En résumé
On aurait tendance à penser que tout changement ne peut s’opérer qu’au détriment d’éléments de gameplay vieillissants. Et pourtant, Super Mario Odyssey démontre au contraire qu’il n’y a pas de fatalité dans le domaine du jeu vidéo. L’introduction de la « chapimorphose » a beau venir bouleverser notre façon de jouer, les plus vieux codes de la série sont préservés au point de nous permettre de renouer avec des sensations oubliées depuis l’opus N64. Un épisode que l’on conseillera de découvrir dans l’optique du 100 %, sans quoi vous risqueriez de passer à côté des meilleures trouvailles de Super Mario Odyssey !
Note technique
Les plus et les moins
- Les sensations de Super Mario 64 enfin restituées grâce à une approche très libre des mondes à explorer
- La nouvelle façon de jouer via les innombrables métamorphoses de Cappy
- La « to-do-list » des lunes à collecter en lien avec la map
- Les variations audacieuses dans la direction artistique en fonction des royaumes visités
- L'accessibilité des parties en duo, pour un surcroît de convivialité
- Des mini-jeux avec classement mondial, pourquoi pas ?
- La profusion de lunes à dénicher qui relance constamment l'intérêt et se prête parfaitement au mode nomade de la Switch
- Le mode assisté s'imposait-il vraiment avec autant de checkpoints ?
- Des boss aux patterns prévisibles et donc un peu trop faciles à vaincre
- L'écart de durée de vie démesuré entre le jeu en ligne droite et la recherche du 100 %
Notre test détaillé
Dans le jeu vidéo comme ailleurs, il n’est jamais facile de passer derrière un concurrent d’exception. À trop vouloir bien faire, Nintendo avait placé la barre très haut avec le dernier Zelda, et tous les possesseurs de Switch attendaient légitimement de Super Mario Odyssey qu’il transcende à son tour les codes de sa propre série. À présent que le jeu est là, on peut dire que, s’il refaçonne en partie quelques-unes des clefs de la franchise, ce nouveau Mario n’emprunte pas pour autant la voie de la refonte sans précédent, et ce choix lui sied plutôt bien !
Courir après la souveraine du royaume Champignon ne lui a jamais réussi. Et pourtant, après plus de trente ans passés à faire usage de la force, Bowser nous refait le coup du kidnapping. Un double rapt cette fois-ci, puisque la princesse Peach n’est pas seule portée disparue, partageant son triste sort avec une habitante du pays des chapeaux nommé Tiara censée lui service de couvre-chef durant la cérémonie.
C’est donc un mariage forcé avec Bowser qui s’annonce, l’ennemi juré de Mario ayant décidé de sceller en grande pompe son union avec la demoiselle. Et pas question de s’y montrer tête nue ! Laissés sur la touche, Mario et Cappy, le grand frère de Tiara, s’élancent aussitôt à la poursuite du ravisseur à bord d’un astronef aux allures de haut-de-forme géant baptisé l’Odyssey. Mais avant d’espérer rattraper la forteresse volante de Bowser, il leur faudra d’abord dénicher suffisamment de carburant pour franchir une douzaine de mondes, et donc partir en quête des innombrables lunes cachées dans ces derniers.
Mario’s Minish Cap ?
C’est bien dans le concept de « chapimorphose » que réside tout le sel de Super Mario Odyssey, le caractère insolite du voyage entrepris par Mario et Cappy résidant essentiellement dans cette capacité de transformation inédite au sein de la série. Le joueur se voit ainsi contraint de faire une croix sur tous les power-ups habituels pour assimiler une nouvelle façon de jouer qui repose sur le lancer de casquette multi-usages et les transformations associées. Car, au-delà de sa fonctionnalité première consistant à faire le ménage via un lancer circulaire ou à servir de propulseur une fois fixée sur des perches, la casquette révèle tout son potentiel lorsqu’elle entre en contact avec un ennemi. À travers elle, Mario s’incarne alors dans le corps de son adversaire et en prend le contrôle en même temps qu’il hérite de ses facultés.
On imagine aisément tout ce que cela ouvre en termes de nouvelles trouvailles de gameplay, puisque ce n’est finalement plus un seul personnage que l’on a le sentiment de contrôler, mais une infinité. Et lorsqu’on constate que ces mêmes transformations renferment parfois des fonctions détournées, comme ces Goombas qui adhèrent parfaitement sur les surfaces glissantes, mais qui peuvent surtout s’empiler les uns sur les autres dans un but que nous vous laissons découvrir, on devine que le titre n’aura de cesse de nous surprendre.
