En résumé
Intelligent et exigeant, Masters of Anima est une expérience à découvrir pour les adeptes de micro-gestion qui n’ont pas froid aux yeux. Si la direction artistique colorée peut laisser quelques doutes sur le sérieux du challenge à relever, les batailles nous obligent en réalité à une vigilance constante pour garantir la survie de troupes aussi vulnérables que des Pikmin fraîchement déracinés. Dommage que l’action prenne le pas sur l’aventure qui nous apparaît vraiment sous-exploitée.
Note technique
Les plus et les moins
- Une atmosphère envoûtante qui rappelle un peu celle de Trine
- Le mix des mécaniques de STR/RPG dans un monde d'heroic-fantasy
- L'influence perceptible de Pikmin dans la gestion des troupes
- L'évolution rapide des enjeux tactiques via les différents types d'unités
- La possibilité de réattribuer facilement l'XP pour tester les skills
- La présence de quêtes secondaires et de nombreux éléments cachés
- Trop de combats en arènes fermées et pas assez de phases d'exploration
- Quelques problèmes de lisibilité dans certains environnements
- Un bestiaire peu marquant qui ne se renouvelle pas suffisamment
- La marge d'erreur quasi inexistante, peu adaptée à la vivacité des ennemis
- Une difficulté non ajustable qui grimpe assez rapidement
Notre test détaillé
Production française signée Passtech Games, petite équipe lyonnaise à l’origine du jeu Space Run Galaxy, Masters of Anima nous invite à relever un défi peu banal : lever une armée de soldats surnaturels, enchantés par nos pouvoirs d’apprenti sorcier. Un hobby original mais pas vraiment de tout repos !
(Ce test a été réalisé sur PlayStation 4.)
Quelque part dans un lointain monde imaginaire aux consonances mystiques évoquant par moments la série Trine, un apprenti magicien nommé Otto convoite le titre de Maître de l’Anima dans l’espoir d’obtenir la main de sa promise. En tant que source de toute vie, l’Anima est une puissante force magique et chaotique qui permet à celui qui la contrôle d’invoquer toutes sortes d’entités surnaturelles appelées Gardiens. Mais alors qu’il est en bonne voie pour surmonter les épreuves menant au prestigieux rang de Maître Animancien, Otto voit sa patrie ravagée et sa dulcinée enlevée par le diabolique Zahr qui scinde l’essence de la jeune femme en trois fragments. Le jeune Animancien s’élance alors sans hésiter sur les traces du malfaiteur, usant de ses pouvoirs grandissants pour s’entourer d’une armée de Gardiens destinés à repousser les Golems maléfiques envoyés par l’ennemi.
Micro-gestion
Dotés chacun de talents uniques, les Gardiens sont véritablement au cœur des ficelles du gameplay de Masters of Anima, le titre combinant des éléments de RPG et de stratégie temps réel pour un résultat intéressant qui trahit une autre influence évidente : celle d’un certain Pikmin. Bien que la comparaison soit pour le moins inattendue, la manière dont le joueur contrôle indirectement les dizaines de Gardiens en les envoyant à des endroits précis pour accomplir des tâches en adéquation avec leurs capacités rappelle fortement le titre de Nintendo. Chaque type d’unités constitue ainsi un bataillon spécialisé que l’on peut dissocier des autres Gardiens dès qu’il est nécessaire de faire appel à leurs aptitudes spécifiques. À tout moment, Otto peut bien sûr rappeler ses créations les plus éloignées pour les mettre en sécurité ou les inciter à se déplacer, la richesse des contrôles requérant logiquement un certain temps d’adaptation.
Les cinq doigts de la main
Utiles aussi bien en combat que durant les phases d’exploration des niveaux, les Gardiens se distinguent en cinq catégories qui deviennent accessibles au fur et à mesure de notre progression. À terme, il est possible de s’entourer d’une bonne centaine d’unités qu’il faut garder à l’œil pour éviter d’en perdre la moitié par inadvertance. Car, à l’instar des Pikmin, les Gardiens sont d’une vulnérabilité extrême et périssent au moindre choc. Dans ce cas, le sorcier n’aura plus qu’à puiser dans son stock d’Anima pour en produire de nouveaux, à condition que ses réserves de magie ne soient pas complètement à sec.
C’est la raison pour laquelle on trouve des Catalystes parmi les cinq catégories de Gardiens, ces entités étant destinées essentiellement à drainer l’Anima des ennemis pour les transférer à Otto. Les niveaux regorgent logiquement de situations qui sollicitent des capacités bien précises inhérentes à chaque catégorie de Gardiens, et la résolution de ces énigmes permet généralement de révéler de précieux trésors cachés.
Boss Rush punitif
De son côté, Otto n’est pas totalement inoffensif, son bâton pouvant lui permettre de porter des attaques directes ou d’activer un cri de guerre éveillant les compétences latentes des Gardiens. Et ce ne sera pas de trop pour endiguer les assauts des Golems maléfiques qui n’hésiteront pas à activer leur rage primordiale pour infliger des dégâts de zone si la bataille s’éternise. Bien que le système de jeu repose sur des règles logiques permettant de surmonter chaque épreuve moyennant une approche tactique, Masters of Anima élève rapidement sa difficulté au point de se montrer trop exigeant par moments. Même si l’on comprend bien la démarche requise pour venir à bout des boss qui s’enchaînent à un rythme infernal, le fait de se trouver confiné dans des arènes fermées qui manquent parfois de lisibilité ne facilite pas notre tâche d’Animancien.
La vivacité des ennemis est telle qu’il n’est pas toujours évident d’anticiper les attaques de zone susceptibles d’entraîner la mort d’une bonne partie de nos troupes en un éclair, et se trouver à court de magie est synonyme de mort à très court terme. Parce que la marge d’erreur est quasiment inexistante, parvenir à analyser l’ensemble des informations qui fourmillent à l’écran pour anticiper nos ordres suffisamment tôt relève trop souvent de la gageure. Par ailleurs, l’impossibilité de savoir à l’avance comment composer notre équipe de Gardiens avant un affrontement nous oblige à recommencer plusieurs fois les mêmes confrontations, jusqu’à trouver l’équilibre idéal attendu par les concepteurs du jeu.
L’aventure en retrait
Il faut reconnaître aussi que le manque de renouvellement du bestiaire finit par lasser d’autant plus rapidement que les batailles prennent trop souvent le pas sur les phases d’exploration pure qui, en plus grand nombre, auraient permis de diversifier davantage la progression. En retrait aussi, les quêtes secondaires ont pourtant bien leur place dans la formule de Masters of Anima, le titre pouvant compter sur un contexte narratif enchanteur et une direction artistique attrayante pour nous retenir assez longtemps dans son univers. Avec une dimension aventure plus prononcée et une difficulté paramétrable, nul doute que le titre aurait pu nous faire plus forte impression.
Conclusion
Intelligent et exigeant, Masters of Anima est une expérience à découvrir pour les adeptes de micro-gestion qui n’ont pas froid aux yeux. Si la direction artistique colorée peut laisser quelques doutes sur le sérieux du challenge à relever, les batailles nous obligent en réalité à une vigilance constante pour garantir la survie de troupes aussi vulnérables que des Pikmin fraîchement déracinés. Dommage que l’action prenne le pas sur l’aventure qui nous apparaît vraiment sous-exploitée.