Décryptage

Courage, pensons !

17 novembre 2025
Par Maryse Bourdin
Courage, pensons !

De la propagande historique aux fake news virales, la manipulation de l’opinion n’a cessé d’évoluer. Comment garder son esprit critique à l’ère de l’IA et des réseaux sociaux ? Entre essais fondateurs, décryptages sociologiques et anticipations littéraires, voici une sélection de livres indispensables afin de comprendre les mécanismes de l’influence, déjouer les pièges de la pensée unique et reprendre le contrôle.

À une époque où la technologie avance à pas de géant et où les questions de vie privée et de désinformation sont plus pertinentes que jamais, il est important de se rappeler que la manipulation de l’opinion publique remonte à l’Antiquité.

Elle est souvent utilisée par les gouvernements, les politiciens et les organisations pour façonner l’opinion publique et influencer la prise de décision. La propagande a une histoire longue et complexe, et comprendre son évolution est essentiel pour analyser l’effet de la propagande médiatique aujourd’hui. Connaître l’écosystème de la désinformation est fondamental.

De la fabrique du consentement à la propagande totale

Dans son livre Propaganda, Edward L. Bernays posait, dès 1928, les bases du marketing de l’opinion en exposant cyniquement les techniques de manipulation mentale de masse. Son approche révolutionnaire : utiliser la psychanalyse pour perfectionner la « fabrique du consentement » au cœur même des démocraties libérales, alors même que l’on a longtemps associé la propagande aux régimes totalitaires. Bernays nous montre comment manipuler des masses, en ayant travaillé pour des publicitaires, des industriels, des politiques.

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Sa thèse est que des individus « invisibles », créateurs de savoir et de propagande, dominent les masses et détiennent le monopole du pouvoir de façonner les pensées, les valeurs et la réaction des citoyens. « Obtenir le consentement » des masses serait vital pour la survie de la démocratie.

Bernays, considéré comme le père des relations publiques, a été un pionnier dans le domaine de la persuasion d’acheter des produits ou d’accepter des idées. Il s’est fait connaître pour ses méthodes et ses campagnes efficaces. En s’appuyant sur les idées psychologiques de Sigmund Freud, son oncle, Bernays a pu développer ses propres techniques pour influencer l’opinion publique.

Ce manuel fondateur expose les ressorts de la « fabrique du consentement ». Appliquez ses principes pour décrypter comment publicité politique et réseaux sociaux manipulent aujourd’hui les émotions plutôt que la raison, utilisant les mêmes mécanismes psychologiques qu’il y a un siècle. Et son livre est toujours terriblement d’actualité.

Contrairement à Bernays qui a voulu écrire un « manuel », le propos de David Colon, dans son essai Propagande est d’exposer des idées reçues sur la propagande.

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Ainsi la propagande serait-elle l’apanage des régimes autoritaires ? Probablement pas !

La propagande est-elle politique par essence ? Non, car elle concerne aussi bien les relations publiques ou commerciales que des sujets politiques.

Que cherche un propagandiste ? À endoctriner sa cible, mais aussi à la convaincre d’agir, d’adopter une mode (le yoga, le bio) qui se répand par prosélytisme et par esprit d’imitation (rôle des influenceurs des réseaux sociaux par exemple).

La propagande est-elle nécessairement déloyale, mensongère ou trompeuse ? La réponse de l’auteur est nuancée et rebondit sur une autre interrogation.

La propagande est-elle perverse en soi ? Peut-être, dit-il, lorsqu’elle agit de façon subreptice (comme l’image subliminale) ou si elle conditionne sa cible comme les réseaux sociaux sont présumés le faire sur la jeunesse ; mais, a contrario, la propagande n’est-elle pas légitime afin de déstabiliser un régime tyrannique ?

La propagande se borne-t-elle aux populations incultes des campagnes ou des usines que l’on considéra longtemps comme sa cible privilégiée ? Non. Colon souligne que les « propagandes évoluées » aident les CSP+, gros consommateurs de médias, à « sortir de leur solitude ». Elle agit donc sur un champ très ouvert.

Il souligne l’acceptation moderne de la propagande. On en revient, à Edward Bernays qui fut le prosélyte d’un « gouvernement invisible qui dirige véritablement le pays » grâce aux « techniques issues des sciences sociales » qui permettent de « manipuler des masses inaptes à exercer le rôle de citoyen ». 

