En résumé
Ce bon vieux Dante prend de l’âge, et ça commence à se voir sérieusement ! Non content de nous resservir la même compilation que sur la génération précédente, Capcom espère sans doute que ceux qui avaient fait l’impasse en 2012 se laisseront tenter cette fois-ci. Il aurait pourtant mieux valu laisser reposer en paix le fils du démon pour préserver intact le souvenir que l’on avait de lui à ses débuts.
Note technique
Les plus et les moins
- L'affichage en 1080p à 60fps et l'option turbo
- La redécouverte du premier volet, essentielle pour les retardataires
- Un troisième opus qui ne se défend pas trop mal
- Une galerie d'artworks en bonus, c'est mieux que rien, non ?
- Va-t-on nous ressortir la même compilation à chaque génération de consoles ?
- Une résolution 4K réservée aux joueurs PC uniquement
- Aucune retouche concernant les menus et les cinématiques
- Des défauts archaïques (lock et caméras) qu'on a du mal à tolérer aujourd'hui
- Un gameplay sérieusement vieillissant lui aussi
- Un deuxième épisode qui fait toujours aussi peine à voir
- Rien de nouveau par rapport à la compilation sortie en 2012
- Trois jeux sur les cinq que compte la série, peut-on vraiment parler de « Collection » ?
Notre test détaillé
Convoquer le fils de Sparda sur PS4, PC et Xbox One, dix-sept ans après ses glorieux débuts sur PS2, n’était probablement pas la meilleure façon de lui rendre hommage. Tel une vedette exhumée d’une époque révolue, Dante remonte sur scène fatigué, lifté en HD pour cacher la misère, s’efforçant tant bien que mal d’assumer jusqu’au bout un rôle de poseur qui ne lui sied plus vraiment.
(Ce test a été réalisé sur PlayStation 4.)
Si l’accueil que nous réservons ici à Devil May Cry HD Collection pourra sembler un brin glacial, c’est parce que le jeu nous arrive six ans à peine après une autre compilation éponyme. Le dénommé Devil May Cry HD Collection était en effet apparu dès 2012 sur PS3 et Xbox 360, se proposant déjà de dépoussiérer les trois premiers volets de la série sans guère s’embarrasser de suppléments. Si les fans avaient alors pu y voir un semblant d’hommage, d’autres se souvenaient surtout que la trilogie avait déjà été regroupée une première fois en 2006 dans un certain Devil May Cry: 5th Anniversary Collection aux États-Unis. Par conséquent, c’est la troisième fois que l’éditeur nous fait le coup de la compilation, tout en nous obligeant à nous procurer séparément le quatrième opus et le reboot de 2013 dans leur « definitive edition ».
Les vrais/fausses nouveautés
Que gagne-t-on alors à craquer à nouveau pour Devil May Cry HD Collection ? Rien, si l’on possède déjà la version de 2012, si ce n’est un affichage en 1080p (au lieu du 720p) et une animation tournant à 60 fps. Notez cependant que, comme cela avait été vaguement évoqué par l’éditeur. Ajoutez tout de même une pincée d’artworks pour la forme, ainsi qu’une option turbo boostant légèrement la vitesse du jeu, et vous aurez fait le tour des nouveautés du cru 2018…
Une référence dantesque
Non contente de ne réunir que trois jeux sur les cinq volets principaux que compte la série, la compilation souffre toujours autant de la présence du vilain petit canard que constitue Devil May Cry 2. Ceux qui trouveraient ce volet injustement décrié n’auront qu’à le parcourir quelques heures durant pour se remémorer l’étendue des dégâts, le titre réduisant à néant à peu près tout ce qu’était parvenu à mettre en place le premier jeu de la série. Car nul n’aura oublié à quel point Capcom avait su frapper un grand coup en 2001 avec Devil May Cry et son héros stylé, revisitant les fondations du beat’em all pour donner au genre un bon coup de fouet à même de le renouveler. Le premier opus comportait déjà tous les ingrédients du succès : un héros provocateur mi-homme mi-démon, une ambiance gothique rappelant Soul Reaver et Castlevania, un soupçon d’énigmes héritées des survival-horrors, et surtout un système de combos révolutionnaire.
Armé aussi bien pour le corps-à-corps que pour le combat à distance, Dante survolait toute la concurrence en faisant décoller ses ennemis à grands coups d’épée pour les pulvériser dans les airs avec classe en leur logeant une poignée de balles dans la tête. Découpé en sections courtes, mais intenses pour les niveaux, le titre mettait aussi en avant sa dimension scoring pour inciter les joueurs à varier au maximum leurs enchaînements tout en bouclant les missions en un minimum de temps. Aussi jouissif qu’exigeant, le gameplay (jouabilité) de Devil May Cry a remodelé d’un coup toute la face du jeu d’action, acquérant immédiatement le statut de référence.
Des hauts et des bas
Et puis il y a eu Devil May Cry 2… et le fils de Sparda est tombé brutalement de son piédestal avant de se rattraper in extremis par l’intermédiaire du troisième volet de la franchise. Proposé ici dans sa « Special Edition », Devil May Cry 3 nous arrive logiquement sous sa forme la plus optimisée, incluant tous ses modes bonus et la possibilité d’incarner Vergil. La redécouverte de ce troisième opus vaut surtout pour la liberté qui nous est donnée d’alterner entre plusieurs styles de combat, selon que l’on souhaite développer nos talents d’esquive, d’épéiste, notre capacité à combattre à distance ou à mettre l’accent sur la défense. Efficace.
Une madeleine de Proust un peu gâtée
Pourtant, en dépit de toutes les bonnes intentions que compte la trilogie, force est de reconnaître que ses rouages ont commencé à rouiller sérieusement, affichant des caractéristiques que l’on jugera forcément obsolètes aujourd’hui. Les incessants changements de perspective liés aux angles de vue pré-calculés n’ayant guère leur place dans un beat’em all n’en sont qu’un maigre exemple. Mais on pourrait citer aussi les aléas du système de ciblage qui parasite très largement les deux premiers volets.
Au rayon des mauvaises surprises, on constate également qu’aucune retouche n’a été faite pour moderniser les menus des trois jeux qui restent donc en bon vieux 4/3, tandis que les cinématiques font globalement peine à voir. Le gameplay, tout aussi révolutionnaire qu’il ait pu être à l’époque, a lui aussi pris un sérieux coup de vieux, ses défauts ressortant finalement davantage que ses qualités. Il faut croire que l’art de perdurer dans le temps n’est pas donné à tout le monde, et Dante le découvre aujourd’hui à ses dépens. Pas sûr que cette compilation saura convaincre ceux qui la découvriraient aujourd’hui des vertus ayant pourtant fait la renommée de la série.
Conclusion
Ce bon vieux Dante prend de l’âge, et ça commence à se voir sérieusement ! Non content de nous resservir la même compilation que sur la génération précédente, Capcom espère sans doute que ceux qui avaient fait l’impasse en 2012 se laisseront tenter cette fois-ci. Il aurait pourtant mieux valu laisser reposer en paix le fils du démon pour préserver intact le souvenir que l’on avait de lui à ses débuts.