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Mario Vargas Llosa, la conscience inquiète de l’Amérique latine (1936-2025)

15 avril 2025
Par Mélanie Carpentier
Mario Vargas Llosa, la conscience inquiète de l’Amérique latine (1936-2025)

L’écrivain péruvien Mario Vargas Llosa s’est éteint le 13 avril 2025. Retour sur la vie et l’œuvre de cet homme de lettres, prix Nobel de littérature et membre de l’Académie française.

Portrait d’un écrivain libre

Mario Vargas Llosa avait l’élégance érudite de ceux qui ne transigent jamais avec leurs idées. Écrivain prolifique, penseur rigoureux, polémiste redouté, il était tout cela à la fois. Né en 1936 au Pérou, mort en 2025 à l’âge de 88 ans, il aura traversé plus d’un demi-siècle de vie littéraire et politique sans jamais cesser d’interroger les rapports entre pouvoir, vérité et liberté. Tour à tour journaliste, romancier, candidat à la présidentielle, essayiste et académicien, il refusait les étiquettes, les dogmes, les facilités. Il croyait à la raison, à la démocratie libérale, à la complexité du réel – et à la littérature comme outil de dévoilement. Son œuvre, puissamment ancrée dans les soubresauts de l’histoire latino-américaine, reste un monument de lucidité.

Œuvres incontournables

Voici quelques titres majeurs pour (re)découvrir l’univers de Mario Vargas Llosa.

La ville et les chiens (1963)

Son premier roman La ville et les chiens, nourri de son expérience dans un collège militaire à Lima, est un brûlot contre la violence institutionnelle et l’hypocrisie de la société péruvienne. Brutal, dense, polyphonique, il bouleverse les codes narratifs de son temps et impose d’emblée Vargas Llosa comme une voix majeure du « Boom » latino-américain. Le livre provoqua un scandale national, au point que certains exemplaires furent brûlés publiquement devant les casernes.

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La maison verte (1966)

Roman ambitieux et foisonnant, La Maison verte tisse plusieurs intrigues entre le désert péruvien et la forêt amazonienne. On y croise une maison close mythique, des trafiquants, des militaires, des religieux… Tout s’entrelace dans un récit éclaté, presque musical, qui met en lumière la marginalité, l’exclusion et la violence sociale. Ce roman exigeant est aussi un tour de force formel.

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La fête au Bouc (1969)

Sans doute son roman politique le plus maîtrisé. En revisitant les dernières heures du dictateur Rafael Trujillo, il propose une réflexion glaçante sur les mécanismes de la terreur, la compromission, la masculinité toxique et les blessures de la mémoire. Dans La fête au Bouc, trois voix narratives se répondent dans un récit haletant, aussi littéraire qu’historique.

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La Guerre de la fin du monde (1981)

Inspiré de faits historiques réels, ce roman retrace le soulèvement de Canudos dans le Brésil du XIXe siècle. Avec une ampleur digne de Tolstoï, Vargas Llosa met en scène le choc entre fanatisme religieux, misère sociale et violence militaire. La Guerre de la fin du monde est l’une de ses œuvres les plus puissantes, où se lit sa fascination pour les figures de l’absolu et les dérives idéologiques.

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Le Paradis – un peu plus loin (2000)

Deux vies, deux combats, deux utopies. Le roman croise les destins de Flora Tristán, militante féministe et socialiste, et de son petit-fils Paul Gauguin, le peintre rebelle. À travers ces portraits, Vargas Llosa explore les tensions entre idéalisme politique et quête individuelle de liberté. Le Paradis – un peu plus loin est un texte subtil, où l’histoire personnelle se mêle aux grands mouvements sociaux.

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Le Rêve du Celte (2010)

Le Rêve du Celte est une biographie romancée de Roger Casement, diplomate britannique devenu héros de l’indépendance irlandaise. Vargas Llosa suit ce personnage complexe depuis les horreurs du Congo belge jusqu’à sa fin tragique. Un roman humaniste, profond et nuancé, sur les paradoxes de l’engagement, le colonialisme, et la quête de justice.

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La civilisation du spectacle (2012)

Dans cet essai incisif qu’est La civilisation du spectacle, Vargas Llosa s’inquiète de la superficialité croissante de nos sociétés. Il y dénonce l’essor du divertissement au détriment de la culture, la dilution de la pensée critique et la transformation de l’art en produit de consommation. Un texte polémique, parfois contesté, mais toujours stimulant.

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La disparition de Mario Vargas Llosa laisse un vide immense dans le paysage littéraire mondial. À une époque où les voix discordantes se font rares et les idées s’aplatissent dans le tumulte des opinions, il incarnait une forme d’intellectuel en voie de disparition : exigeant sans être élitiste, engagé sans être dogmatique, passionné sans jamais renoncer à la nuance. Son œuvre demeure une invitation à penser contre soi-même, à lire le monde à travers ses contradictions, à croire en la littérature comme dernier espace de liberté. Avec lui, s’éteint une certaine idée de l’écrivain, celle d’un homme qui croyait que les mots, s’ils ne pouvaient pas changer le monde, pouvaient au moins nous aider à mieux le comprendre.

Article rédigé par
Mélanie Carpentier
Mélanie Carpentier
Journaliste
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