En résumé
Probablement l’épisode le moins connu de la série, Yakuza 2 offre à travers cet excellent remake une occasion parfaite de refaire son retard. Dramatiquement noir et tragique, cet épisode nous traîne dans les bas-fonds du Japon comme peu d’autres jeux ont su le faire et plaira à n’en pas douter aux amateurs de films de genre. Un jeu généreux – le scénario inédit dédié à Goro Majima est là pour en témoigner –, mais qui n’en fait jamais trop, et dont le seul tort finalement sera de débarquer après Yakuza 6. En même temps, il faut bien lui reconnaître que passer quelques mois après les adieux poignants de Kiryû n’est pas chose aisée.
Note technique
Les plus et les moins
- Un modèle de remake à tous points de vue
- Vraiment très joli
- Des mécaniques remises au goût du jour
- Une ambiance unique
- Un scénario de film de gangsters prenant et bien rythmé
- Le scénario bonus mettant en scène Goro Majima
- Les voix japonaises
- Certains passages qui trahissent l’âge du jeu
- Le retour à un seul style de combat
- La caméra et le lock sont largement perfectibles
- Pas de sous-titres français
Notre test détaillé
Yakuza étant devenu une licence mondialement appréciée, SEGA poursuit soigneusement son travail de restauration. En attendant l’arrivée des versions remasterisées des troisième, quatrième et cinquième épisodes, tous parus sur PlayStation 3, la firme au hérisson bleu alimente ses fans avec Yakuza Kiwami 2, un remake intégral du second volet paru à l’origine sur PlayStation 2.
(Ce test a été réalisé sur PlayStation 4.)
Dans le monde virtuel dans lequel évolue Kazuma Kiryû, une année à peine s’est écoulée depuis qu’il est parvenu à pacifier le quartier tokyoïte de Kamurochô. Son devoir rempli, il pensait pouvoir mener une vie paisible loin de cette poudrière qu’est la capitale, auprès de la petite Haruka, sa fille adoptive rencontrée dans le premier volet. Mais c’était sans compter les guerres intestines et les luttes de pouvoir qui agitent perpétuellement la pègre japonaise. De nouveau appelé à la rescousse, notre gangster repenti va devoir ce coup-ci devoir partager son temps entre Tokyo et Osaka, où un certain Ryûji Goda ambitionne de devenir le parrain des parrains afin de régner sur l’ensemble de la face cachée du Japon.
En terrain connu
Comme toujours dans les Yakuza, les histoires de clans et de familles – dans lesquelles nous n’entrons volontairement pas en détails – forment un sacré bordel, où se télescopent mensonges, complots, trahisons et alliances inattendues. Au même titre que le gameplay, qui prend la forme d’un jeu d’action-aventure ouvert où la baston guette à chaque coin de rue, la recette a beau être éculée, elle continue de fonctionner à merveille. C’est particulièrement vrai dans le cas de cet épisode, qui est sans doute l’un de ceux qui se rapprochent le plus du cinéma de genre japonais. Produit à une époque où la franchise avait encore tout à prouver, le Yakuza 2 originel se concentrait en effet sur son rythme et son scénario, et évitait de se disperser dans des retournements de situation rocambolesques et des intrigues superflues.
Comme un air de Yakuza 6
Yakuza Kiwami 2 est un remake respectueux de son matériau d’origine, mais qui sait aussi se montrer moderne. Si le premier Yakuza Kiwami (le remake du tout premier Yakuza, donc) profitait de tout de ce que Yakuza 0 avait apporté entretemps, cette suite emprunte pour sa part ses mécaniques au récent Yakuza 6. Les deux jeux ont en effet beaucoup en commun. A quelques coups chargés près, ils partagent le même système de combat, composé d’un seul et unique style. Leur système de progression est également identique, et repose donc sur des points d’expérience répartis dans différentes catégories, comme pour mieux inciter le joueur à plonger dans les nombreuses activités annexes disséminées sur le parcours du héros. Ici, se bastonner avec la racaille du coin ne suffit pas pour faire de Kiryû un combattant accompli. Il faudra aussi veiller à aider les badauds via des quêtes secondaires parfois absurdes, penser à se divertir – notamment sur les bornes d’arcade de Virtua Fighter 2 et Virtual On – ou encore varier ses repas, sans quoi de nombreuses améliorations et capacités resteront inaccessibles.
Les similitudes qui existent entre les deux jeux s’expliquent par le fait que leur sortie se suive, mais aussi en raison de l’utlisatoin du même moteur. Après Yakuza 6, Kiwami 2 est le second volet de la série à exploiter le Dragon Engine. Pour rappel, cette technologie rend les contrôles et les déplacements moins rigides, et permet à Kiryû d’entrer dans la plupart des bâtiments sans passer par le moindre temps de chargement, d’enjamber les petites barrières qui lui font barrage, mais aussi de démarrer une bagarre de rue presque sans temps mort. Ce moteur se distingue aussi par la qualité de ses graphismes, qui atteint ici un niveau auquel peu de productions japonaises peuvent prétendre. C’est vrai, les expressions faciales nous ont parus un peu plus figées que dans l’ultime aventure de Kiryû. Mais pour le reste, dans la modélisation des protagonistes comme dans la reconstitution des décors, ce remake surclasse clairement tout ce que la série a pu proposer à ce jour.
Entre stigmates et fulgurances
Le travail effectué pour remettre Yakuza 2 au goût du jour est tellement impressionnant que ses quelques petits défauts venus tout droit du passé font forcément un peu tâche. On pense par exemple à ces passages où il nous met dans la peau d’un larbin contraint à enchaîner des allers-retours pour faire avancer l’intrigue. Ou encore à ces sortes de donjons dont l’architecture peu inspirée aurait mérité d’être retravaillée. Pour contrebalancer, ce remake peut heureusement compter sur quelques ajouts de poids. Le premier tient dans le retour du mini-jeu de gestion de bar à hôtesses croisé dans Yakuza 0. Véritable gouffre à temps, celui-ci demande de faire prospérer une affaire en plaçant judicieusement ses employées selon les attentes des clients (femmes sexy, femmes qui a de la conversation, etc.), après les avoir préalablement recrutées et lookées. Le second, qui se débloque au fil de l’aventure principale, prend la forme de trois chapitres inédits mettant en scène Goro Majima. Particulièrement bien écrit et touchant, ce scénario bonus fait le lien de manière remarquable avec Yakuza 0, et démontre si besoin en était que la série ne vise jamais aussi juste que lorsqu’il s’attarde sur l’intimité de ses protagonistes.
Conclusion
Probablement l’épisode le moins connu de la série, Yakuza 2 offre à travers cet excellent remake une occasion parfaite de refaire son retard. Dramatiquement noir et tragique, cet épisode nous traîne dans les bas-fonds du Japon comme peu d’autres jeux ont su le faire et plaira à n’en pas douter aux amateurs de films de genre. Un jeu généreux – le scénario inédit dédié à Goro Majima est là pour en témoigner –, mais qui n’en fait jamais trop, et dont le seul tort finalement sera de débarquer après Yakuza 6. En même temps, il faut bien lui reconnaître que passer quelques mois après les adieux poignants de Kiryû n’est pas chose aisée.