 « Comment vendre la société de consommation » touche à la communication commerciale (publicité, marketing, études de marché, comportement du consommateur) plutôt qu’à la propagande politique évoquée précédemment. Il s’agit de la publicité et des relations publiques. Ce sujet est profondément connoté en France, la concentration des médias et la publicité qui les finance.

Mais l’auteur semble omettre que l’argent est nécessaire pour assurer la pérennité d’un média et qu’il en faut beaucoup pour surmonter les mutations technologiques qui menacent la presse écrite depuis quelques années. Faute d’un actionnariat assez solide pour résister à la disruption, les médias peuvent-ils survivre aux imprévus créés par le numérique ? Cette première partie du livre réduit la propagande politique à la manipulation du peuple par une oligarchie ; cela place la publicité commerciale et la propagande politique dans un même panier ! Il est peut-être vrai que notre société est menacée d’éclatement.

Il ne faut pas non plus oublier le triomphe de l’image, celui-ci illustré par l’utilisation des affiches, des dessins, des photographies mais aussi du cinema et de la télévision pour colporter de la propagande et de la publicité.

La télévision a été pendant longtemps le plus important support de la propagande. Elle ne l’est plus maintenant. Les réseaux sociaux ont pris le relai. En associant l’image et le commentaire, elle répond à un besoin profond ; elle offre une profusion de divertissements.

Vient enfin le cœur du livre : La dégradation de l’espace public et la multiplication de l’intox et des fausses nouvelles (fake news), l’alimentation de rumeurs et diffusion de celles-ci par les réseaux sociaux.

Le public d’après Colon « cherche dans un discours publicitaire ou politique la même chose que ce qu’il cherche dans le cinéma ou au théâtre : ni le vrai ni le faux ; mais quelque chose qui va au-delà du vrai et du faux ! » Son paradoxe : est-il vrai que des moyens d’information multiples, puissants, diversifiés et accessibles à tous sur Internet instituent un doute généralisé ?

La rumeur et le complot traversent l’histoire. Propulsés par les pirates du Web, les virus informatiques perturbent la sérénité des usagers depuis que les ordinateurs sont branchés au réseau mondial ; les réseaux sociaux sont, de nos jours, propices à la reproduction sans restriction des messages qui installent le doute, dénigrent les gens et les institutions, incitent à la délation ou l’ostracisme. L’anonymat autorise les « cyber-corbeaux » à empoisonner Facebook ou WhatsApp et démultiplie l’effet délétère du complotisme.

Menées avec des moyens nouveaux sur les réseaux sociaux, l’intox, la désinformation et les fausses nouvelles qui se diffusent aujourd’hui sur WeChat (en Chine) ou WhatsApp (ailleurs) exercent-elles la même influence sur nos peuples que les discours et les tracts d’autrefois ? La propagande a-t-elle augmenté de vitesse ?

Colon affirme que nous sommes entrés dans l’âge de la propagande totale, touchant un nombre croissant d’individus connectés à Internet.

Anatomie de la rumeur et fabrique du doute

Pour illustrer le phénomène de la rumeur, le livre dirigé par Edgar Morin, La rumeur d’Orléans constitue une référence.

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Orléans, 1969. Une ville respectable plonge dans la folie. Une rumeur terrifiante se propage : des jeunes femmes disparaîtraient dans les cabines d’essayage de magasins tenus par des commerçants juifs, enlevées pour la « traite des Blanches ». La rumeur enfle, devient une certitude. La panique s’installe, la tension monte.  Pourtant un fait demeure, implacable, personne n’a disparu. Il n’y a aucune plainte, aucune victime. La rumeur est un fantôme, un monstre, né de rien.

Comment une ville entière peut-elle sombrer dans un tel délire ?

Edgar Morin se rend à Orléans pour autopsier cette rumeur.

Une rumeur n’est pas juste un mensonge. Elle nait quand un sujet est important pour un groupe mais que l’information officielle est ambiguë ou absente. Face à ce vide angoissant, les gens ne restent pas passifs, ils essaient de construire une explication ensemble en mettant en commun leurs doutes et leurs interprétations.

