En résumé
L’ADN de Devil May Cry transparaît assurément au contact de cet épisode qui permet à la franchise de retrouver le souffle de l’inspiration qui lui avait valu la faveur des inconditionnels d’action. Si l’on reste plus mitigé concernant la narration et le challenge qui ne se révèle véritablement que dans le cadre d’une seconde partie, on ne peut qu’encourager un maximum de joueurs à venir rejoindre le clan des chasseurs de démons.
Note technique
Les plus et les moins
- Un trio qui assure un renouvellement constant du gameplay
- Des combos toujours aussi stylés et plus diversifiés que jamais
- Une réalisation graphique et sonore impeccable
- Des missions secrètes nombreuses et bien cachées
- Certaines options facultatives incluses pour faciliter l'accès aux néophytes
- Le challenge qui monte d'un cran dans le cadre d'un second run
- Le Bloody Palace bientôt disponible gratuitement en DLC
- Des environnements linéaires qui manquent d'inspiration
- L'obligation de terminer le jeu une fois pour corser la difficulté
- Les rôles sous-exploités de Trish et Lady qui font de la figuration
Notre test détaillé
Une décennie entière sépare la sortie de Devil May Cry 4 de celle du cinquième volet canonique que Capcom décrit comme la conclusion épique de l’histoire des fils de Sparda. Après la parenthèse du reboot de 2013 et la compilation HD distribuée l’année passée, Dante peut-il encore renouer avec l’insolence de ses débuts ?
(Test réalisé sur PlayStation 4)
Les inconditionnels de beat’em all le savent, le genre doit énormément à Devil May Cry. En 2001 sur PlayStation 2, le premier volet réalisé par Hideki Kamiya laissait une marque indélébile dans cette catégorie en imposant son action survitaminée sur une toile gothique d’une grande efficacité. Depuis, Dante est devenu le symbole du héros classieux qui se joue des démons avec panache, une épée dans une main et un flingue dans l’autre pour aligner les combos tel un véritable maître de cérémonie macabre. À travers ce titre d’exception, Capcom avait su faire trembler les fondations du jeu d’action pour lui donner un sérieux coup de fouet en lui injectant une technicité salvatrice. Mais avec le temps, la franchise a perdu une partie de son prestige. Il fallait donc bien tripler la mise pour lui restituer la fougue de sa jeunesse !
Let’s rock, baby !
En s’articulant autour d’une vingtaine de missions réparties entre trois protagonistes jouables, Devil May Cry 5 emprunte la bonne direction en remettant l’accent sur le renouvellement constant de ses mécaniques de gameplay. Ayant su, dès ses débuts, se démarquer en incitant le joueur à soigner son style de combat pour décrocher les rangs les plus prestigieux et donc les meilleures récompenses, la série multiplie ici par trois l’éventail des possibilités qu’elle nous offre en fonction du héros qui passe entre nos mains. Plus que jamais, il est impératif de diversifier au maximum ses enchaînements en les prolongeant aussi longtemps que possible grâce aux techniques de projections et de combos aériens propres à chaque arme pour prétendre au fameux » SSS » à l’issue de chaque séquence de combat. Mais c’est bien en déclinant sa proposition en trois approches résolument distinctes que le titre révèle tout son capital addictif.
Chasseurs de démons
Bien que doté d’un arsenal de folie et de quatre styles de combat interchangeables à tout moment, Dante laisse d’abord le beau rôle à ses deux nouveaux complices avant de faire une entrée en scène fracassante. Il faut dire que la démesure de ses ressources offensives le classe un cran au-dessus de ses alliés en termes d’efficacité jubilatoire, à condition tout de même de dompter la plus grande technicité de ses enchaînements. Dans un premier temps, c’est donc le jeune chasseur de démons Nero, star de Devil May Cry 4, qui permet de se familiariser avec la fouge de ce cinquième volet. Ayant hérité d’un bras mécanique disponible en de multiples variantes pour autant d’effets différents, Nero dispose là d’un atout à double tranchant, chaque prototype de Devil Breaker pouvant être détruit – volontairement ou non – au cours des batailles selon l’usage que le joueur en fera. Cumulable avec la fonction grappin et le vrombissement de l’épée Red Queen dotée d’un moteur à combustion, cet arsenal fait de Nero un personnage polyvalent qui donne tout de suite le ton.
V pour Vendetta
La vraie surprise réside néanmoins dans l’introduction inédite du mystérieux V. Totalement vulnérable sur le plan physique, ce jeune homme fragile ne peut se battre que de manière indirecte en invoquant des démons de trois sortes impliquant une gestion à distance des affrontements. Une fois l’ennemi à l’agonie, V peut alors lui porter le coup de grâce en se téléportant directement sur sa cible pour la transpercer de sa canne. Rafraîchissant à jouer dans le sens où sa présence renouvelle sensiblement l’approche des combats, V joue aussi un rôle non négligeable dans le développement du scénario de ce cinquième volet qui fait par ailleurs intervenir quelques figures bien connues des fans de la saga. Dommage que la gent féminine n’ait guère l’occasion de briller, Lady et Trish faisant tout juste de la figuration au point que leur présence ne se justifie pas vraiment dans le cadre de ce nouveau volet. On reste d’ailleurs mitigé sur la question narrative qui semble avoir été clairement reléguée au second plan, là où l’on était pourtant en droit d’espérer une conclusion digne de l’histoire tourmentée des fils de Sparda.
Pour la beauté du geste
On vient donc à Devil May Cry 5 avant tout pour la folie furieuse qui se dégage de ses scènes d’action chorégraphiées avec une telle maestria qu’on ne peut que s’incliner devant la qualité de sa mise en scène et de sa réalisation. Seuls les environnements restreints, linéaires et peu inspirés, dénotent avec l’efficacité d’ensemble, le travail accompli sur la modélisation des visages et l’animation des personnages étant en revanche bluffant. Sachant que Dante, Nero et V disposent tous d’un éventail de techniques étendues qui s’étoffe en continu jusqu’à la fin du jeu, le titre peut se targuer d’afficher des combos plus stylés et diversifiés que jamais.
Des options facultatives ont d’ailleurs été spécialement pensées pour faciliter l’accès aux néophytes en leur offrant la possibilité de jongler entre deux modes de difficulté ou en recourant à des combos simplifiés. Des solutions que l’on déconseillera évidemment autant que possible aux habitués de la série, surtout que le jeu s’avère plutôt facile dans l’ensemble et qu’il est obligatoire de le terminer une première fois pour pouvoir corser un peu la difficulté. Heureusement, la progression recèle son lot de missions secrètes habilement cachées. Une bonne raison d’y revenir a posteriori, d’autant que certains chapitres sont jouables avec n’importe lequel des trois personnages. Et si l’option coopérative en ligne reste anecdotique, les amateurs de challenge peuvent d’ores et déjà guetter le déploiement du DLC gratuit qui leur ouvrira les portes du Bloody Palace courant avril.
Conclusion
L’ADN de Devil May Cry transparaît assurément au contact de cet épisode qui permet à la franchise de retrouver le souffle de l’inspiration qui lui avait valu la faveur des inconditionnels d’action. Si l’on reste plus mitigé concernant la narration et le challenge qui ne se révèle véritablement que dans le cadre d’une seconde partie, on ne peut qu’encourager un maximum de joueurs à venir rejoindre le clan des chasseurs de démons.