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Test de Super Dragon Ball Heroes – World Mission : L’as de pique ?

18 avril 2019
Par Valérie Précigout (Romendil)
"Super Dragon Ball Heroes"
"Super Dragon Ball Heroes" ©Toei Animation

En résumé

On peut s’interroger sur la pertinence d’extirper le concept de Super Dragon Ball Heroes de ses origines arcades sans repenser davantage son mode de fonctionnement. Si l’on peut toujours pardonner l’absence de refonte graphique, le fait de voir la tactique s’effacer autant au profit des aspects les plus simplistes et redondants du système de jeu rend la formule très lassante sur le long terme. Ne reste plus que l’aspect collection et fan service pour nous convaincre de la légitimité de cette production.
(Test réalisé sur Switch)

Note technique

Les plus et les moins

Les plus
  • Plus de 1000 cartes et 350 personnages à collectionner
  • L'absence totale de restriction dans l'exploitation de la licence
  • Des règles de JdC qui tiennent plutôt bien la route
  • L'éditeur de cartes et de missions personnalisées
  • Honnête en termes de modes de jeu et de défis solo ou en ligne
Les moins
  • Un jeu qui perd beaucoup de son attrait initial sans les cartes réelles
  • Des graphismes et des animations tout juste dignes d'une 3DS
  • Fatalement répétitif malgré le grand nombre de cartes à débloquer
  • La prépondérance des impacts de charge au détriment de la stratégie
  • L'exécution des actions spéciales qui rallonge inutilement les combats
  • Les interludes narratifs du mode Histoire, sans intérêt et peu motivants
  • Des musiques qui deviennent vite exaspérantes

Notre test détaillé

Au-delà du canon validé par Toriyama, la franchise Dragon Ball s’apparente aujourd’hui à une fourmilière d’idées et d’expérimentations qui entretient la passion des fans sans véritables limitations. Mais cet épisode dérivé d’un jeu d’arcade ne dépasserait-il pas les bornes ?

Dans le sillage d’un anime promotionnel diffusé au Japon depuis l’été dernier, Super Dragon Ball Heroes trouve d’abord sa source dans un jeu vidéo inédit en Occident. Pas très étonnant lorsqu’on sait qu’il s’agit plus exactement d’un jeu d’arcade fonctionnant à l’aide de cartes réelles lancé il y a presque dix ans sur l’archipel nippon. Dans les faits, les bornes se chargeaient de matérialiser les personnages figurant sur les cartes pour les faire s’affronter de manière virtuelle. Les opus 3DS demeurant inédits sous nos latitudes, c’est par le biais de cette déclinaison disponible sur Switch et PC que les joueurs européens peuvent enfin s’initier au phénomène. Mais une fois sorti de son contexte initial et privé de ses cartes réelles à collectionner, le concept ne perd-il pas une grande partie de son attrait ?

Super Dragon Ball Heroes – World Mission

Non content de couvrir la sphère Dragon Ball dans son entièreté (ce qui englobe notamment les films hors canon, la série Dragon Ball GT ou les éléments issus du Xenoverse), Super Dragon Ball Heroes : World Mission imagine un point de connexion entre le Dragon World et la réalité alternative dans laquelle vit notre avatar. Conscients de l’impossibilité de crédibiliser quoi que ce soit sur le plan narratif, les scénaristes ont choisi de nous glisser dans la peau d’un jeune garçon simplement chargé de sauver le monde en utilisant des cartes pour invoquer les figures iconiques de l’univers de Dragon Ball. Si vous êtes encore avec nous, c’est que l’attrait de la licence est plus fort pour vous que toute autre considération d’ordre critique, et cela vaut mieux tant le titre mise tout sur sa dimension fan service.

Super Dragon Ball Heroes – World Mission

It’s over one thousand !

