Genre dans lequel s’aventurent bien des cinéastes, le post-apocalyptique se veut riche et bien souvent dense dans ses propos sur l’humanité. Toujours traité comme un reflet déformant de notre monde, le post-apo emprunte à divers genres. Qu’il s’agisse de la science-fiction, de l’anticipation, ou de l’horreur, tous ont en commun d’apporter une vision puissante et ont pour but de mettre l’humanité face ses dérives. Voici une sélection de films marquants.
Le post-apocalyptique, qu’est-ce que c’est ?
Sous-genre de la science-fiction, le genre post-apocalyptique dépeint la vie après une catastrophe (une apocalypse) d’envergure mondiale ayant détruit la population ou un modèle de société que nous connaissons. Invasion extraterrestre, guerre nucléaire, désastre écologique ou pandémie, autant de causes qui justifient un déséquilibre majeur de l’univers dans lequel l’histoire nous immerge. Notons par ailleurs que, la plupart du temps, ces catastrophes se font l’écho des dérives actuelles de notre société. Des miroirs déformants à l’extrême qui, comme tout bon récit d’anticipation, tentent de nous transmettre un message, aussi choquant soit-il. Mad Max, Soleil Vert, La Planète des Singes, autant de chefs d’œuvres qui ont marqué par leur esthétisme, leur atmosphère et leur propos, le genre post-apocalyptique.
La Planète des singes (1968)
Bien avant la trilogie débutée en 2011 avec La Planète des Singes : Les Origines, le roman La Planète des Singes de l’auteur français Pierre Boulle a inspiré une première adaptation en 1968, réalisée par Franklin J. Schaffner. Egaré dans l’espace-temps, un engin spatial américain s’écrase en 3978 sur une planète inconnue. L’équipe d’astronautes composée de Taylor, Landon et Dodge découvre que les humains de cette planète sont sous le joug de singes très évolués. Première adaptation cinématographique de cet univers post-apo, La Planète des Singes s’est rapidement imposé comme un monument du cinéma de science-fiction. Avec une réalisation bluffante encore aujourd’hui, son propos impérissable et très probablement le twist le plus culte de l’histoire du cinéma, La Planète des Singes n’a jamais cessé d’inspirer les cinéastes. Preuve en est avec sa suite, La planète des Singes : Le Nouveau Royaume.
Soleil Vert (1974)
En 2022, un épais brouillard a enveloppé la surface de la Terre, tuant la végétation et la plupart des espèces animales. L’humanité se scinde alors en deux groupes, les nantis, pouvant avoir accès à la nourriture rare et chère, et les affamées, nourris d’un produit synthétique rationné par le gouvernement. Mais un jour, une révolution éclate et le président trouve la mort. Sur fond de surpopulation, de famine, de cannibalisme industriel et de pollution, Soleil Vert s’impose comme un film d’anticipation sombre et pessimiste. Bien qu’il accuse quelque peu le poids des années dans sa réalisation, le film conserve sa puissance narrative qui trouve plusieurs échos à notre époque. Aussi juste qu’émouvant, notamment porté par Charlton Heston, ce film, parmi les plus importants du genre post-apocalyptique, a été réalisé par Richard Fleicher.
Terminator (1984)
Dans un futur où les humains se livrent une guerre sans merci, un terminator, robot d’apparence humaine, est envoyé dans le passé afin d’éliminer Sarah Connor, avant que celle-ci ne donne naissance à John, le futur chef de la résistance. Chef d’œuvre intemporel signé James Cameron, Terminator est une grande étape pour le cinéma de science-fiction et le genre post-apocalyptique. Avec son intrigue novatrice, Terminator nous embarque dans son rythme haletant et nerveux de bout en bout, dans lequel Arnold Schwarzenegger interprète le rôle de sa vie. Une référence du 7e art qui donnera naissance à toute une saga par la suite.