Edgar Morin explique que » la rumeur d’Orléans » nait du vide. Il ne se passe rien d’excitant à Orléans, c’est le calme plat. Ce calme semble suspect et la rumeur comble ce vide. Elle apporte du drame, du mystère, de l’action dans un quotidien jugé trop tranquille. Elle est l’évènement qui manquait.

L’enquête pose un diagnostic : la rumeur d’Orléans est le symptôme d’une société en mutation, pleine d’angoisses. La France de 1969 voit la libération des mœurs, l’arrivée de la société de consommation, l’émancipation des jeunes filles…La rumeur mettant en scène des femmes enlevées dans des magasins de lingerie est l’expression de la peur de la société face à la modernité et aux changements.

Pour combattre une rumeur, il ne suffit pas de la démentir avec des faits, il faut comprendre le vide qu’elle comble et les peurs qu’elle réveille.

A l’heure des fake news et des théories du complot qui se propagent en un clic, l’enquête menée par Morin n’a jamais été aussi essentielle. Elle nous rappelle que les monstres les plus effrayants sont souvent ceux que nous créons nous-mêmes.

À lire aussi

Les fake news mettent le monde à l’envers

Les fausses nouvelles ne représentent ni une rupture, ni une révolution par rapport aux rumeurs.

Si l’expression « fake news » naît et se popularise lors de la campagne de Trump et lors du Brexit, l’essor de « fausses nouvelles » en politique n’est pas nouveau.

La journaliste Doan Bui et la dessinatrice Leslie Plée s’embarquent dans un tour du monde des infos truquées dans leur bande dessinée Fake news, l’info qui ne tourne pas rond.

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Des climatosceptiques aux platistes, des usines à clics d’Europe de l’Est à Donald Trump – propagateur numéro un de « vérités » alternatives – les infox sont partout. Les deux femmes invitent le lecteur « dans le monde pas si merveilleux des fake news » pour les « démonter » et montrer comment se fait cette diffusion de fausses informations.

Celles-ci ont pour but de favoriser un parti politique, d’entacher la réputation d’une personnalité ou de contredire une vérité scientifique.

« Bienvenue chez les Terre-platistes ». Savez-vous qu’ils ont chaque année une conférence internationale ? Pour eux, la Terre est plate comme une pizza, personne n’a jamais marché sur la Lune !!!

« Dans la jungle des algorithmes », notre situation du fait de très grande fréquentation de la toile est comparée à celle d’Alice au pays des merveilles. Si vous commencez à regarder des théories complotistes, les algorithmes vont vous en proposer plein d’autres… Les « climato-sceptiques » nient tout réchauffement et n’hésitent pas à qualifier Greta Thunberg d’enfant qui a des problèmes mentaux.

« La croisade des antivaccins » est menée par des gens qui affirment que les vaccins provoquent l’autisme et qui n’hésitent pas à lancer des campagnes de harcèlement.

Les dessins collent au récit et ajoutent une note d’humour. Cette BD ludique fait œuvre de salut public en aiguisant notre esprit critique.

Autre BD pédagogique à donner à lire dès 12 ans : Crédulité et Rumeurs, Faire face aux théories du complot et aux fake news de Gérald Bronner et Jean-Paul Krassinsky.

Le sociologue Gérald Bronner est l’un des grands spécialistes français des biais cognitifs et des théories du complot. Dans cette bande dessinée réalisée en collaboration avec l’artiste Krassinsky, il nous expose quelques-uns des pièges que nous tend notre esprit.  L’ouvrage met en scène la discussion de deux adolescents, mais il sera utile bien au-delà de cet âge tant il condense un maximum d’informations. Précieux en cette ère de post-vérité.

L’éducation aux médias est essentielle dans le monde d’aujourd’hui, où la propagande est répandue sous de nombreuses formes. Elle implique la capacité d’analyser et d’évaluer les messages médiatiques de manière critique. Il est important d’être capable d’identifier les techniques de propagande et de faire la distinction entre les faits et les opinions. En développant leurs compétences en matière d’éducation aux médias, les individus peuvent devenir des citoyens plus informés et plus engagés.

D’ailleurs, à partir de 15 ans, la collection ALT répond parfaitement à la nécessité de s’informer. Dans un format très court et accessible, cette collection permet de s’ouvrir à des sujets de société à travers des essais écrits par des spécialistes engagés comme S’informer, à quoi bon ? ou encore Peut-on déjouer les fake news ?

