Si dans l’espace, on ne vous entend pas crier, sous l’eau, ce n’est guère mieux. Uchronie sous-marine avec François Civil, Omar Sy, Reda Kateb et Mathieu Kassovitz, Le Chant du loup d’Antonin Baudry vient s’inscrire dans une grande filiation de films « sous-marin » aussi anxiogènes que captivants. L’occasion de revenir sur quelques-unes des meilleures torpilles cinématographiques.
Le Chant du loup d’Antonin Baudry (2019)
Les musiciens ont l’oreille absolue, les militaires ont l’oreille d’or. Dans le jargon des sous-mariniers, c’est un spécialiste de l’analyse acoustique chargé de la reconnaissance auditive. Les oreilles d’or, ce sont un peu les yeux d’un submersible. Et c’est l’une d’elles, incarnée par François Civil, que l’ancien diplomate et scénariste du Quai d’Orsay Antonin Baudry a choisi de placer au centre de sa première réalisation, Le Chant du loup, autre jargonnerie sous-marinière utilisée pour désigner le bruit émis par un sonar lorsqu’il plonge pour aller détecter la présence d’un sous-marin. Autrement dit, lorsqu’une oreille d’or détecte un chant du loup, c’est qu’il y a péril en la demeure ! Un argument dramatique tout trouvé pour Antonin Baudry et pour son film. Un premier long-métrage complexe, ultra-réaliste et aux allures de tragédie grecque. Car dans le monde de la dissuasion nucléaire, si l’oreille d’or est précieuse, elle peut également mettre tout un équipage en danger de mort à la moindre défaillance…
Kursk de Thomas Vinterberg (2018)
Thomas Vinterberg a bien réalisé un Submarino en 2010 mais rien à voir avec une quelconque histoire de submersible. Étonnant donc de voir le réalisateur de Festen s’attaquer au film de genre subaquatique avec ce Kursk, film de commande avec Matthias Schoenaerts retraçant le tragique naufrage du sous-marin nucléaire russe en mer de Barents, le 12 août 2000. Mais loin de couler dans les profondeurs du film catastrophe larmoyant, le cinéaste danois délivre un film à la colère retenue et élégante.
20 000 lieues sous les mers de Richard Fleischer (1954)
Parmi les plongées inoubliables, il y a le célèbre 20 000 lieues sous les mers de Richard Fleisher, réalisation Disney de 1954 adaptée du chef d’œuvre de Jules Verne, avec Kirk Douglas dans le rôle du harponneur Ned Land et James Mason en impitoyable capitaine Nemo. Une belle aventure pour les studios américains qui signaient-là leur toute première production majeure en prise de vue réelle.
Le Bateaux (Das Boot) de Wolfgang Petersen (1982)
Ce méconnu Bateau (Das Boot) de Wolfgang Petersen compte pourtant parmi les plus grands films de guerre subaquatiques. En pleine Seconde Guerre mondiale, l’immersion dans l’enfer exiguë d’un sous-marin y est totale, le réalisateur ayant limité au maximum les plans extérieurs. Sans doute l’un des films « sous l’eau » les plus réalistes jamais réalisés et référence incontournable du Chant du loup d’Antonin Baudry.
À la poursuite d’Octobre rouge de John McTiernan (1990)
On navigue-là en terrain bien plus connu. En pleine guerre froide, sous-marins soviétique et américain se livrent un formidable jeu de chat et de la souris dans les profondeurs de l’Atlantique. Adapté du roman d’espionnage de Tom Clancy et porté par la charismatique paire d’acteurs Sean Connery et Alec Baldwin, À la poursuite d’Octobre rouge de John McTiernan est un modèle du genre.
USS Alabama de Tony Scott (1995)
Autre duel sous-marin inoubliable, le face-à-face « choc » entre Gene Hackman, commandant aguerri de l’USS Alabama, puissant submersible américain, et son commandant en second campé par Denzel Washington. Au cœur de leur opposition : l’interprétation d’un ordre de tir de missiles nucléaires contre les Russes. Appuiera, appuiera pas ? Tony Scott avait trouvé-là l’arme dramatique absolue pour mettre nos nerfs en pelote.
U-571 de Jonathan Mostow (2000)
Retour à la Seconde Guerre mondiale avec le U-571 de Jonathan Mostow. L’histoire de la capture par les Américains (en réalité, par les Anglais) du premier sous-marin allemand, l’U-571 (en réalité, l’U-110), afin de mettre la main sur Enigma, célèbre machine de cryptage et de décryptage de messages codés. Un film à la belle mécanique scénaristique, servie par un casting sous testostérone. Jugez plutôt : Matthew McConaughey, Bill Paxton, Harvey Keitel et… Jon Bon Jovi !
Abîmes de David Twohy (2003)
Une mission de sauvetage de naufragés britanniques, des torpillages en règle par des U-boats allemands, une poursuite sous-marine… Rien de nouveau, semble-t-il, sous les eaux de cet Abîmes de David Twohy. Oui, sauf que le réalisateur, accolé de son coscénariste Darren Aronofsky (Requiem for a Dream), injecte à ce huis-clos sous-marin une savante dose de surnaturel, histoire de faire monter encore un peu plus la pression.
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