En résumé
À force d’introspections, la série SoulCalibur aura fini par revenir à ce qu’elle sait faire de mieux : réunir pros et néophytes autour d’un ballet martial intuitif qui renferme suffisamment de finesse et d’accessibilité pour permettre à chacun d’y trouver son bonheur. Plus alléchant en solo que la grande majorité de ses concurrents, SoulCalibur VI pourrait bien inciter ceux qui avaient tourné le dos à la série à replonger dans la spirale grisante des duels à l’arme blanche.
Note technique
Les plus et les moins
- Un jeu de combat stylé, intuitif, fin et accrocheur
- Le retour des stars iconiques de la franchise
- L'intrusion bienvenue du Sorceleur
- Le « Reversal Edge » qui pimente joliment les duels
- Une proposition solo consistante et convaincante
- Les artworks magnifiques des Chroniques d' me
- Durée de vie globale très correcte, sans compter le online
- Quasiment aucune mise en scène dans la narration
- Des environnements qui manquent de finesse et d'inspiration
- Des récompenses pas toujours très croustillantes à débloquer
Notre test détaillé
Renouer avec une franchise telle que SoulCalibur, portée aux nues à ses débuts avant de connaître de longues années d’errance, ne se fait pas sans fébrilité. Occupant une place à part sur la scène des jeux de combat de renom, la revoici plus déterminée que jamais à nous rappeler qu’elle est loin d’avoir dit son dernier mot.
(Ce test a été réalisé sur PlayStation 4.)
Aguicheuse autant sur le fond que sur la forme, la série SoulCalibur a toujours su s’attirer les faveurs d’un large public en alliant finesse et accessibilité. Misant sur une prise en main intuitive laissant une grande marge de progression, elle a compris comment tendre la main aux néophytes tout en garantissant aux connaisseurs la technicité qu’ils étaient en droit de réclamer. Mais si la franchise occupe encore aujourd’hui une place toute particulière dans le cœur des joueurs, c’est aussi en raison de sa proposition singulière en matière de contenu, la plupart de ses épisodes s’attachant à prendre en compte les préoccupations du joueur solo au-delà du jeu en ligne par l’intermédiaire de quêtes de longue haleine. SoulCalibur VI renoue d’ailleurs avec cette logique en s’efforçant de donner un maximum d’épaisseur aux défis en solitaire afin de nous préparer du mieux possible aux innombrables challenges qui nous attendent.
La danse du sabre
S’initier à un opus de SoulCalibur, c’est comme apprendre à nager, ça ne s’oublie pas. Même ceux qui auraient délaissé la série depuis des lustres retrouveront instinctivement leurs marques, exécutant naturellement les techniques de leur personnage favori comme à la grande époque des premiers volets de la franchise. Et de même que l’on s’extasiait jadis devant la beauté des joutes et la fulgurance des « coups de pieds spartiates » provoquant d’impitoyables sorties de ring, on s’enthousiasme encore devant la multiplicité des projections et le formidable ballet engendré par ces enchaînements de folie. Couvrant tout le spectre des animations martiales, des plus réalistes aux plus fantaisistes, les mouvements hypnotisent toujours par leur diversité propre aux armes blanches qui passent entre les mains expertes des figures légendaires de la série.
Question de style
Comme pour nous inciter à quitter aussi souvent que possible notre zone de confort en balayant l’ensemble des possibilités offertes par cet arsenal prestigieux, le titre nous invite à parcourir le mode Balance de l’Âme par le biais d’un avatar capable de s’adapter à n’importe quel style de combat. Chaque nouvelle arme sert de prétexte au renouvellement des approches de combat, exactement comme si l’on changeait de personnage pour expérimenter d’autres voies martiales. Ce n’est certes pas une nouveauté, mais s’en priver aurait constitué une faute grave dans la logique de la série. Gros morceau du jeu, ce mode solo constitue indéniablement le moyen le plus habile de nous forcer à une remise en question de nos préférences ludiques tant il se fait fort de ne laisser aucun style de combat en retrait. Auréolé de mécaniques RPG bienvenues qui garantissent une montée en puissance constante de notre avatar, l’aventure justifie sa douzaine d’heures en incorporant des choix pouvant influer sur l’orientation de l’histoire à mesure que l’on bascule de l’ordre vers le chaos, ou l’inverse. Sortir des rails du scénario est même régulièrement autorisé via une exploration libre (et risquée !) des régions de la carte pouvant mener vers d’innombrables défis annexes, avec autant de récompenses à la clef.
La croisée des destins
Même s’il se montre plus prévisible dans son déroulement, le mode Chronique d’Âme reste un passage obligé visant à dépoussiérer le background des protagonistes tout en incitant le joueur à laisser sa chance à chacun d’entre eux. Composé de confrontations scénarisées, prétextes à la revisite des histoires individuelles des vingt héros du jeu, il s’appuie sur de magnifiques artworks pour retracer les parcours de ceux dont les destins sont liés à Soul Edge. Dommage que la narration ne soit aucunement mise en scène, même si l’alignement des boîtes de textes a le mérite d’être un peu moins invasif que dans le mode Balance de l’Âme. Conçu comme un hommage à sa propre histoire, SoulCalibur VI se fait un devoir de réunir ainsi la quasi-totalité des combattants indissociables de la franchise, avec un focus sur les pérégrinations mouvementées de Kilik et l’entrée en scène remarquée de Geralt de Riv, le Sorceleur de la série The Witcher. Un invité de marque qui a bénéficié d’un soin manifeste dans l’élaboration de son profil et n’a rien à envier aux stars iconiques de la saga.
Maître d’armes
Accrocheur de par son efficacité immédiate due à son caractère résolument intuitif, le gameplay de SoulCalibur VI renferme des subtilités qui, bien exploitées, peuvent changer considérablement la donne. Bien que la plupart des mouvements spéciaux puissent s’effectuer via des touches de raccourci dans un souci de simplicité, cela ne retire rien à la dimension tactique des joutes qui reposent avant tout sur la maîtrise de l’espace. Les matchs en plusieurs rounds poussent à une lecture vigilante de la jauge conditionnant l’exécution des techniques les plus destructrices et incitent à recourir au tout nouveau « Revirement Edge ». Il s’agit d’un joker à double tranchant qui s’apparente plus ou moins à un janken (pierre-feuille-ciseaux) durant lequel l’action est ralentie pour permettre aux deux opposants de définir leur prochaine frappe ou esquive. À la fois offensif et défensif, ce mouvement pimente à la fois la mise en scène et le déroulement des combats sans dénaturer l’esprit de la franchise. Ajoutée aux autres finesses de gameplay, cette nouveauté garantit un quota d’imprévisibilité qui sied à merveille à cet épisode, nous faisant vite oublier le manque d’inspiration des environnements et de récompenses vraiment motivantes à déverrouiller.
Conclusion
À force d’introspections, la série SoulCalibur aura fini par revenir à ce qu’elle sait faire de mieux : réunir pros et néophytes autour d’un ballet martial intuitif qui renferme suffisamment de finesse et d’accessibilité pour permettre à chacun d’y trouver son bonheur. Plus alléchant en solo que la grande majorité de ses concurrents, SoulCalibur VI pourrait bien inciter ceux qui avaient tourné le dos à la série à replonger dans la spirale grisante des duels à l’arme blanche.