En résumé
Prise comme une alternative transitoire entre un Pokémon plus naïf et un Persona autrement plus ambitieux, la sortie de Digimon Story: Cyber Sleuth Hacker’s Memory peut se justifier pour n’importe quel joueur désireux d’approfondir sa connaissance du genre. En espérant tout de même que ni le rythme poussif de l’aventure ni l’absence de traduction française ne l’inciteront à décrocher prématurément, surtout s’il a déjà pu s’essayer au volet précédent.
(Ce test a été effectué sur une PlayStation 4.)
Note technique
Les plus et les moins
- La perspective d'obtenir les réponses aux questions soulevées dans Digimon Story : Cyber Sleuth
- Un cachet propre à la franchise qui n'a plus grand-chose à voir avec son rival historique Pokémon
- Le savoir-faire de designers (pour les monstres et personnages) renommés
- 70 créatures inédites sur plus de 320 Digimon inclus dans cette version
- Les (trop rares) matchs de domination par équipes
- La présence du doublage japonais par défaut
- Durée de vie très correcte et New Game + autorisé
- La réutilisation de toute la base d'un jeu sorti il a à peine deux ans
- Le manque d'inspiration et de renouvellement des batailles classiques
- Un cyberespace au level design basique, étroit et répétitif
- Des quêtes peu variées et un rythme exagérément lent
- Pas de traduction française pour un jeu pourtant destiné aux plus jeunes
Notre test détaillé
À l’occasion des vingt ans de la franchise Digimon, Bandai Namco tente de prolonger le succès de son récent Digimon Story: Cyber Sleuth avec un nouveau segment narratif censé apporter un point de vue inédit sur l’histoire du jeu. Un projet qui, plutôt que de passer par la case DLC, prend la forme d’un épisode de transition.
En dépit de son titre à rallonge, Digimon Story: Cyber Sleuth Hacker’s Memory est davantage à considérer comme une version alternative de Digimon Story: Cyber Sleuth que comme une simple mise à jour du titre sorti en 2016 sur PS4 et Vita. Cela dit, Hacker’s Memory réutilise volontiers de nombreux éléments qui caractérisaient le titre original paru sur les mêmes supports à seulement deux ans d’intervalle. Pour mieux comprendre le contexte de parution de cette suite, il faut préciser que le premier volet était sorti uniquement sur Vita au Japon, la version PS4 étant alors exclusive au marché occidental.
Ce n’est évidemment pas le cas de cette suite qui bénéficie d’une distribution quasi simultanée sur les territoires concernés. En toute logique, la version européenne profite du doublage original japonais, mais elle ne s’embarrasse pas pour autant d’une traduction dans notre langue. Un élément pour le moins critique lorsqu’on sait que ce titre très bavard se destine essentiellement au jeune public.
Un goût de réchauffé
Bien que la réutilisation de toute la base fondatrice du précédent volet puisse entraîner chez les inconditionnels de la franchise un sentiment de déjà-joué, ce sont peut-être ces joueurs-là qui sont les plus à même de s’enthousiasmer à l’annonce des arguments avancés par cette suite. Avec plus de 320 Digimon inclus, dont 70 exclusifs à cet épisode, et surtout la perspective d’obtenir les réponses aux questions soulevées dans Digimon Story: Cyber Sleuth, le titre semble d’abord chercher un moyen facile de convaincre les fans de replonger dans le monde virtuel d’EDEN aux côtés d’un nouveau héros.
Doté d’une réalisation tout juste correcte, le titre peut néanmoins compter sur le savoir-faire de grands noms tels que Suzuhito Yasuda (Unchained Blades, Shin Megami Tensei: Devil Survivor) et Ito Ogure (alias Oh!great, auteur des mangas Air Gear ou Enfer et Paradis) pour servir un character design efficace côté bestiaire et personnages.
Même contexte, nouveau point de vue
Cherchant malgré tout à se distinguer de son prédécesseur, l’épisode Hacker’s Memory ne nous laisse plus le loisir de concevoir notre avatar, axant le scénario de ce nouveau segment narratif autour d’un garçon discret dénommé Keisuke Amazawa. Las de n’être qu’un personnage secondaire du monde réel, Keisuke affiche une envie manifeste de devenir le héros de sa propre histoire. C’est en se faisant dérober son compte par un pirate informatique du monde virtuel d’EDEN que l’adolescent verra ses ambitions se réaliser, moyennant une prise de confiance rendue possible grâce au concours d’amis croisés en chemin. À leur contact, Keisuke deviendra un véritable hacker du cyberespace, ses interventions dans l’environnement virtuel d’EDEN ayant des conséquences directes sur le monde réel.
Le titre entretient ainsi clairement des similitudes avouées avec le dernier Persona, ne serait-ce qu’à travers la gestion de son bestiaire ou dans le choix des profils, qui dépeignent les principaux acteurs de l’histoire se réunissant aussi bien dans la dimension fantaisiste du cyberespace que dans les différents quartiers de la capitale japonaise. Pour autant, et en dépit des promesses avancées sur le papier, la narration de Hacker’s Memory accuse un trop grand classicisme pour nous tenir en haleine durant toute la durée de l’aventure. Les baisses de rythme sont si nombreuses et les discussions si longues que l’on se languit constamment de l’instant où l’on pourra enfin reprendre la main dans les couloirs d’EDEN.
Enfer ou paradis ?
Et pourtant, ce sont bel et bien de simples couloirs qui composent l’essentiel des environnements du cyberespace d’EDEN, le level design du titre nous ramenant des années en arrière dans l’histoire du J-RPG, comme si l’on pouvait se satisfaire de cela. Certes, certains paliers font bien intervenir quelques « énigmes » basées sur l’utilisation des compétences de piratage de notre hacker, mais on n’ira pas jusqu’à parler d’exploration dans un titre aussi linéaire. Le constat s’avère d’ailleurs assez similaire du point de vue du système de combat qui, dans son mode de difficulté par défaut, garantit une progression aisée à quiconque prend la peine de s’entourer d’une équipe un tant soit peu complémentaire. L’expérience défile si rapidement qu’on n’a guère le temps de profiter des Digimon de base, avant que ceux-ci ne se révèlent déjà aptes à évoluer vers des formes encore plus redoutables. Même le système de « capture », basé uniquement sur la fréquence des rencontres avec chaque Digimon, ne renferme aucun challenge particulier.
La bonne surprise viendra finalement des (trop rares) matchs de domination dans lesquels deux équipes s’affrontent sur une sorte de damier géant. Chacun n’a droit qu’à une série d’attaques par tour pour tenter de s’approprier les points stratégiques plus rapidement que son adversaire. En dehors de cela, il faut bien reconnaître que le déroulement de Digimon Story: Cyber Sleuth Hacker’s Memory se fait presque en pilote automatique, la perspective de compléter entièrement la collection de Digimon étant le seul véritable moteur de nos parties.
Conclusion
Prise comme une alternative transitoire entre un Pokémon plus naïf et un Persona autrement plus ambitieux, la sortie de Digimon Story: Cyber Sleuth Hacker’s Memory peut se justifier pour n’importe quel joueur désireux d’approfondir sa connaissance du genre. En espérant tout de même que ni le rythme poussif de l’aventure ni l’absence de traduction française ne l’inciteront à décrocher prématurément, surtout s’il a déjà pu s’essayer au volet précédent.
(Ce test a été effectué sur une PlayStation 4.)