optionnels dignes de ce nom
- Quelques surprises et caméos assez fous
- Le post-game et les 13 DLC gratuits attendus
- Une 2.5D très discutable, parfois carrément repoussante
- Le challenge qui ne se révèle qu'aux 3/4 du jeu
- Des coquilles sur le plan technique et dans l'affichage des textes
Notre test détaillé
En 1997, Symphony of the Night redéfinissait à tout jamais le visage de la série Castlevania et les années qui suivirent engendrèrent une succession de titres chargés d’étendre le lignage du modèle « metroidvania ». Avec Bloodstained: Ritual of the Night, Koji Igarashi nous ramène à cette époque bénie, porté par le soutien d’une cohorte de fans désireux d’assister au grand retour de leur maître à penser.
(Ce test a été effectué sur PlayStation 4.)
Il faudra néanmoins un passage par la case Kickstarter pour que ce projet de renaissance se concrétise enfin… dans la douleur. Pointé du doigt pour délit de faciès avant même sa sortie, Bloodstained: Ritual of the Night fait le choix très discutable d’une 2,5D là où son ancêtre Symphony of the Night brillait par son pixel art irréprochable. L’immortel Alucard passe lui aussi le relais à une Miriam moins charismatique et l’on a, à première vue, toutes les raisons de penser que l’on ne retrouvera pas l’essence de ce qui avait permis à Symphony of the Night de se hisser au rang de titre culte. Il faut en réalité franchir le cap des premières heures de jeu pour voir s’installer une logique de gameplay viscéralement ancrée dans les rouages de l’épisode fondateur et reconnaître que Ritual of the Night remplit finalement bel et bien son contrat.
Disgrâce visuelle
L’âge d’or ayant accompagné la sortie de Castlevania: Symphony of the Night avait mis en lumière plusieurs noms indissociables du nouveau visage de la saga. Celui d’IGA bien sûr, mais également celui de la compositrice Michiru Yamane et de l’illustratrice Ayami Kojima. Il y avait alors une alchimie inexplicable qui ne démontrait son efficacité que lorsque toutes les composantes artistiques étaient réunies. Là se situe justement la problématique de l’épisode qui nous intéresse aujourd’hui. Si Bloodstained: Ritual of the Night ne démérite pas sur le plan musical, il nous fait plus que jamais regretter l’absence d’un ou d’une artiste capable de restituer la majesté des protagonistes de l’histoire, comme avait su le faire jadis Ayami Kojima.
Ici, point de portraits dignes de peintures de maîtres. Le soft nous impose ses modèles 3D caractérisés par une laideur qui dessert l’ensemble du jeu au point que l’on en vient presque à redouter les séquences de dialogues qui mettent à mal l’aura des protagonistes. Le constat est d’ailleurs globalement le même pour l’ensemble de l’aspect visuel du titre qui, en dépit de quelques effets de rotations tout à fait dispensables, pique les yeux par son cachet disgracieux. Ajoutez à cela des coquilles innombrables dans l’affichage des textes (traduits en français, cela dit), et vous comprendrez qu’il faut prendre sur soi pour donner sa chance à Bloodstained avant d’espérer découvrir sa beauté intérieure.
Alchimie ludique
Car sous ses dehors ingrats, Bloodstained: Ritual of the Night renferme en vérité tout ce que l’on attendait de la part de l’héritier spirituel de Symphony of the Night. Disposant d’un éventail déraisonnable d’armes en tous genres et de techniques propres aux attaques à distance comme au combat rapproché, l’héroïne s’adapte facilement à notre style de jeu. Une fois trouvée l’approche qui nous sied le mieux, on se joue de nos ennemis avec élégance et vivacité, l’arsenal pouvant être optimisé moyennant des échanges de matériaux auprès d’un artisan. Il en va de même des fragments de cristaux qui, par leur multiplicité, suffisent à apporter assez de souplesse au gameplay pour nous permettre de jongler entre différents types de magies offensives et défensives. Si certains ne sont là que pour nous permettre de déjouer les pièges de l’environnement, d’autres nous octroient des avantages considérables dès lors qu’ils ont été améliorés, à l’instar des familiers hérités, là encore, du grand Symphony of the Night. Ces derniers verront en effet leurs capacités se renforcer considérablement au fil du jeu et des matériaux que l’on décidera de sacrifier pour en faire de véritables compagnons d’armes. Une personnalisation qui touche même à des considérations nettement plus dérisoires, à l’instar du délire des coiffures permettant de personnaliser l’apparence physique de notre héroïne jusqu’au bout des ongles, ou presque !
La vraie fin sinon rien
Le retour du modèle « metroidvania » dans toute sa splendeur reste évidemment la cause principale de l’efficacité de Bloodstained: Ritual of the Night qui repose plus que jamais sur une progression labyrinthique, ouverte et truffée de secrets. Totalement non linéaire, car s’articulant autour de la recherche d’items cachés parfois indispensables pour découvrir la vraie fin du jeu, le déroulement du titre regorge de mystères à dissiper. Et pas d’ambiguïté ici, puisque la mauvaise fin se solde par un Game Over on ne peut plus explicite. En clair, le véritable dénouement du jeu se mérite et ne peut s’obtenir qu’au terme d’une exploration poussée de l’ensemble de la map.
D’où l’évidence de fouiller minutieusement chaque recoin du château pour comprendre comment surmonter ces obstacles infranchissables qui mènent à l’obtention des items clés. Sans spoiler quoi que ce soit, sachez que cet épisode propose une alternative plutôt astucieuse au fameux château inversé qui constitue habituellement l’un des passages obligés de la saga. La durée de vie est donc à la hauteur, d’autant que le titre abrite un large éventail de quêtes secondaires qui poussent à exploiter l’artisanat au maximum des possibilités qu’il nous offre. Et si certains boss déçoivent par leur manque de panache, le challenge ne se révélant qu’à partir des trois quarts du jeu, les boss optionnels inversent la donne en nous obligeant à nous surpasser. Avec pas moins de treize DLC gratuits annoncés et quelques caméos complètement fous, Bloodstained: Ritual of the Night ne se moque clairement pas de nous, même s’il faut faire preuve d’indulgence sur la forme pour en apprécier toutes les qualités.
Conclusion
Pardonnez à Bloodstained: Ritual of the Night ses fautes de goût visuelles et il vous saura gré de lui avoir laissé sa chance en s’affirmant comme l’un des héritiers les plus inspirés du modèle « metroidvania ». L’attente en valait la peine, car le titre réserve son lot d’errances et de mystères qui nous ramènent à un âge d’or que l’on avait un petit peu perdu de vue.