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Littérature et propagande : la leçon de George Orwell

La littérature, elle aussi, s’est emparée de la thématique de la propagande depuis fort longtemps, on parlait alors de dystopie. Un des plus cultes est 1984 de George Orwell.

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Les thèmes majeurs de 1984 sont :

  • Le totalitarisme et la surveillance

1984 est une exploration approfondie et une dénonciation du totalitarisme, où la liberté individuelle est anéantie par un contrôle autoritaire. Le Parti utilise des méthodes de surveillance sophistiquées, symbolisées par le Télécran et la Police de la Pensée, pour suivre chaque mouvement et pensée des citoyens. Big Brother est l’incarnation de ce pouvoir omniscient, dont le slogan « Big Brother vous regarde » instille la peur. Ce contrôle constant, rendu possible par la technologie, interdit toute forme de rébellion ou même de critique.

  • La Propagande et la réécriture de l’Histoire

Au ministère de la Vérité, Winston altère les documents historiques. Ses actions démontrent comment la manipulation de l’information peut façonner la réalité perçue et maintenir le pouvoir du Parti.

La manipulation mentale est un outil clé du Parti pour maintenir son pouvoir. À travers le Ministère de la Vérité, la réalité est continuellement réécrite pour correspondre à la version officielle de l’histoire. Cette falsification systématique des faits crée un monde où la vérité est malléable, et où le mensonge devient vérité. L’utilisation de la novlangue, un langage conçu pour restreindre la pensée critique, est un autre moyen de manipulation, visant à éliminer toute idée de rébellion.

  • Les télécrans

Présents dans chaque foyer et espace public, les télécrans demeurent les outils ultimes de surveillance. Ils diffusent la propagande du Parti tout en espionnant les moindres faits et gestes des citoyens du roman.

  • Le ministère de la Vérité

Avec un nom des plus ironiques, ce ministère est responsable de la falsification des documents historiques. Il symbolise le contrôle de la réalité et la manipulation des faits.

  • La Police de la Pensée

Une force chargée d’éliminer toute pensée déviante, garantissant que tous les citoyens adhèrent aux doctrines du Parti. La Police de la pensée symbolise la répression intellectuelle et le contrôle totalitaire.

  • Big Brother

Big Brother personnifie le pouvoir absolu et inattaquable du Parti. Son image est un rappel constant de l’autorité inéluctable qui régit chaque aspect de la vie des personnages.

Pourquoi lire 1984 aujourd’hui ?

À une époque où la technologie avance à pas de géant et où les questions de vie privée et de désinformation sont plus pertinentes que jamais, 1984 permet de profiter d’une réflexion sur les dangers potentiels qui nous guettent. George Orwell ne propose pas seulement une œuvre de fiction, mais également un avertissement sur ce qui peut arriver lorsque le pouvoir est laissé sans contrôle.

À lire aussi

Intelligence Artificielle et technopolitique : le nouveau totalitarisme ?

Il est indispensable d’avoir une réflexion sur le devenir de l’humanité à l’ère de l’IA. Les intelligences artificielles prennent chaque jour un peu plus d’ampleur.

L’IA pourrait-elle devenir un appareil de propagande ? L’intelligence artificielle générative a révolutionné la production de fake news en permettant de créer des contenus trompeurs indétectables à grande échelle. Les modèles comme GPT peuvent générer des textes cohérents et convaincants, tandis que les outils de synthèse vocale et visuelle produisent des deepfakes de plus en plus sophistiqués. Cette démocratisation technologique facilite la diffusion massive de désinformation ciblée, représentant selon les experts « le moyen le plus formidable pour diffuser des fausses informations ».

Avec IA : grand remplacement ou complémentarité ?, Luc Ferry nous offre un essai modéré entre ceux qui crient à la catastrophe et ceux qui assurent que l’IA sauvera le monde. Les deux questions que l’auteur expose sont d’une part l’intelligence artificielle peut-elle remplacer l’homme jusqu’à menacer son existence ou peut-elle être au contraire une formidable opportunité d’accompagner l’intelligence humaine ?

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Que signifie « rester humain » dans un monde désormais peuplé d’intelligences artificielles ?