Lorsqu’il s’agit de mettre en avant Super Dragon Ball Heroes: World Mission, Bandai Namco ne manque pas de souligner que le titre comporte par défaut plus de 1000 cartes rendant hommage à 350 personnages issus de la franchise. S’il ne s’agit évidemment que de cartes virtuelles, le contenu a tout de même de quoi faire envie, et c’est sans compter les possibilités offertes par l’éditeur de cartes personnalisées. Intuitif, le soft autorise l’enregistrement d’un grand nombre de decks différents et permet aussi de concevoir ses propres missions pour les partager avec la communauté et défier les autres joueurs en ligne ou en local. Au-delà de sa dimension répétitive, le contenu s’avère déjà plutôt solide en solo avec un mode Histoire consistant qui pêche tout de même par ses interludes narratifs sans intérêt. Le grand nombre de missions Arcade accessible dès le début de la partie permet également de s’adonner à des challenges fantaisistes de plus en plus corsés qui exploitent le background « hors canon » de Dragon Ball sans aucune restriction.

Super Dragon Ball Heroes – World Mission

Travail d’équipe

Sans rentrer dans les détails du système de jeu, sachez que Super Dragon Ball Heroes: World Mission s’appuie sur des règles de JdC qui tiennent plutôt bien la route et dont les subtilités découlent principalement des capacités spéciales de chaque carte. Régulièrement pimentées par l’intervention d’événements spéciaux tels les faveurs de Zen’ô ou la récupération des Super Dragon Balls, les parties sont truffées de références à la franchise et les premiers pas dans le jeu s’avèrent plein de promesses. Pourtant, les faiblesses de la formule font jour après seulement quelques heures de pratique, y compris sur le plan tactique. À titre d’exemple, l’impact de charge (une action réflexe consistant à stopper une jauge au moment où elle est à son maximum) se révèle à ce point prépondérant dans la résolution des rounds qu’il rend la moindre maladresse rédhibitoire. Et même s’il est possible de jouer sur sa vitesse de remplissage, il est regrettable qu’un malheureux loupé dans son exécution puisse ruiner totalement une stratégie potentiellement supérieure à celle de l’adversaire.

Super Dragon Ball Heroes – World Mission

Comme bien souvent dans ce type de jeux, c’est d’abord sur la pertinence du deck que repose la victoire, davantage que sur le déroulement de la partie. Il est donc essentiel d’expérimenter un maximum de combinaisons possibles en favorisant l’union des personnages compatibles entre eux pour provoquer des alliances, des combos ou des fusions, plutôt que de regrouper des cartes puissantes incapables de fonctionner de manière collective. Sans surprise, c’est bel et bien cet aspect du jeu qui reste le plus accrocheur, l’éventail des possibilités autorisées augmentant proportionnellement à mesure qu’on débloque de nouvelles cartes.

Super Dragon Ball Heroes – World Mission

À la recherche du temps perdu

Si le concept de Super Dragon Ball Heroes: World Mission devient forcément moins motivant sur Switch qu’avec des cartes bien réelles, l’aspect collection demeure finalement plus attractif que la partie ludique en elle-même. Très redondants, même en prenant le temps de renouveler le deck régulièrement, les matchs lassent d’autant plus vite que les actions contextuelles qu’ils impliquent rallongent inutilement la durée des combats. Une fois passé l’effet de surprise lié aux animations traduisant les transformations et l’exécution des attaques spéciales, on regrette de ne pas pouvoir zapper ces séquences qu’il est presque impossible de rater. Le principe était sans doute efficace en arcade, mais même en recourant aux fonctionnalités tactiles de la Switch on peine à trouver un quelconque intérêt à ces phases qui se répètent inlassablement. Et ce n’est pas l’enrobage graphique et sonore digne d’une 3DS qui vient compenser ces lacunes en matière d’immersion. Les parties peuvent alors s’éterniser au point de nous inciter à limiter volontairement les possibilités de combinaisons qui sont pourtant au cœur de l’aspect tactique du jeu… Pas très bon signe.

Super Dragon Ball Heroes – World Mission

Conclusion

On peut s’interroger sur la pertinence d’extirper le concept de Super Dragon Ball Heroes de ses origines arcades sans repenser davantage son mode de fonctionnement. Si l’on peut toujours pardonner l’absence de refonte graphique, le fait de voir la tactique s’effacer autant au profit des aspects les plus simplistes et redondants du système de jeu rend la formule très lassante sur le long terme. Ne reste plus que l’aspect collection et fan service pour nous convaincre de la légitimité de cette production.
(Test réalisé sur Switch)

Article rédigé par