En résumé
Un réel coup de cœur pour cette revisite magistrale des racines de la série Ninja Gaiden truffée d’allusions vraiment drôles au petit monde du jeu vidéo. The Messenger est un voyage rétro maîtrisé de bout en bout qu’on ne lâche qu’à regret au terme d’un run plein de surprises.
Note technique
Les plus et les moins
- L'hommage sincère au premier Ninja Gaiden de la NES
- La souplesse des contrôles combinée aux routines rétro
- Un vrai souci du détail et un humour savoureux
- La difficulté extrêmement bien dosée
- L'exploration relancée au moment où l'on croit le jeu plié
- Un second pan du jeu qui décuple la durée de vie
- Certaines zones visuellement moins inspirées que d'autres
- Des musiques rythmées mais facilement oubliables
- Des allers-retours inévitables dans le second segment du jeu
Notre test détaillé
Un ninja qui cavale comme si sa vie en dépendait, la main posée sur la garde de son katana, prêt à pourfendre ses adversaires d’un claquement de sabre sans même un regard en arrière pour le flot d’ennemis qui jaillit de manière ininterrompue. Ça ne vous rappelle rien ? Les concepteurs de The Messenger sont manifestement de grands fans du premier Ninja Gaiden et l’hommage qu’ils lui rendent est plein de bonnes intentions.
(Ce test a été réalisé sur Nintendo Switch.)
Lorsque nous évoquons l’ancêtre de la série Ninja Gaiden, nous parlons bien du premier épisode NES sorti chez nous en 1991 sous le titre de Shadow Warriors, et non de l’épisode arcade que certains d’entre vous ont peut-être connu. À elle seule, la posture du héros de The Messenger suffit à nous remémorer ces grands moments de voltige teintés de frustration devant l’implacabilité du titre de Tecmo qui se démarquait déjà par son intensité, ses musiques mémorables et sa narration cinématographique. À l’heure où la série était encore tournée vers l’action/plate-forme en 2D, le nom de Ninja Gaiden fascinait ceux qui avaient l’audace de relever son défi.
L’émissaire ninja
Le titre de The Messenger résume en un mot la situation : ayant assisté impuissant à la destruction de son village par un puissant démon, le personnage que l’on incarne doit transmettre un mystérieux parchemin à trois sages exilés au sommet d’une montagne. Restituant à merveille le caractère frénétique de son modèle, The Messenger convainc immédiatement par la souplesse de ses contrôles combinée à des routines rétro qui n’ont plus rien à prouver. Manette en main, le titre donne vraiment l’impression de jouer à une déclinaison « idéale » des premiers Ninja Gaiden, comme s’ils avaient été débarrassés de tous ces handicaps qui rendaient leur découverte parfois si rageante à l’époque. Le héros de The Messenger enchaîne les frappes précises sans discontinuer et voit son saut mural largement optimisé pour évoluer comme un écureuil sur les parois… et comme un écureuil volant dans les airs ! La possibilité, via une aptitude à déverrouiller, de réagir lorsqu’on est repoussé par un choc évite la frustration des chutes mortelles, la seule contrainte encore un peu archaïque du gameplay résidant dans la réapparition systématique des ennemis. Une bonne chose tant les premiers tableaux sont limpides à parcourir, même si les choses se corsent nettement par la suite.
De l’art de surprendre
Si la présence régulière de checkpoints permet de repartir non loin de l’endroit où l’on a trépassé, cela passe néanmoins par une dette qu’un petit démon se charge de venir récupérer. En nous suivant à la trace dans les niveaux pour nous priver d’une partie de notre butin, ce démon ralentit notre gain d’expérience sans pour autant nous pénaliser outre mesure. Aussi inégaux que peuvent l’être les environnements en termes d’inspiration, les boss renferment quelques surprises vraiment géniales et adoptent tous un comportement à l’ancienne qui permet de tirer immédiatement les leçons de ses erreurs. Délectable à jouer, le titre abrite également tout un éventail de compétences à débloquer pour étoffer notre palette ninja en contrant les projectiles ou en s’accrochant à des prises de toutes sortes via notre kunaï à corde. Le fait de posséder, de base, un « saut nuage » qui permet d’enchaîner les bonds aériens à chaque fois qu’on touche une cible (décor ou ennemi), ajoute au caractère virevoltant de la progression et donne lieu à des séquences de plate-forme extrêmement fluides et stylées.
Retour vers le futur
Plutôt que de s’achever prématurément, The Messenger a surtout le bon goût de relancer la donne via un voyage temporel inattendu alors que l’on croit le soft plié. Cela se traduit par une exploration beaucoup plus poussée des niveaux, le joueur se retrouvant alors entièrement libre de définir son parcours avec de nouveaux objectifs à atteindre. Débusquer les salles secrètes pour collecter les précieux sceaux du pouvoir ne constituera pas votre seule source de motivation pour prolonger le plaisir au-delà de la douzaine d’heures de jeu… soit bien plus que ce qu’aurait pu offrir le titre s’il s’était limité à sa proposition initiale !
Travail de passionnés
Du début à la fin, et avec un talent certain, les concepteurs s’amusent aussi constamment du joueur en se moquant de ce qu’il croit savoir au travers de dialogues truffés d’humour. Un souci du détail qui passe également par toutes ces petites choses insignifiantes qui rendent le voyage si surprenant, comme le fait de voir la musique s’étouffer à chaque fois qu’on met la tête sous l’eau. Entièrement traduit en français, le jeu ne se prive pas non plus de multiplier les allusions pointues aux références passées du monde du jeu vidéo et ne déçoit à aucun moment. Il n’y a finalement que les musiques chiptune qui, bien que rythmées à souhait, ne parviennent pas à la cheville des mélodies inoubliables de ce bon vieux Ninja Gaiden sur NES, ainsi qu’une propension aux allers-retours qui peut s’avérer lassante à la longue. Rien qui ne saurait empêcher les fans de jeux d’action old school de se jeter sur cette petite merveille !
Conclusion
Un réel coup de cœur pour cette revisite magistrale des racines de la série Ninja Gaiden truffée d’allusions vraiment drôles au petit monde du jeu vidéo. The Messenger est un voyage rétro maîtrisé de bout en bout qu’on ne lâche qu’à regret au terme d’un run plein de surprises.