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Test d’Inside : Quand Limbo devint chef-d’œuvre

19 juillet 2018
Par Hung Nguyen
Test d'Inside : Quand Limbo devint chef-d’œuvre

En résumé

Ce portage Switch est l’occasion de rappeler qu’après avoir marqué les esprits avec Limbo, Playdead a enfoncé le clou avec le magistral Inside. Sorte de suite spirituelle, ce second jeu du studio danois reprend la formule plébiscitée de son aîné pour mieux la transcender et aboutir à un véritable chef-d’œuvre. Car s’il n’est pas le plus inventif des jeux de plateforme à énigmes, il est sans doute l’un des plus intelligents et maîtrisés jamais produits. Artistiquement superbe, parfaitement maîtrisé sur le plan ludique, et tellement malin dans sa narration, il reste inégalé même deux ans après sa sortie. Une vraie claque !

Note technique

Les plus et les moins

Les plus
  • Une direction artistique d’une rare élégance
  • Le travail sur le son
  • Une atmosphère glauque et oppressante
  • Prise en main impeccable
  • La physique et les animations du héros qui le rendent tellement vivant
  • Des énigmes bien conçues et variées
  • Un rythme parfaitement maîtrisé
  • Un propos surprenant et particulièrement bien amené
Les moins
  • Moins de quatre heures de jeu ?
  • Peut-être un peu simple dans l’ensemble

Notre test détaillé

Deux ans après avoir relégué Limbo au rang de simple brouillon, Inside fait son grand retour à la faveur d’un portage sur Switch. L’occasion pour nous de revenir sur son cas, mais aussi de vérifier si cette nouvelle version fait bien honneur au fantastique travail artistique du studio danois Playdead.
(Ce test a été réalisé sur Nintendo Switch.)

Comme son illustre aîné, Inside s’ouvre, sans que le moindre mot soit prononcé, sur la fuite à travers bois d’un jeune garçon. Une similitude qui tient ceci dit plus du clin d’œil que de la redite dans la mesure où le deuxième titre de Playdead prend, dès les secondes qui suivent, ses distances pour dérouler son récit. Très vite, les décors diffèrent. La direction artistique se veut plus réaliste, des couleurs ternes viennent se superposer aux cinquante nuances de gris qui caractérisent son prédécesseur. Enfin, là où la menace qui planait sur Limbo entretenait constamment le mystère autour de sa nature réelle, celle qui habite Inside revêt des traits beaucoup plus concrets : ceux d’adultes malintentionnés.

Inside

Narration environnementale

Pour une raison que l’on ignore, ceux-ci sont lancés à la poursuite du héros, n’hésitant pas à lui tirer dessus, à l’étrangler ou à lâcher des chiens féroces pour l’immobiliser. Il n’a donc d’autre choix que d’avancer, de poursuivre inlassablement sa fuite en avant quitte à devoir s’enfoncer dans un sinistre complexe industriel où se trament des choses pas très nettes. Pourquoi fuit-il ? Que fuit-il ? À quel genre d’expériences se livrent les personnes croisées ? Le jeu ne le dit pas. Il ne faut d’ailleurs pas attendre de lui la moindre explication.

Inside

Les indices les plus tangibles sur le scénario sont à chercher dans les arrière-plans, où se déroule l’essentiel de la narration. Une particularité qui oblige à ouvrir l’œil donc, mais qui laisse aussi énormément de place aux interprétations du joueur. Inside fait partie de ces jeux qui continuent à vivre dans les têtes même une fois l’aventure arrivée à son terme, et dont on ressort aussi intrigué qu’au moment de le lancer. Évidemment, on se gardera de trop en dire. Sachez seulement que pour reconstituer le puzzle qu’il est, il faudra rejouer certaines séquences pour en comprendre le sens. Mais aussi faire preuve de curiosité pour tenter de dénicher la fin cachée, qui apporte autant de réponses que d’interrogations.

Inside

Une réussite de bout en bout

Si l’on parle de curiosité, c’est parce qu’en dehors du cheminement qui mène à cette conclusion alternative, Inside est un titre au déroulement limpide. Chaque passage, chaque détail a fait l’objet d’un tel soin, que la progression est d’une fluidité exemplaire. À l’inverse de la grande majorité des productions actuelles, il ne s’embarrasse d’aucun didacticiel, il ne détaille aucune mécanique et ne propose pas le moindre système d’indices. Pourtant tout y est tellement évident que l’aventure prend la forme d’une course ininterrompue au tempo savamment dosé.