Akira (1991)
Adapté du manga Akira, le film d’animation éponyme a été réalisé par nul autre que l’auteur Katsuhiro Ôtomo, en 1991. Le film prend place après qu’une mystérieuse explosion a détruit la ville de Tokyo et plongé le monde dans une Troisième Guerre mondiale. 31 ans plus tard, la ville de Néo Tokyo a retrouvé sa prospérité d’antan. Cependant, le contexte social se ternit, les citadins se réfugient dans la drogue ou la religion et les jeunes se livrent à des courses de motos illégales à travers la ville. Un jour, le jeune Tetsuo est arrêté et conduit dans un laboratoire secret où il subit de terribles expériences. Akira a atteint depuis bien longtemps le statut d’œuvre culte. Un récit qui s’aventure dans une multitude de genres aussi denses les uns que les autres. De l’anticipation urbaine à la science-fiction, en passant par le thriller ou l’horreur, Ôtomo parvient à offrir en un film un condensé somptueusement rythmé de tous les points forts de son manga. Une œuvre mythique pour le monde de l’animation.
L’Armée des 12 singes (1996)
Référence absolue du genre post-apocalyptique, L’Armée des 12 singes est un film librement inspiré d’un autre chef d’œuvre, le court-métrage La Jetée, sorti en 1962. Réalisé par le bien connu Terry Gilliam, à qui l’on doit Monty Python Sacrée Graal, L’Armée des 12 singes nous plonge dans un univers singulièrement sombre et oppressant. En l’an 2035, la surface du globe est devenue inhabitable après qu’un virus a décimé 99 % de la population. Les quelques milliers d’habitants survivants se cachent sous terre. Leur dernier espoir repose sur un voyage temporel leur permettant de découvrir les causes de la catastrophe afin de la prévenir. James Cole, hanté par des images incompréhensibles, est désigné pour cette mission cruciale. Un récit dans lequel Terry Gilliam apporte son univers foisonnant de détails et d’idées de réalisation. De la direction artistique à la musique, en passant par l’histoire et les personnages, chaque élément nous immerge dans cette profonde aventure. Sans oublier le casting, doté d’un Bruce Willis et d’une Madeleine Stowe tous deux d’une grande justesse et d’un Brad Pitt stupéfiant d’originalité, L’Armée des 12 singes est un chef d’œuvre à voir et revoir sans modération.
Matrix (1999)
Bien plus qu’un film culte, Matrix est un pillier du cinéma moderne. Sorti en 1999 et réalisé par les sœurs Wachowski, ce film raconte l’histoire de Thomas Anderson, joué par Keanu Reeves, un pirate informatique plus connu sous le nom de Néo. Un jour, il reçoit des messages d’un certain Morpheus, qui l’exhorte à transcender les apparences et à percer le mystère de la Matrice. Matrix se situe dans un monde ravagé et investi par les machines, dans lequel les humains sont cultivés dans la Matrice telles des ressources énergétiques. Seuls quelques survivants, cahchés dans les profondeurs de la Terre, luttent encore contre le joug des machines. La saga Matrix est le précurseur du cinéma d’action que nous connaissons aujourd’hui. Avec une technique révolutionnaire, un univers fort et des personnages mémorables, Matrix et ses suites forment un quatuor indissociable qui possède un propos faisant encore aujourd’hui l’objet de débats passionnés. Monument absolu et intemporel du cinéma.
28 Jours plus tard (2003)
Une troupe de la Protection Animale attaque un laboratoire secret qui pratique d’horribles expériences sur des chimpanzés. Mais aussitôt libérés, les primates contaminés par un mystérieux virus s’en prennent à leurs sauveurs. 28 jours plus tard, le mal s’est répandu à travers tout le pays, dans lequel les rescapés tentent de survivre par tous les moyens. Un film poignant, gore, stressant, mais également intelligent, 28 jours plus tard brise les règles traditionnelles du film de zombi classique. Ici, nous explorons davantage la psychologie des personnages et leur rapport à ce monde solitaire, dangereux et imprévisible. Une grande figure du genre post-apo signée Danny Boyle.
