En résumé
Mega Man Legacy Collection et sa suite proposent un contenu copieux, de qualité, mais un peu convenu. En se les procurant, les joueurs nostalgiques pourront replonger dans leurs vieux souvenirs et profiter de la série dans des conditions extrêmement proches de celles de l’époque. Les plus jeunes, quant à eux, trouveront ici une opportunité en or pour découvrir en long et en large l’une des légendes du jeu vidéo du siècle dernier. Cela suffira amplement à certains. Pour notre part, on ne peut s’empêcher de penser que Capcom aurait pu en faire un peu plus.
Note technique
Les plus et les moins
- Tous les épisodes numérotés sur Switch
- Des sensations fidèles à celles de l’époque
- Des défis nombreux et relevés
- Les points de sauvegarde rapide
- La partie Musée bien remplie en illustrations
- Les bandes-originales à écouter librement
- Il faut aimer la difficulté old school
- Deux compilations vendues séparément
- En version dématérialisée uniquement
- Interface et contrôles pas uniforme d’une compilation à l’autre
- Que les épisodes numérotés, donc pas de Mega Man & Bass
Notre test détaillé
L’arrivée d’un onzième opus dans le courant de l’automne prochain en atteste : après l’avoir relégué au placard durant de nombreuses années, Capcom mise de nouveau sur Mega Man. En attendant ce retour que l’on espère triomphal, l’actualité du « Blue Bomber », comme il est parfois surnommé, est marquée par la réédition de ses plus belles performances. Ainsi, en attendant la sortie cet été de deux volets chargés de nous faire redécouvrir la série Mega Man X, Capcom propose aux détenteurs de Switch de replonger dans l’intégralité de la saga canonique par le biais d’un duo de compilations que les possesseurs de PS4 et de Xbox One connaissent déjà.
(Ce test a été réalisé sur Nintendo Switch.)
Jusqu’au milieu des années 90, les grandes sagas du jeu vidéo aimaient se reposer sur un unique antagoniste pour développer leur trame. Mario a par exemple eu Bowser. Sonic devait se farcir l’infâme Dr. Robotnik (qui a repris son nom japonais d’Eggman depuis). La famille Belmont était opposée au Comte Dracula à chaque nouvel épisode de Castlevania. Quant à Mega Man, il a systématiquement eu affaire au Dr. Wily et à ses sbires. Suite après suite, ce petit robot bleu au casque caractéristique devait en effet se démener pour contrecarrer les plans machiavéliques de ce scientifique fou. Il faut dire qu’entre la reprogrammation d’intelligences artificielles pour retourner les machines contre les civiles, les dénonciations calomnieuses ou le coup du bon vieux rapt doublé de chantage, Wily est du genre à être prêt à tout pour arriver à ses fins.
C’est ce que nous rappelle Mega Man Legacy Collection et sa suite, deux compilations vendues 15 euros pièce via la boutique en ligne de la Switch. Et elles regroupent l’intégralité des épisodes canoniques de la saga. La première compilation réunit en effet les six premiers opus parus sur NES entre 1987 et 1993. Quant à la seconde, elle est composée du septième volet sorti en 1995 sur Super Nintendo, du huitième sorti en 1996 sur PlayStation et Saturn, ainsi que des neuvième et dixième qui ont été produits en 2008 et 2010 pour les différentes plateformes de téléchargement des consoles de la génération précédente (Wii, PlayStation 3 et Xbox 360).
Mélange des genres
Pour ceux qui ne sauraient vraiment pas de quoi il en retourne, rappelons que Mega Man est une série pionnière du jeu vidéo. À une époque où tout était encore très catégorisé et codifié, elle s’essayait en effet à un drôle de mélange des genres en combinant plateforme et jeu de tir. En plus de devoir éviter les pics (avec lesquels le contact est mortel) et franchir les précipices en bondissant comme le ferait un célèbre plombier moustachu, le héros devait en effet user d’un canon greffé à son bras pour venir à bout de toutes sortes d’ennemis.