Inside

Une formule transcendée

Comme Limbo avant lui, Inside est à ranger dans la case des jeux de plateforme en 2D dans lesquels viennent se mêler toutes sortes d’énigmes. La différence majeure entre les deux productions tient dans l’hostilité que nourrissent les adultes à l’égard du garçon. Là où le premier jouait – un peu trop, sans doute – sur le « die & retry » (ou trial & error, une mécanique de progression qui contraint de mourir pour comprendre le fonctionnement des pièges et les éviter ensuite) pour amener de la surprise et du challenge, Inside mise de son côté sur une tension latente. La présence de gardes et de leurs chiens donne ainsi lieu à des séquences d’infiltration ou de poursuite dont on peut parfois sortir vivant en faisant preuve d’attention, de réflexe, et de jugeote.

Inside

Les puzzles, quant à eux, se montrent beaucoup plus malins et variés, et n’hésitent pas à s’étaler sur des « niveaux » bien plus vastes. Évidemment, il ne s’agit pas de vous gâcher la surprise. Mais sachez qu’en plus des traditionnels blocs à déplacer, des leviers à tirer ou des mécanismes au timing serré, Inside demande parfois de prendre le contrôle de personnages tiers (on vous laisse découvrir par quel biais) ou de plonger dans l’eau, aussi bien directement qu’à bord d’un sous-marin. Le jeu a le bon goût de ne jamais se répéter. Et s’il est vrai que ses mécaniques ne font pas forcément partie des plus brillantes jamais croisées, elles affichent une telle maîtrise et s’emboîtent avec telle cohérence dans l’univers que l’on ne peut être qu’admiratif devant le travail accompli.

Inside

Un aboutissement pour Playdead

Cette subtile alchimie à laquelle sont parvenus les développeurs est l’autre différence fondamentale entre les deux jeux. Car si Limbo est considéré comme un chef-d’œuvre par de nombreux joueurs, il fait clairement figure de brouillon à côté d’Inside. Le propos, la narration, la variété, le rythme, tout y est plus puissant. L’abandon d’une représentation en ombres chinoises et l’ajout de couleurs rend aussi l’action bien plus lisible. Tandis que les contrôles se font plus précis, grâce notamment à un moteur physique beaucoup plus satisfaisant et des animations plus détaillées. À de nombreux égards, Inside peut être perçu comme une simple suite de Limbo. Mais en vérité, il est bien plus que cela, il est l’aboutissement de sa formule.

Inside

Une Switch à la hauteur

Inside n’étant pas un jeu particulièrement gourmand en ressources, son portage sur Switch n’avait pas de raisons particulières de nous décevoir. Que ce soit du côté du rendu ou de la fluidité, cette version est à peu près conforme aux moutures PS4, Xbox One ou PC. La profondeur de champ et le jeu de perspective sont ici intacts pour donner le relief attendu aux environnements. Les éclairages et la gestion de la lumière sont toujours aussi fins pour nimber le tout d’une teinte à la fois inquiétante et mystérieuse. Et pour ne rien gâcher, ces performances demeurent constantes, mais lorsque la Switch est utilisée comme une console nomade.

Conclusion

Ce portage Switch est l’occasion de rappeler qu’après avoir marqué les esprits avec Limbo, Playdead a enfoncé le clou avec le magistral Inside. Sorte de suite spirituelle, ce second jeu du studio danois reprend la formule plébiscitée de son aîné pour mieux la transcender et aboutir à un véritable chef-d’œuvre. Car s’il n’est pas le plus inventif des jeux de plateforme à énigmes, il est sans doute l’un des plus intelligents et maîtrisés jamais produits. Artistiquement superbe, parfaitement maîtrisé sur le plan ludique, et tellement malin dans sa narration, il reste inégalé même deux ans après sa sortie. Une vraie claque !

Article rédigé par
Hung Nguyen
Hung Nguyen
Journaliste - spécialisé en jeux vidéo
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