Je suis une Légende (2007)
Adaptation cinématographique du roman éponyme de Richard Matheson paru en 1954, Je suis une Légende nous raconte l’histoire du docteur Robert Neville, ici interprété par Will Smith, seul et isolé dans un New York dévasté par un virus ayant transformé l’ensemble de la population mondiale en mutants carnivores. Immunisé contre le virus, le docteur cherche désespérément un remède. Le réalisateur Francis Lawrence signe une adaptation immersive et pertinente de bout en bout. Le récit est ponctué par d’intenses moments de calme et de tension afin de tenir le spectateur en haleine. Malgré un casting restreint, la performance de Will Smith contribue grandement à renforcer l’aspect post-apocalyptique de l’ensemble. Un film culte depuis longtemps placé dans ce qui se fait de mieux dans le genre post-apo.
Wall-E (2008)
Neuvième film des studios Pixar, Wall-E, réalisé par Andrew Stanton, sort en 2008 et nous fait suivre les aventures d’un petit robot attachant. Seul sur terre, Wall-E est conçu pour nettoyer la planète après que les humains l’ont polluée au point de l’abandonner pour aller vivre dans un immense vaisseau spatial. Le robot fait la connaissance d’une sonde de reconnaissance nommée EVE. Instantanément attiré par la « robote », Wall-E s’embarque dans des péripétie lourdes de conséquences pour l’humanité toute entière. De tous les films Pixar, Wall-E est très probablement le plus audacieux. Quasiment muet pendant près de 45 minutes, le film bénéficie d’un rythme parfait, dans lequel l’animation seule et les nombreux détails visuels retrouvent toute leur puissance narrative. Avec un récit touchant et surtout pertinent, Wall-E se hisse sans mal dans le haut du panier des films post-apocalyptiques et des films Pixar par la même occasion.
La Route (2009)
Adapté du roman post-apocalyptique éponyme de Cormac McCarthy, La Route de John Hillcoat relate la tragique épopée d’un père et son fils dans un paysage de fin du monde. Chaque pas les rapproche de la mort et c’est une lutte permanente pour leur survie dans une humanité réduite à l’état sauvage. Un film déchirant et pessimiste, porté par un Viggo Mortensen éblouissant en père prêt à tout pour protéger son fils.
Snowpiercer (2013)
Premier film de portée internationale pour le célèbre réalisateur coréen Bo Joon-ho, Snowpiercer est l’adaptation d’une bande dessinée française, Le Transperceneige de Jean Marc Rochette et Jacques Lob. Dans un monde en proie au froid d’une ère glaciaire, les derniers survivants de l’humanité ont pris place à bord du Snowpiercer, un gigantesque train filant à vive allure tout autour du monde sans jamais s’arrêter. Dans ce microcosme, les différentes classes du train se font le reflet de la condition sociale de notre monde. Thème de prédilection du réalisateur, il nous fait suivre la révolution menée par les humains entassés comme des bêtes en fond de train. Aussi forte que subtile, la métaphore de la lutte sociale se fait ici à travers divers reflets de notre société, notamment la manière dont les puissants vivent oisifs, mais néanmoins conscients des injustices. Avec Chris Evans au casting, ce récit demeure encore pertinent de nos jours.
Mad Max Fury Road (2015)
Trente ans après le dernier Mad Max, George Miller revient derrière la caméra avec Mad Max Fury Road, un véritable mastodonte d’action, de mise en scène et d’esthétisme au service d’un récit post-apocalyptique. Hanté par son passé, Mad Max, cette fois interprété par Tom Hardy, estime que la solitude lui assurera la survie. Il se retrouve pourtant entraîné malgré lui dans une querelle mortelle entre l’Imperator Furiosa, jouée par Charlize Theron, et les forces du seigneur de guerre Immortan Joe. Que dire de ce chef d’œuvre, hormis qu’il est encore aujourd’hui l’un des meilleurs films d’action jamais réalisé ? Avec un rythme haletant qui n’accorde que peu de pause, Mad Max Fury Road offre un véritable déluge d’action chorégraphié au millimètre par Miller et ses équipes. Une merveille autant par ses scènes d’action que par son propos riche et pertinent, se faisant un reflet efficace de nos thématiques actuelles, surtout en matière d’écologie. Une merveille qui a d’ailleurs un préquel féminin… Furiosa, sorti en salles le 22 mai.