En résumé
De manière encore plus évidente que chez la concurrence, Shadow of the Tomb Raider affiche un refus de changement qui lui colle à la peau au point de saboter son efficacité. Si l’expérience reste franchement prenante et le rythme globalement maîtrisé, le manque de passages réellement marquants lui confère finalement peu de chances de laisser une trace indélébile dans nos esprits. Reste un voyage captivant qui parvient habilement à faire monter la pression à mesure que l’on approche de la fin.
Note technique
Les plus et les moins
- Des paysages grandioses et pittoresques
- Rythme et mise en scène maîtrisés
- La prédominance de l'infiltration sur l'action
- Les solutions pour limiter au maximum les approches frontales
- Le paramétrage indépendant des trois critères de difficulté
- Une pléthore d'activités facultatives
- L'option sonore « immersive » qui adapte la langue en fonction des NPC
- Une épisode qui s'endort vraiment trop sur ses acquis
- Majorité de séquences scriptées qui nuisent au sentiment de liberté
- La collecte omniprésente qui devient rapidement fastidieuse
- Peu de scènes réellement marquantes
Notre test détaillé
La promesse de comprendre l’évolution de celle qui est devenue une icône du jeu vidéo passait nécessairement par la découverte de la trilogie des origines, et c’est avec Shadow of the Tomb Raider que celle-ci trouve sa conclusion. Un voyage en terrain connu auquel on pourra reprocher une prévisibilité manifeste mais qui se justifie largement malgré tout.
(Ce test a été réalisé sur PlayStation 4.)
Si un certain Uncharted n’avait pas déjà sorti l’artillerie lourde pour nous ébahir à grand renfort de panoramas grandioses, Shadow of the Tomb Raider aurait de quoi convaincre n’importe quel amoureux de paysages exotiques de se mettre au jeu vidéo. Les contrées d’Amérique du Sud que Lara Croft arpente dans cet épisode semblent avoir positivement inspiré le staff en charge de la direction artistique au point de nous offrir quelques scènes majestueuses sur le plan visuel. Sur fond d’apocalypse maya, l’histoire nous entraîne au cœur de la jungle péruvienne, passant harmonieusement des ruines aztèques aux villages locaux pittoresques pour un dépaysement garanti. Côtoyer les autochtones fait d’ailleurs partie intégrante du gameplay, l’héroïne n’étant en mesure de dénicher l’ensemble des secrets enfouis qu’à la condition de prendre le temps de dialoguer avec les gens du coin. Pour cette raison, nous ne saurions que trop vous conseiller d’activer la très pertinente option sonore « immersive » qui adapte la langue des NPC en fonction de leurs origines.
Question de survie
Le contraste entre ces villages grouillant de vie et ces environs vierges de toute présence humaine est d’ailleurs l’une des grandes réussites de ce titre qui a le mérite de diversifier au maximum la nature de son adversité. Trinitaires, peuplades indigènes et bêtes sauvages se relayent ainsi régulièrement pour surprendre le joueur dans des phases d’action volontairement placées en retrait dans le but de privilégier les manœuvres furtives. Discrétion et ruse sont véritablement les maîtres-mots de l’expérience proposée dans Shadow of the Tomb Raider, les approches frontales jouant systématiquement en notre défaveur. À nous ensuite de personnaliser le tout via la grille de compétences de l’héroïne pour adapter au mieux le développement de Lara en optimisant ses aptitudes de survie sans négliger pour autant les autres aspects de son évolution.
En panne d’idées
Difficile, en contrepartie, de ne pas être frappé par cette impression de déjà-vu qui nous donne le sentiment amer de voir la série s’endormir passivement sur ses acquis sans prendre le moindre risque. On retrouve par exemple ces sempiternelles énigmes à base de poulies qu’il convient de tracter d’une façon bien précise à l’aide du combo arc/corde utilisé comme grappin lors de l’exploration des tombeaux. D’une manière générale, le jeu comporte aussi trop de séquences exagérément scriptées qui réduisent les possibilités d’action et nuisent au sentiment de liberté ressenti. Même les fonctionnalités qui sont censées faire partie intégrante du gameplay de cet opus, comme le fait de s’enduire de boue pour passer inaperçu, ne sont en réalité accessibles qu’à certains moments bien précis de l’aventure. Quant aux incontournables séquences d’escalade, elles nous laissent encore trop peu de marge de manœuvre pour parvenir à nous débarrasser de ce sentiment d’avancer parfois quasiment en pilote automatique.
Jouez comme vous êtes
Les concepteurs peuvent en revanche se féliciter d’avoir intégré un paramétrage de la difficulté suivant trois critères distincts que l’on peut ajuster de manière indépendante les uns des autres. Le soft s’adapte ainsi parfaitement à notre style de jeu en durcissant ou en assouplissant les conditions requises lors des phases d’exploration, de résolution d’énigmes et de combats. L’objectif est bel et bien de permettre à tout le monde d’harmoniser le challenge en fonction de ses envies. Ainsi, ceux qui trouveront que « l’instinct de survie » nuit un peu trop à l’immersion pourront librement hausser la difficulté pour ne pas être assistés dans la recherche des innombrables points de collecte. Il faut dire que l’omniprésence des matériaux qu’il est possible de récupérer sur l’ensemble du jeu rend le tout assez fastidieux, les éléments étant généralement indétectables à l’œil nu, ce qui incite à abuser de ce système. D’autant que ce dernier permet aussi de distinguer quels ennemis peuvent être neutralisés sans alerter ceux qui se trouvent aux alentours, et comme la logique ne s’applique pas toujours à cause d’une I.A. perfectible, cette option constitue une aide précieuse durant les séquences d’infiltration.
Des fondations solides
La collecte reste malgré tout indispensable car en lien direct avec le système de craft (fabrication) qui rejoint parfaitement l’idée de survie en milieu hostile, Lara devant elle-même fabriquer ses propres outils pour améliorer son arsenal. S’ajoutent à cela maintes opportunités de chasser la faune locale pour récupérer toutes sortes d’éléments destinés à varier nos tenues afin de bénéficier de bonus passifs. Même si la formule a fait ses preuves, son manque d’inspiration flagrant ternit d’autant plus l’expérience de jeu qu’à l’inverse d’un Uncharted, le titre comporte trop peu de scènes réellement marquantes pour être gravé durablement les esprits. Shadow of the Tomb Raider peut cependant compter sur une pléthore d’activités secondaires pour s’assurer que les joueurs ne lâcheront pas l’affaire avant au minimum une vingtaine d’heures de jeu, avec la possibilité de prolonger le plaisir en New Game +.
Conclusion
De manière encore plus évidente que chez la concurrence, Shadow of the Tomb Raider affiche un refus de changement qui lui colle à la peau au point de saboter son efficacité. Si l’expérience reste franchement prenante et le rythme globalement maîtrisé, le manque de passages réellement marquants lui confère finalement peu de chances de laisser une trace indélébile dans nos esprits. Reste un voyage captivant qui parvient habilement à faire monter la pression à mesure que l’on approche de la fin.