En résumé
Ouvertement inspiré de l’adaptation vidéoludique du manga L’Attaque des Titans dans ses mécaniques de jeu, Extinction accumule les maladresses au point de nous infliger une expérience relevant davantage du supplice que du divertissement. Son seul avantage est de nous donner une bonne raison de retourner découper proprement nos titans dans A.O.T. 2, le modèle surpassant la copie à tous les niveaux !
Note technique
Les plus et les moins
- Un principe alléchant sur le papier, promesse d'une expérience musclée
- La combinaison d'une D.A. cartoon dans un contexte assurément gore
- L'évolution personnalisable des capacités du protagoniste
- Bonne durée de vie, compte tenu de la difficulté et des morts à répétition…
- La reprise des ficelles du gameplay de Attack on Titan en nettement moins convaincant
- Des combats réduits au minimum syndical en termes de combos
- Challenge mal calibré qui impose une seule approche viable pour s'en sortir
- Des titans qui se ressemblent tous et ne sortent jamais de leur pattern prédéfini
- Les ennemis mineurs n'apportent rien et rendent les sauvetages poussifs
- Des objectifs de missions qui tentent vainement de se diversifier
- Des maps sans génie réduites en cendres à une vitesse fulgurante
- La lassitude de devoir recommencer des dizaines de fois les mêmes objectifs
- Le background sans intérêt, pollué par des dialogues invasifs
Notre test détaillé
À force de doter leurs héros de capacités défiant l’entendement, les concepteurs de jeux vidéo ont fini par standardiser l’image d’êtres humains capables de faire jeu égal avec les dieux. Dès lors, qui d’autres que des colosses hauts de 45 mètres et capables d’exterminer les hommes d’une pichenette pourraient encore être en mesure d’inquiéter le joueur, bien à l’abri derrière sa manette ?
(Ce test a été réalisé sur PlayStation 4.)
Probablement influencée par le succès de L’Attaque des Titans, manga de Hajime Isayama décliné en série d’animation, l’équipe de Iron Galaxy Studios nous livre avec Extinction sa propre vision de l’extermination de la race humaine par des géants. L’histoire prétend qu’alors que les hommes se déchiraient dans des guerres insensées, des ogres les observaient secrètement, attendant le moment propice à leur éradication. Ces créatures de plus de quarante mètres de haut, baptisées Ravenii, toisent désormais les derniers survivants de l’espèce humaine avec la certitude d’une victoire sans effort. Pour assurer leur survie, les hommes font alors appel aux talents des dernières « sentinelles », des élus qui, tel le héros Avil, possèdent une lame runique capable de terrasser les dangereux colosses.
Le brave petit tailleur
Les aspects positifs du jeu étant au moins aussi peu nombreux que la proportion d’humains encore en vie dans le monde d’Extinction, quelques lignes devraient suffire à en faire le tour. Sur le papier, on peut considérer que le titre repose sur un principe plutôt alléchant, la vivacité du protagoniste aux talents guerriers proches de ceux de Kratos (God of War) laissant espérer la promesse d’une expérience musclée, sans concessions. Affichant une direction artistique originale qui transpose un univers aux accents cartoon dans un contexte assurément gore, le jeu se débrouille pour nous faire oublier les limites de sa réalisation. L’évolution personnalisable des capacités du protagoniste via un arbre de compétences assez fourni garantit une montée crescendo de la difficulté, le gameplay reprenant quant à lui scrupuleusement les ficelles de celui des jeux Attack on Titan.
Bien choisir ses cibles
Mais en l’absence du dispositif de manœuvre tridimensionnelle, le héros paraît toutefois bien lourdaud en comparaison des membres du bataillon d’exploration de l’œuvre d’Isayama. Doté seulement d’une sorte de lasso lui permettant de se hisser dans les airs à partir de points d’ancrage bien définis, Avil galère comme un beau diable dès lors qu’il s’agit de prendre de la hauteur. Se mouvoir autour des géants révèle très vite d’évidents problèmes de caméra, même si c’est loin d’être l’aspect le plus gênant du gameplay. Car si ce dernier est peu convaincant, c’est d’abord parce que les possibilités en termes d’action se trouvent réduites à leur plus simple expression. Extrêmement basiques, les combos qu’il faut enchaîner longuement pour venir à bout d’adversaires mineurs deux fois plus petits que nous n’apportent strictement rien au jeu. Bien qu’il soit parfois utile de se débarrasser de ce menu fretin pour accélérer les sauvetages, le temps perdu à batailler de la sorte entraîne souvent l’échec de la partie, ce qui nous incite à fuir ces combats comme la peste. Desservis en outre par un arrière-plan sans intérêt, pollués par une quantité de dialogues envahissants, les enjeux ne se résument finalement qu’à une chose : mettre à mort les titans le plus rapidement possible.
