En résumé
Mission réussie pour Yakuza Kiwami, qui parvient à remettre au goût du jour un jeu passé complètement inaperçu lors de sa sortie il y a plus de dix ans. La refonte totale de l’aspect visuel permet de profiter de son excellent scénario dans les meilleures conditions, tandis que sa place dans la chronologie de la saga et sa quantité raisonnable de contenu annexe en font probablement l’épisode idéal pour se lancer dans la série. Un jeu à ne pas manquer, à moins d’être anglophobe ou de ne pas avoir d’affinité particulière avec le Japon.
Note technique
Les plus et les moins
- Un vrai remake
- La présence des voix japonaises
- Une ambiance captivante
- Un scénario noir et bien rythmé
- Des combats violents et jouissifs
- Pas de sous-titre français
- Beaucoup de combats de rue
- Une progression très hachée
- Moins riche que ses suites
Notre test détaillé
Après six épisodes numérotés et un spin off dans le monde des zombis, la série Yakuza fait son retour dans une nouvelle itération mystérieusement sous-titrée « Kiwami ». Une petite coquetterie tout sauf anodine, puisque ce terme japonais issu du vocabulaire de la forge et signifiant « affûté à l’extrême » est une manière raffinée de dire que l’opus originel a été entièrement retravaillé. Pour le dire plus simplement, il s’agit du remake du tout premier Yakuza sorti en 2006 sur PlayStation 2.
(Ce test a été réalisé sur une PlayStation 4)
Étoile montante du grand banditisme nippon, Kazuma Kiryû voit sa carrière basculer lors d’une froide nuit. Afin de couvrir celui qu’il considère comme son frère, ce gangster réputé pour sa droiture et ses qualités de cœur endosse la responsabilité d’un meurtre qu’il n’a pas commis. À sa sortie de prison après un séjour long d’une dizaine d’années, il va découvrir que rien n’est plus comme avant : la société, les mœurs, et surtout la hiérarchie tentaculaire du monde des yakuzas. Apprenant que des proches sont impliqués dans des luttes de pouvoir, il va bien malgré lui retourner dans ce milieu pour tenter d’y mettre un peu d’ordre.
Remake intégral
Pour couper court à toute mauvaise interprétation, Yakuza Kiwami est bien un remake et non un portage remastérisé dans lequel les graphismes auraient été vaguement affinés. Produit à l’occasion des dix ans de la licence, il a bénéficié d’un travail sérieux et particulièrement soigné, puisque les développeurs de Sega ont reproduit le jeu à partir du moteur de son récent prequel, Yakuza Zero. Le résultat s’avère graphiquement somptueux. Les visages des différents protagonistes sont particulièrement détaillés, les expressions faciales criantes de réalisme, et les ruelles de Kamurochô (quartier tokyoïte fictif inspiré du bien réel Kabukichô) on ne peut plus crédibles. Plus que jamais, la série nous emmène dans un Japon plus vrai que nature, dans lequel s’adonner à une sorte de tourisme par procuration est aussi important que de dénouer les fils d’une intrigue mettant en scène la mafia locale.
Cette plongée dans un Tokyo virtuel est d’autant plus chronophage que Yakuza Kiwami n’apporte pas qu’un confort d’ordre visuel. Il profite des dix ans qui le séparent de son modèle pour gagner en modernité au sens large. Qu’il s’agisse des menus, de la gestion de la caméra – désormais libre – ou des combats, le jeu se calque sur les dernières évolutions de la saga. Se balader librement dans le quartier qui sert de zone de jeu est un réel plaisir, tandis que les combats se montrent percutants, tout en affichant une belle variété.
En plus des traditionnels Heat Actions – des techniques de mise à mort hyper inventives qui font souvent usage d’un élément du décor ou d’une arme -, Kazuma Kiryû peut désormais basculer à tout moment entre quatre styles de combats bien distincts. Un ajout logique, car hérité de Yakuza Zero, mais qui n’en fait pas pour autant un personnage surpuissant. De manière très intelligente, le jeu met à profit son passage derrière les barreaux pour justifier sa perte de capacités puis sa montée en puissance tout le long de l’aventure.
Droit à l’essentiel
La formule de jeu d’action-aventure vaguement ouvert et hautement cinématographique que propose la série atteint sans doute sa forme la plus pure avec Yakuza Kiwami. Certes, les défauts récurrents de cette formule sont toujours là, à l’image des combats de rues qui viennent hacher la progression ou de l’absence de sous-titres français (pourtant présents à l’époque de la PS2). Certains reprocheront également aux développeurs de ne pas s’être calqués sur le volume de contenu annexe proposé par les derniers épisodes en date.
Mais entre ces dizaines de sous-quêtes finement écrites qui demandent de jouer au bon samaritain et ces mini-jeux complets disséminés aux quatre coins du quartier (baseball en cage, pêche, bar à hôtesses, etc.), le titre offre largement de quoi faire. Quelque part, cet élagage permet aussi à Yakuza Kiwami de se recentrer sur l’essentiel. Après quelques épisodes longuets et boursouflés par la présence de protagonistes trop nombreux, il revient à un scénario plus modeste, mais bien mieux amené, dans lequel se trouvent tous les ingrédients caractéristiques d’un bon film de mafieux. Car si certains aiment la licence pour son côté bac à sable totalement déluré – et on les comprend –, force est d’admettre qu’un Yakuza n’est jamais aussi brillant que lorsqu’il se focalise sur l’humain.
Conclusion
Mission réussie pour Yakuza Kiwami, qui parvient à remettre au goût du jour un jeu passé complètement inaperçu lors de sa sortie il y a plus de dix ans. La refonte totale de l’aspect visuel permet de profiter de son excellent scénario dans les meilleures conditions, tandis que sa place dans la chronologie de la saga et sa quantité raisonnable de contenu annexe en font probablement l’épisode idéal pour se lancer dans la série. Un jeu à ne pas manquer, à moins d’être anglophobe ou de ne pas avoir d’affinité particulière avec le Japon.