En résumé
Suivant la même philosophie que les volets de la série Yakuza, Judgment trouve dans sa trame à suspense les moyens de nous tenir en haleine tout en appliquant une formule qui a depuis longtemps fait ses preuves. Si certaines phases de jeu sont encore perfectibles, l’immersion est d’autant plus réussie que le scénario tient vraiment bien la route et nous incite à rester jusqu’au bout pour démêler tous les nœuds de l’intrigue.
Note technique
Les plus et les moins
- Les routines du jeu d'enquête habilement combinées à l'ADN d'un Yakuza
- Une réalisation graphique immersive et maladivement réaliste
- Un système de combat intuitif qui s'enrichit grandement via les aptitudes
- Des quêtes secondaires très bien intégrées au fil rouge narratif
- Missions diversifiées et nombreuses activités annexes originales
- Durée de vie aussi solide que celle d'un épisode de Yakuza
- Textes en français et doublage japonais inclus sur la version européenne
- Il faut être patient car les enjeux narratifs vont crescendo
- Un seul quartier que les fans de Yakuza connaissent déjà par cœur
- Phases d'enquêtes et de déductions moins présentes qu'attendu
- Des filatures et des poursuites un peu trop scriptées
Notre test détaillé
L’annonce du report de Shenmue III pourrait bien inciter cet été les joueurs à accorder à Judgment toute l’attention qu’il mérite. Car il subsiste bel et bien des traces de l’influence du jeu de Yû Suzuki dans l’ADN de la famille Yakuza dont Judgment se veut l’héritier légitime. Enquêtes policières, filatures et règlements de comptes musclés sont au programme de ce titre à suspense étonnamment complet.
(Ce test a été effectué sur PlayStation 4.)
Sortie au Japon il y a quelques mois sous le titre Judge Eyes, la dernière création des auteurs de la série Yakuza nous amène à jouer les détectives privés dans une enquête où l’on doit autant laisser parler nos poings que faire fonctionner notre esprit de déduction. Hanté par une affaire passée ayant eu des répercussions dramatiques, Takayuki Yagami est un ancien avocat reconverti en détective privé résolu à lever le voile sur une succession de meurtres perpétrés dans le quartier de Kamurochô. Une histoire poisseuse à laquelle les clans de yakuzas vont se révéler intimement liés, donnant lieu à un drame policier qui nous happe pendant une bonne trentaine d’heures de jeu minimum dans un Japon actuel plus vrai que nature.
La vérité peut bien attendre
Une fois encore, Yakuza Studio a mis le paquet pour doter son nouveau bébé d’une réalisation réaliste rendue à la fois crédible et efficace grâce au « Dragon Engine ». Le tout est agrémenté d’un doublage japonais que l’on vous conseille vivement d’activer pour renforcer l’immersion au maximum. Intégralement traduit en français, Judgment pioche sans complexe dans l’héritage que lui ont légué les différents volets de la série Yakuza pour proposer une expérience nerveuse à souhait sur fond d’enquête policière. S’il est vrai que ce mélange inédit n’entraîne pas de véritable révolution dans la formule, le fait d’incarner un détective au passé d’avocat de la défense permet au titre de s’autoriser quelques séquences de jeu inédites : des filatures, des poursuites ou encore des phases d’enquêtes et de déductions.
Drones et réalité virtuelle
Au-delà de ses clins d’œil appuyés (coucou Ace Attorney !), Judgment s’amuse de cette nouvelle direction de gameplay en nous incitant constamment à nous éloigner de son fil rouge narratif pour se laisser tenter par la multiplicité des activités offertes par Kamurochô. On en a certes désormais l’habitude mais la liberté d’exploration qui nous est offerte suffit à adapter l’expérience de jeu à nos envies au fil des chapitres sans que l’on ne se sente jamais contraint d’avancer à un rythme pré-établi. En termes de plaisirs annexes, Judgment innove même en proposant de véritables compétitions de drones à piloter dans des courses entre lesquelles il est possible de customiser son appareil pour en améliorer les performances. Tout aussi sympa, le Paradise VR revisite quant à lui le principe du jeu de l’oie en réalité virtuelle avec bon nombre de surprises à la clé.
Crazy kung-fu
Une ode à la diversité que l’on retrouve aussi dans la structure des missions principales, les enquêtes alternant régulièrement entre des phases de déduction pure, des poursuites rythmées par les inévitables QTE (Quick Time Event) et des filatures qui s’avèrent sans doute un peu trop scriptées pour convaincre. Rien à redire en revanche concernant le traitement des phases de combat qui reproduisent ce que la série Yakuza sait faire de mieux à travers des règlements de compte intuitifs mis en scène de façon toujours spectaculaire. Capable de jongler librement entre deux styles de combat (tigre et grue) se prêtant aussi bien aux affrontements de mêlée qu’aux duels, Yagami voit ses possibilités d’action s’enrichir à mesure que ses aptitudes se développent dans les domaines que le joueur choisit lui-même de privilégier. Le soft propose d’ailleurs un large éventail de compétences à déverrouiller, y compris pour faciliter les activités spéciales comme la filature ou le crochetage.
La démesure est toujours de mise du côté des interactions avec le décor, les « actions EX » permettant de se faire plaisir en multipliant les attaques spéciales à l’aide des objets qui nous entourent. Saut mural et techniques de projection sont évidemment là pour étoffer encore un peu plus le tout et apporter davantage de profondeur à un système de combat dont on ne se lasse pas, malgré la fréquence des affrontements.
Les ennemis de tes ennemis
À intervalles réguliers, l’influence des clans de yakuzas viendra semer le trouble dans les rues de la ville, nous incitant à venir défier leurs leaders pour ramener le calme dans la ville. Parfaitement intégrées à la trame principale, les quêtes secondaires font intervenir des « événements d’amis » qui se déclenchent sous certaines conditions et qui permettent d’étendre notre réseau de connaissances pour bénéficier de missions supplémentaires facultatives. Tout s’avère finalement étroitement lié dans la construction de ce titre qui peut bien évidemment compter sur une durée de vie aussi solide que celle d’un épisode de Yakuza pour nous voler plusieurs dizaines d’heures de notre temps.
Conclusion
Suivant la même philosophie que les volets de la série Yakuza, Judgment trouve dans sa trame à suspense les moyens de nous tenir en haleine tout en appliquant une formule qui a depuis longtemps fait ses preuves. Si certaines phases de jeu sont encore perfectibles, l’immersion est d’autant plus réussie que le scénario tient vraiment bien la route et nous incite à rester jusqu’au bout pour démêler tous les nœuds de l’intrigue.