La mort, un éternel recommencement
Sachant que le seul moyen de mettre hors d’état de nuire les Ravenii est de leur trancher la nuque, la manœuvre implique dans un premier temps d’enchaîner les attaques ciblées sur les différentes pièces d’armure afin de les faire voler en éclats. Il faut ensuite découper méthodiquement les membres des créatures afin de les immobiliser temporairement – lesdits membres repoussant au bout de quelques secondes seulement – tout cela dans le but de charger la frappe meurtrière requise pour les décapiter. Problème : les fameuses pièces de métal qui protègent leur corps sont généralement verrouillées par des cadenas minuscules que l’on a bien du mal à viser, ce qui compromet nos chances de neutraliser les points faibles suffisamment vite pour porter le coup de grâce.
La caméra n’est d’ailleurs pas la seule fautive, le jeu nous obligeant par exemple à nous rapprocher exagérément de notre cible pour parvenir à la toucher, ce qui entre en contradiction totale avec la dangerosité des ogres. Plus véloces qu’on ne l’imaginerait, les Ravenii ripostent toujours de façon violente à grands coups de claques meurtrières. Conséquence : on enchaîne les morts à répétition pour repartir de plus belle comme si de rien n’était, les concepteurs n’ayant pas trouvé d’autre solution pour remédier à ce problème que de nous faire ressusciter à l’infini pour nous inciter à retourner au charbon…
En résumé : aller droit au but
Sachant que les Ravenii appliquent inlassablement la même séquence de mouvements, on apprend vite de nos erreurs pour reproduire invariablement la même stratégie d’approche. Un genou tranché les faisant par exemple systématiquement tomber vers l’arrière, on évitera de contourner leur chute par l’avant pour manquer de recevoir un coup de poing fatal dans les dents. Malgré cela, le challenge apparaît si mal calibré qu’il faut faire preuve d’une sacrée persévérance pour ne pas se laisser décourager. La seule solution viable pour s’en sortir consiste généralement à ne se préoccuper ni des sauvetages ni des ennemis mineurs pour se focaliser uniquement sur les Ravenii. Car les dégâts que ces titans infligent aux bâtiments des alentours sont à ce point critiques, qu’à moins de stopper immédiatement leur progression en les amputant des deux jambes, la mission échoue alors même qu’elle vient à peine de commencer.
Overdose
Répétitif, laborieux, mal équilibré, Extinction ne fait pas meilleure impression lorsqu’il tente de diversifier ses objectifs en nous demandant par exemple d’assurer la défense de tours de guet ou la protection de civils. Les points d’ancrage sont généralement trop peu nombreux pour nous permettre d’évoluer efficacement dans les hauteurs, certaines surfaces étant tout simplement impossibles à escalader sans que l’on sache pourquoi. Les combats prennent place sur des cartes sans génie, générées parfois aléatoirement, ce qui trahit ouvertement le côté quasi procédural de ces environnements sans intérêt. Rien qui ne donne envie de s’acharner pour recommencer des dizaines de fois les mêmes objectifs dans un contexte qui ne se renouvelle jamais, avec en toile de fond un scénario affligeant. On voit mal quel type de joueur songerait alors à prolonger le calvaire en parcourant les missions de survie ou en relevant les défis proposés quotidiennement par le développeur…
Conclusion
Ouvertement inspiré de l’adaptation vidéoludique du manga L’Attaque des Titans dans ses mécaniques de jeu, Extinction accumule les maladresses au point de nous infliger une expérience relevant davantage du supplice que du divertissement. Son seul avantage est de nous donner une bonne raison de retourner découper proprement nos titans dans A.O.T. 2, le modèle surpassant la copie à tous les niveaux !