En résumé
De Uncharted: The Lost Legacy, on retiendra peut-être cette impression tenace de « déjà joué », persistante du début à la fin pour quiconque a déjà bouclé le périple de Nathan Drake dans les épisodes passés. Trop impersonnel et deux fois plus court qu’un « vrai » Uncharted, le titre peut légitimement décevoir les inconditionnels, en dépit de son rythme haletant et de ses (trop) rares instants de liberté offerts par sa nouvelle map en monde ouvert. Mais on n’en oubliera pas pour autant ses paysages à couper le souffle et ses situations de haute voltige insensées grâce auxquels l’aventure nous laisse finalement bien peu de regrets.
Note technique
Les plus et les moins
- Une technique et une D.A. irréprochables tablant sur des panoramas somptueux
- La recherche en environnement ouvert aux commandes de la jeep
- L'efficacité du gameplay et l'alternance bien rythmée entre les différentes phases de jeu
- Des gunfights qui s'éternisent rarement et autorisent un brin de furtivité
- La profusion de trésors cachés et la collecte des pièces antiques optionnelle
- La présence du mode Survie et du multijoueur en ligne hérité de Uncharted 4
- La formule Uncharted sans aucune réelle nouveauté
- L'histoire passe-partout qui ne décolle pas vraiment
- L'exploration du monde ouvert limitée par la taille réduite de la map
- La durée de vie proche de celle d'un gros DLC (entre 6 et 8 heures)
Notre test détaillé
Initialement pensé comme un simple contenu téléchargeable visant à porter un nouveau point de vue sur la franchise Uncharted à travers les yeux de deux figures féminines bien connues des fans de la série, The Lost Legacy nous offre une intense, mais brève virée en Inde aux allures d’Uncharted 4.5. Bien que fonctionnant en standalone (il ne requiert pas Uncharted 4), le titre conserve ses airs de gros DLC narratif calqué sur la formule du dernier volet, sans réelle surprise à la clé. Mais le voyage n’en reste pas moins enivrant.
Ce test a été effectué sur une PlayStation 4.
Sur la piste d’une antique relique dorée figurant la défense de Ganesh, le dieu à tête d’éléphant de la religion hindoue, Chloé Frazer et Nadine Ross, deux vieilles connaissances de Nathan Drake, se voient contraintes de forger une alliance inattendue pour s’approcher d’un but commun : sécuriser l’artefact avant qu’il ne tombe entre les mains d’un opportuniste forcené.
L’aventurière jusqu’au-boutiste et la mercenaire experte des combats au corps-à-corps se retrouvent ainsi à former un duo étonnant qui pourrait enthousiasmer n’importe quel inconditionnel de la franchise s’il ne s’avérait pas déséquilibré. Tenant pourtant un rôle d’antagoniste majeur dans le quatrième volet de la série, l’indomptable Nadine Ross, que l’on ne contrôle jamais, se place en effet systématiquement en retrait et sa personnalité pourtant affirmée s’efface trop souvent derrière le tempérament brûlant de Chloé. Et si la relation entre les deux héroïnes s’affine au fil de l’aventure, on aurait aimé que leur complicité se tisse de manière un peu moins téléphonée et que le personnage de Nadine ne se résume pas à un simple faire-valoir de la chasseuse de trésors au profil plus travaillé. Cela dit, on ne reprochera pas au studio Naughty Dog d’avoir pris le risque de troquer le charisme de Nathan Drake contre un duo féminin aussi audacieux, même si son efficacité n’égale sans doute pas celle des autres duos déjà éprouvés tout au long de la franchise.
Billet d’avion pour l’Inde
La plus grande réussite de cet Uncharted: The Lost Legacy, il faut aller la chercher non pas dans ses acteurs principaux, mais dans ses décors vertigineux. Encore plus époustouflant que le quatrième volet sur le plan technique, le titre nous immerge en permanence dans des environnements à couper le souffle qui s’étendent à perte de vue et que même l’héroïne ne peut s’empêcher d’immortaliser sur la pellicule de son smartphone. Non seulement les panoramas des montagnes de l’Inde sont sidérants de réalisme et de majesté, mais même les effets reflétant les aléas climatiques impressionnent, la pluie s’abattant avec une violence palpable tandis que l’on crapahute sur les toits d’une cité assiégée.
Peut-être justement dans l’optique de nous laisser profiter au maximum de cette virée quasi touristique dans une Inde qui multiplie les occasions de s’extasier, le titre transforme la première partie de son aventure en un véritable jeu de piste en environnement ouvert. Aux commandes d’une jeep nous permettant de sillonner la map librement pour valider les objectifs prioritaires dans l’ordre de notre choix, on peut sortir des rails pour aller là où nous pousse notre curiosité du moment. La carte, d’abord sommaire, se complète à mesure que l’on découvre de nouvelles ruines se découper à l’horizon, du moins si l’on prend la peine d’escalader la tour la plus élevée pour faciliter nos recherches. Il arrive même que l’on se perde un peu, amassant au passage quelques trésors bien cachés et peut-être même ces fameuses pièces antiques qui ouvrent les portes de la seule véritable quête annexe du jeu. De six heures en ligne droite, la durée de vie peut alors atteindre le total plus raisonnable de huit heures de jeu, pour peu que l’on s’évertue à passer au peigne fin cette carte du monde qui, au demeurant, se révèle finalement bien réduite.
Accessible d’ailleurs seulement en début de parcours, ce « mini » monde ouvert est donc à prendre davantage comme un bonus en marge de l’aventure sur rails qui rythme l’essentiel de la progression, plutôt que comme un argument de poids. Reste enfin le multijoueur, voire les challenges du mode Survie, pour permettre au soft de tenir la distance sur le long terme.
Paramnésie prononcée
Que Uncharted: The Lost Legacy embarque une histoire passe-partout qui ne décolle jamais véritablement, on s’y attendait plus ou moins. Mais c’est surtout cette sensation omniprésente de déjà-joué qui nuit à l’appréciation de l’aventure. Le fait de contrôler quelqu’un d’autre que Nathan Drake, une femme qui plus est, ne change strictement rien à la formule habituelle : on fait exactement la même chose que dans Uncharted 4, à quelques crochetages de serrures près. Les innombrables séquences d’escalade et de voltige à l’aide du grappin sont toujours de la partie, tout comme les énigmes à base de puzzles archéologiques et de pièges sournois qui ne dénoteraient pas dans un film d’Indiana Jones.
Quant à l’action, elle ne laisse finalement que peu d’occasions de se montrer furtif, malgré la possibilité de marquer les ennemis et de les neutraliser silencieusement lorsque le terrain autorise l’approche en camouflage. Le tout vire donc généralement assez vite à la fusillade à grande échelle, mais les gunfights ne s’éternisent que rarement, sauf dans la dernière ligne droite, certainement pas le meilleur moment du jeu.
Conclusion
De Uncharted: The Lost Legacy, on retiendra peut-être cette impression tenace de « déjà joué », persistante du début à la fin pour quiconque a déjà bouclé le périple de Nathan Drake dans les épisodes passés. Trop impersonnel et deux fois plus court qu’un « vrai » Uncharted, le titre peut légitimement décevoir les inconditionnels, en dépit de son rythme haletant et de ses (trop) rares instants de liberté offerts par sa nouvelle map en monde ouvert. Mais on n’en oubliera pas pour autant ses paysages à couper le souffle et ses situations de haute voltige insensées grâce auxquels l’aventure nous laisse finalement bien peu de regrets.