Ce que nous sommes, BD de Zep qui explore notre humanité et notre identité, dans une histoire d’anticipation fluide et limpide qui, une fois de plus, touche souvent juste. La société est séparée entre deux mondes, des ultra-riches aux cerveaux augmentés d’implants, qui leurs permettent de télécharger tout ce qu’ils n’ont pas envie d’apprendre, et le reste, qui se contente des miettes. Constant, personnage principal, a la chance de faire partie du premier groupe et passe ses journées en vivant des expériences sensorielles qui sont pilotées par son cerveau numérique. Il peut, comme dans les jeux vidéo, devenir quelqu’un d’autre, avoir une autre vie, modifier ce qu’il a autour de lui… Malheureusement, soudainement, il va se voir privé de ce fameux implant.

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En lisant le dernier livre de Asma Mhalla intitulé Cyberpunk – Le nouveau système totalitaire : on se dit que le futur est pourtant déjà là.

Un essai coup de poing pour défendre ce qu’il nous reste, notre liberté. Car cette dystopie Cyberpunk n’est plus une fiction, c’est notre réalité.

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En ce début de XXIe siècle, l’alliance chaotique de Donald Trump et d’Elon Musk a fait surgir une créature technopolitique à deux têtes. L’une orchestre le show, l’autre code le système. Quelque chose d’insaisissable est pourtant à l’œuvre.

Gourous de la Silicon Valley et idéologues néo-réactionnaires orchestrent un fascisme-simulacre annonciateur d’un bouleversement plus profond. Un nouveau régime, hybride, où l’État s’efface… pour mieux dominer.

Asma Mhalla démontre qu’ils ont la capacité à nous contrôler d’une façon ou d’une autre. En effet, nous avons tous dans nos poches nos smartphones et c’est le meilleur portail pour donner accès à nos données, à nos faits et gestes, à nos écosystèmes, à nos pensées, à nos opinions et donc à les orienter avec la manipulation des algorithmes. Le monde qu’on imagine dans trente ans est déjà là.

C’est confortable car nous sommes obéissants, pour la simple raison que nous ne le voyons pas. Dans les années 1930, 40 ou encore 50, la terreur ou la violence était physique et donc visible. Aujourd’hui c’est inutile, ce qui est dans votre poche, le smartphone, permet l’assurance de votre docilité.

C’est un système, une bascule du régime politique, une reconfiguration. Avant, nous avions un état avec une conception de la souveraineté nationale autour des frontières. Aujourd’hui, il existe, d’un côté, les géants technologiques privés, et de l’autre, un méga état qui construit sa politique de puissance, sa projection de puissance et de pouvoir à travers ces géants technologiques.

D’ailleurs, la Chine et les Etats-Unis fonctionnent un peu sur le même modèle. L’union entre Trump et Elon Musk, l’alliance entre le pouvoir politique à ceux que l’on appelle les « Big Data » rend réelle cette dystopie. Cette relation va durer très longtemps mais va être chaotique. Leur relation n’est absolument pas stable.

Les questions fondamentales à se poser sont : qui va façonner l’ordre mondial ? Un empire peut-il être démocratique ? En théorie oui, en pratique non.

Asma Mhalla met des mots sur cette angoisse latente et nous permet de changer notre regard sur l’évolution de la politique à l’ère de l’IA et des réseaux sociaux.

L’emprise avance en silence, à l’échelle planétaire. Un empire cognitif reconfigure la démocratie, colonise les corps et les esprits. Depuis le laboratoire américain où s’expérimente le futur, ce livre décrypte le logiciel techno-totalitaire. Dans le monde qui vient, vous ne serez pas augmentés. Vous serez programmés.

Comprendrons-nous à temps ce qui se joue ?

Nos tourments devraient être des inquiétudes constructives. Les hommes politiques devraient désormais s’emparer du sujet de l’IA car il va déterminer le futur de notre travail, de la société, de la géopolitique.

L’IA met notre cerveau en sommeil, quand on s’en remet trop à elle, on oublie de réfléchir et de mettre en avant notre esprit critique. Quand on donne trop à la machine, on peut perdre le contrôle.

Mais surtout, il faut éduquer nos enfants à garder leurs capacités de décision afin d’éviter que la stratégie de désinformation, d’influence et de manipulation soit une fatalité.

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