Situé quelque part entre un Super Mario Bros. et un R-Type, pour citer deux noms bien connus, Mega Man proposait quelque chose de particulièrement rafraîchissant. Et c’est d’autant plus vrai que sa progression, qui sera reprise dans chacune de ses suites, ne reposait pas sur une succession figée de niveaux. Dans Mega Man, il était possible de parcourir les différents mondes dans l’ordre de son choix. Une liberté rare pour l’époque, qui permettait à chaque joueur de vivre une expérience à peu près unique. En effet, après avoir vaincu un boss, le héros héritait de son pouvoir. Lequel se révélait ensuite particulièrement efficace contre l’un des autres ennemis majeurs du jeu. À force de tentatives et d’échecs, il était donc possible de deviner l’ordre optimal dans lequel devaient être parcourus les niveaux. Un ordre sans lequel l’aventure se montrait beaucoup plus corsée.
Une difficulté à l’ancienne
C’était déjà le cas à l’époque, mais ça l’est sans doute davantage aujourd’hui, les Mega Man sont des jeux difficiles. L’inertie particulière du héros, dans les premiers épisodes, rend chaque saut particulièrement périlleux (surtout lors des passages où les plateformes deviennent mouvantes). Les ennemis ont la fâcheuse tendance à réapparaître dès que l’on s’éloigne de quelques pas en arrière. Les schémas d’attaque des boss sont redoutables et demandent impérativement d’être étudiés pour être déjoués. Enfin, si l’on y joue à l’ancienne, les vies sont peu nombreuses et la sauvegarde inexistante – un système de mots de passe est toutefois présent pour éviter d’avoir à reprendre une partie depuis le départ.
Des bonus en pagaille
Pour éviter de frustrer les joueurs, Capcom a bien évidemment ajouté différentes fonctionnalités à ces compilations. Il est ainsi possible de créer des points de sauvegarde rapide à n’importe quel moment via l’écran de pause, ou de bénéficier d’un tir automatique pour envoyer les boulettes par salves de trois. La première compilation permet même de rembobiner l’action très librement afin de corriger une erreur, qu’elle soit mortelle ou non. Quant à la seconde, elle propose de revêtir une super armure qui réduit de moitié les dégâts reçus. Côté affichage, il est évidemment possible de jouer dans le format 4/3 de l’époque, avec une image légèrement étirée ou non. Mettre les jeux en plein écran est également possible, mais n’ayant pas été conçus pour les écrans 16/9 d’aujourd’hui, les jeux s’en trouvent forcément défigurés avec un rendu aplati.
La valeur patrimoniale des deux Mega Man Legacy Collection est incontestable. Et c’est d’autant plus vrai qu’ils contiennent une section Musée bourrée d’artworks, ainsi qu’un lecteur audio pour écouter en boucle la bande originale des différents jeux. Ceci dit, force est d’admettre que l’on aurait aimé une proposition un peu plus étoffée de la part de Capcom. Il y a certes de nombreux défis (challenge en temps limité, niveaux remixés, etc.) à relever pour les joueurs les plus motivés. Mais on aurait aimé que Capcom en fasse un peu plus, et profite de ces sorties tardives sur Switch pour réunir les deux compilations au sein d’une même cartouche et en faire un bel objet, plutôt que de les proposer uniquement sous forme dématérialisée. Ou encore qu’il propose quelques épisodes non numérotés comme l’excellent Mega Man & Bass ou le rigolo spin-off Mega Man Soccer.
Conclusion
Mega Man Legacy Collection et sa suite proposent un contenu copieux, de qualité, mais un peu convenu. En se les procurant, les joueurs nostalgiques pourront replonger dans leurs vieux souvenirs et profiter de la série dans des conditions extrêmement proches de celles de l’époque. Les plus jeunes, quant à eux, trouveront ici une opportunité en or pour découvrir en long et en large l’une des légendes du jeu vidéo du siècle dernier. Cela suffira amplement à certains. Pour notre part, on ne peut s’empêcher de penser que Capcom aurait pu en faire un peu plus.