La formule 64 revisitée
Si les aventures de Mario en 3D n’ont pas toutes suscité autant d’émerveillement que l’épisode Nintendo 64, il faut admettre que Super Mario Odyssey sait trouver les mots justes pour mettre tout le monde d’accord. Dès les premières minutes de jeu, les sensations de Super Mario 64 nous sont restituées intactes à travers la panoplie de mouvements du héros, et surtout grâce à l’approche très libre des mondes à explorer. Bien que chacun de ces pays à thèmes n’affiche jamais des proportions vertigineuses, on a le sentiment que chaque mètre carré renferme un secret soigneusement dissimulé. Mieux encore, les variations audacieuses dans la direction artistique choisie pour égayer chaque type d’environnement maintiennent le dépaysement à son degré maximum tout au long de la partie. Quel meilleur exemple que celui de la mégalopole de New Donk City, servie par un mélange détonnant des styles fantaisistes et réalistes, à la fois complètement inédit dans l’univers d’un jeu Mario et surtout tellement kitsch qu’on ne peut qu’applaudir des deux mains !
Une seule run ne suffit d’ailleurs pas à cerner tous les mystères de chaque monde puisque les changements qui s’opèrent parfois lorsqu’on les délivre de leur boss déverrouille de nouveaux accès insoupçonnés. Omniprésente tout au long du jeu, la nostalgie se traduit quant à elle par des clins d’œil rétro en pagaille qui donnent lieu à des séquences mémorables rappelant tantôt la série des Paper Mario, tantôt les fresques murales de Zelda: A Link Between Worlds. On trouve véritablement de tout dans cet épisode qui prône le divertissement en solo mais aussi à plusieurs, les parties en duo étant autorisées pour offrir un surcroît de convivialité, un peu à la manière de ce que proposait déjà Super Mario Galaxy. Le soft pense même aux amateurs de scoring en réservant un classement mondial pour les mini-jeux parmi lesquels on trouve un circuit de voitures radiocommandées reprenant les musiques de Mario Kart.
Il faut dire que les joueurs ayant des années de plate-forme derrière eux risquent de trouver le challenge principal un peu léger, la faute à une omniprésence de checkpoints et à des boss aux patterns généralement prévisibles et donc faciles à vaincre. Dans ces conditions, on peut se demander si le mode Assisté, activable dans les options, s’imposait réellement.
Syndrome « Korogu »
On pourrait presque reprocher à Super Mario Odyssey sa folie des grandeurs si la tentation de dénicher par soi-même les 900 lunes cachées (voire un peu plus…) n’était pas aussi forte. Après la quête des 900 Korogus de Zelda: Breath of the Wild, on pensait que Nintendo n’oserait pas réitérer l’affront de nous faire miroiter une tâche de si longue haleine dans un autre jeu.
Et pourtant, si moins de 200 lunes suffisent à boucler l’aventure en ligne droite, s’arrêter là serait passer à côté de toute la richesse réelle du titre. S’il est vrai qu’une bonne partie de ces récompenses nous tombent dans les bras sans que l’on ait à batailler ardemment pour les obtenir, les plus valorisantes sont bien celles qui exigent de notre part une recherche approfondie ou une maîtrise parfaite des sauts et des métamorphoses. Surtout, force est de reconnaître que cette profusion de lunes à dénicher relance de manière ininterrompue l’intérêt que l’on peut avoir à parcourir les mondes dans tous les sens, tout en se prêtant parfaitement au mode nomade de la Switch. En fin de compte, cet écart de durée de vie démesuré entre le fait de terminer le jeu en allant à l’essentiel et de partir en quête du 100 % peut être perçu aussi bien de manière positive que négative. Mais il est surtout symptomatique de cette nouvelle génération de titres qui semblent prôner le message suivant : la fin n’est que le commencement.
Conclusion
On aurait tendance à penser que tout changement ne peut s’opérer qu’au détriment d’éléments de gameplay vieillissants. Et pourtant, Super Mario Odyssey démontre au contraire qu’il n’y a pas de fatalité dans le domaine du jeu vidéo. L’introduction de la « chapimorphose » a beau venir bouleverser notre façon de jouer, les plus vieux codes de la série sont préservés au point de nous permettre de renouer avec des sensations oubliées depuis l’opus N64. Un épisode que l’on conseillera de découvrir dans l’optique du 100 %, sans quoi vous risqueriez de passer à côté des meilleures trouvailles de Super Mario Odyssey !