En résumé
Si une occasion de découvrir un J-RPG resté inédit en Europe sur PS3 dans une version augmentée est toujours bonne à saisir, attention toutefois à ne pas trop surestimer le potentiel de ce Shining Resonance Refrain. Desservi par des lacunes techniques que l’on retrouve trop souvent dans ce genre de productions, le titre se rattrape heureusement par ses mécaniques à dilemmes, son rythme soutenu et sa proposition généreuse qui nous ramène constamment vers elle.
Note technique
Les plus et les moins
- Le remaster d'un J-RPG inédit livré avec sa hotte de DLC
- Jinas et Excella jouables directement via le mode Refrain
- Le système des transformations en dragon à double tranchant
- Les éléments relatifs à l'entente entre les personnages
- Pas de limite dans le nombre de quêtes actives en simultané
- Doublage original japonais inclus dans les options
- Nombreux donjons et boss optionnels en marge de la quête principale
- Des problèmes de caméra d'un autre âge
- Les phases de level-up trop souvent indispensables
- Des quêtes optionnelles qui reviennent à l'infini
- Très bavard pour un jeu non traduit en français
Notre test détaillé
Depuis qu’elle a choisi de délaisser son orientation tactique au profit de routines de jeu de rôles plus grand public, la franchise Shining Force ne résonne plus aussi puissamment qu’à sa grande époque dans les années 90. À vrai dire, le fait que la version PS3 de Shining Resonance n’ait pas eu droit à une distribution occidentale en 2014 ne semble pas avoir froissé beaucoup de monde. Petite session de rattrapage tout de même avec ce remaster proposé sur PS4, Switch, PC et Xbox One.
(Ce test a été réalisé sur PlayStation 4.)
Quatre ans après sa sortie japonaise sur PS3, Shining Resonance devient accessible à l’international à travers une version Refrain enrichie de tous ses DLC. Bien que les textes de l’édition française soient intégralement en anglais, le doublage original japonais est proposé dans les options et c’est une nouvelle chanson d’introduction qui se laisse apprécier au lancement du jeu. Principal argument de ce remake : l’accès direct au mode Refrain qui rajoute deux personnages clefs à notre équipe dès le premier chapitre de l’aventure. Mais voyons tout cela d’un petit peu plus près.
Un élu maudit
Traqué par l’empire parce qu’il possède l’âme d’un dragon ancestral étincelant, Yuma Ilvern moisit en cellule lorsque la princesse du royaume d’Astoria lui ouvre les portes d’un destin plus heureux. D’abord réticent à puiser dans son pouvoir pour se rebeller sous sa forme draconienne dévastatrice, le jeune homme prend sur lui quand il réalise que ses dons pourraient bien mettre fin à la détresse du peuple d’Astoria. En dépit de ficelles narratives convenues, le scénario du titre a le mérite de dresser le portrait d’un héros fragile qui contraste avec des compagnons résolus à ne pas rester dans son ombre. Attachants et servis par un joli character design (réalisation des personnages), les protagonistes susceptibles de rejoindre l’équipe de Yuma se démarquent tous par un style de combat propre à chacun d’entre eux. Les habitués de la série « Tales of » se trouveront en terrain connu avec des affrontements en temps réel dynamiques qui s’abordent différemment selon le protagoniste incarné. En apparence classique, le maniement de Yuma se révèle rapidement sujet à de véritables dilemmes dans la gestion des points de mana (PM), le personnage risquant fortement de basculer dans un état de fureur incontrôlable s’il reste trop longtemps sous son apparence de dragon.
Résonance de groupe
Desservi par une réalisation graphique dépassée et un système de jeu aux airs de déjà-vu, Shining Resonance Refrain se rattrape par cette gestion intéressante des transformations du héros qui constitue un élément stratégique à ne pas mésestimer. À mesure que l’éventail des compétences utilisables par les différents personnages s’étoffe, on peut réellement commencer à chercher des solutions afin de contourner les problèmes relatifs à l’état berserk de Yuma. La notion de résonance constitue par exemple un élément majeur à prendre en compte puisqu’elle permet d’optimiser le potentiel des alliés selon l’état des relations qu’ils entretiennent les uns avec autres. Accessible depuis le sous-menu, un diagramme nous laisse le soin d’établir lesdites liaisons entre chaque membre de l’équipe en se servant de leurs traits de caractère pour définir les meilleurs soutiens possibles. C’est évidemment le temps passé avec les uns ou les autres en dehors des combats qui permettra d’approfondir ces relations d’amitié (ou plus si affinités) pour ensuite prendre l’ascendant lors des combats. À cela s’ajoute la dimension musicale, des scènes de chants runiques prodiguant des effets bénéfiques qui varient en fonction du personnage placé au centre de l’équipe.
Les écueils d’un J-RPG
Mais en dehors de ces trois éléments propres à l’univers de Shining Resonance Refrain, on ne peut pas dire que le titre se démarque beaucoup de la plupart des autres RPG venus du Japon. Il ne nous épargne ni sa tartine de dialogues ingénus ni ses phases de level-up indispensables si l’on veut espérer franchir chaque région en un seul morceau. Très nombreux, les combats s’enchaînent à l’excès pour ne délivrer tout leur piment que face aux boss, lorsque la gestion de l’état draconien de Yuma devient une donnée clef à gérer. Le reste du temps, on pestera surtout contre ces caméras toujours placées aux plus mauvais endroits, même s’il est désormais possible de retenter immédiatement un combat en cas d’échec. Rarement passionnantes, les quêtes optionnelles se limitent trop souvent à de simples tâches à effectuer en boucle pour accumuler des récompenses, les mêmes missions se débloquant indéfiniment à chaque fois qu’elles ont été complétées. Décourageant…
Quel mode choisir ?
À travers son mode Refrain, que l’on nous dit clairement recommandé dans le cadre d’une seconde partie pour une meilleure compréhension et appréciation de l’histoire, le titre renferme encore un autre dilemme. Sachant que le public européen n’a pas eu droit à la version PS3 de Shining Resonance, il semble logique de privilégier d’abord le mode Original avant d’opter pour l’aventure en mode Refrain. Doit-on pour autant s’efforcer de terminer deux fois le jeu en sachant qu’il s’agit quasiment de la même expérience ? Nous serions plutôt tentés de répondre par la négative, puisque le fait de démarrer directement en mode Refrain permet de suivre le même déroulement narratif tout en profitant de l’arrivée de deux antagonistes jouables dès le début de l’aventure. Ces derniers ne sont d’ailleurs pas dénués d’intérêt niveau gameplay, les pouvoirs de la princesse impériale Excella complétant à merveille les frappes rapides du tueur de dragons Jinas. Dommage, tout de même, que l’intrusion précoce de ces deux individus importants n’altère en rien le scénario du jeu, ce qui n’incite absolument pas à parcourir les deux modes l’un après l’autre. Ceci mis à part, Shining Resonance Refrain reste appréciable pour ses affrontements rythmés et ses mécaniques fonctionnelles qui font que l’on accroche durant plusieurs dizaines d’heures de jeu sans savoir précisément pourquoi.
Conclusion
Si une occasion de découvrir un J-RPG resté inédit en Europe sur PS3 dans une version augmentée est toujours bonne à saisir, attention toutefois à ne pas trop surestimer le potentiel de ce Shining Resonance Refrain. Desservi par des lacunes techniques que l’on retrouve trop souvent dans ce genre de productions, le titre se rattrape heureusement par ses mécaniques à dilemmes, son rythme soutenu et sa proposition généreuse qui nous ramène constamment vers elle.