Suite ? Spin-off ? Riad Sattouf sort une série de bande dessinée inédite qui pose un nouveau regard sur l’univers autobiographique de L’Arabe du futur, la saga à succès du dessinateur… Et on vous dit tout le bien qu’on en pense !
C’est la surprise de cette rentrée littéraire ! Riad Sattouf sort une nouvelle série de bande dessinée : Moi, Fadi le frère volé (Les Livres du futur). Le dessinateur planche sur ce projet depuis plus de dix ans… mais personne ne l’a vu venir ! Deux ans après le point final à L’Arabe du futur, cette « suite » vient explorer une autre facette de la célèbre saga.
Un spin-off ?
Cette nouvelle série est-elle la suite de L’Arabe du futur ? Oui… en quelque sorte. « Cette bande dessinée que je prépare depuis plus de dix ans, écrite et dessinée d’après des entretiens réalisés avec mon frère en 2011 et 2012, donne enfin la parole à Fadi. Il y raconte son enfance incroyable avec mon père et jette une tout autre lumière sur L’Arabe du futur ! », annonce Riad Sattouf sur son compte Instagram.
Voir cette publication sur Instagram
Dans L’Arabe du futur, l’auteur de BD retraçait sa jeunesse à cheval entre deux cultures : la France, le pays de sa mère, et la Syrie, celui de son père. Au fil des six albums, qui couvrent la période de 1978 à 2011, ce dernier prend peu à peu un virage religieux radical, laissant derrière lui Riad, ses frères et leur mère. À la fin du quatrième tome, ce père quitte son épouse française pour rejoindre la Syrie et part avec son troisième fils, Fadi, âgé de quelques années seulement. Dans Moi, Fadi le frère volé, Riad Sattouf perce enfin le mystère de cet enlèvement.
À la toute fin du sixième et ultime tome de L’Arabe du futur, le dessinateur est réuni avec ce frère disparu, désormais âgé de 25 ans, soit près de 20 ans après son rapt. Ils ont tout à apprendre l’un de l’autre. Riad, lui, a connu le quotidien avec sa mère, qui tente désespérément de faire revenir son fils en France. Fadi, lui, a vécu avec leur père, leur famille syrienne et un quotidien à l’opposé de celui du dessinateur.
Si les fidèles lecteurs et lectrices connaissent déjà la fin – ou une partie… – nul besoin d’avoir lu tous les tomes de L’Arabe du futur pour s’attacher à la farandole de personnages qui peuplent cet univers. Surtout qu’à partir de son enlèvement jusqu’à son retour en France, le destin de Fadi restait jusqu’alors inconnu. Mais les fans de Riad Sattouf seront sans aucun doute ravis de découvrir, dès les premières pages de ce premier tome, des scènes faisant écho à L’Arabe du futur… et quel plaisir ! Le dessinateur propose ainsi une relecture, à travers un autre regard, de sa saga d’origine.
À la recherche du frère disparu
Au fil des six albums de L’Arabe du futur, le personnage de Fadi est relativement anecdotique… jusqu’à son enlèvement. Dans cette nouvelle série, Riad Sattouf donne la parole à son frère. Une tâche ardue puisqu’il lui aura fallu une décennie pour concrétiser cette idée de BD. On imagine assez bien la gêne ressentie par ces deux frères qui se rencontrent à l’âge adulte, les années passées éloignés, à baigner dans deux cultures différentes et à ne pas parler la même langue… Pourtant, la BD reste riche en anecdotes, avec toujours cette importance donnée à l’introspection et aux sentiments du protagoniste. Résultat : le récit est vivant et, avant tout, sensible.
Puis, survient le rapt par le père vers la Syrie. Le lecteur embarque avec Fadi vers une terre inconnue. Comment Fadi a-t-il vécu cet arrachement à sa mère et aux côtes bretonnes pour sa famille paternelle et les campagnes syriennes ? Comment s’est-il acclimaté dans ce pays dont il ne parlait pas la langue ? À quoi pouvait ressembler une enfance dans un pays soumis à la dictature ? Tant de questions restées sans réponse, aussi bien pour le jeune Riad que pour les lecteurs et lectrices.
Malgré ce drame – et c’est tout le charme de cette bande dessinée –, le personnage de Fadi continue de vivre une enfance (presque) comme les autres : il va à l’école, s’amuse avec ses cousins et joue aux jeux vidéo… Un peu comme dans L’Arabe du futur, où Riad Sattouf faisait le récit de son adolescence dans tout ce qu’elle a de plus simple, cette BD raconte et dessine avec tendresse et précision l’enfance, celle de Fadi, et quelque chose qui nous touche tous. Soit le terrain de jeu favori du dessinateur, qui saisit comme personne l’essence de la jeunesse dans ses œuvres, de sa propre expérience dans L’Arabe du futur à celle d’une jeune fille dans Les Cahiers d’Esther en passant par son film Les Beaux Gosses (2009).
La Sattouf mania continue
L’Arabe du futur est un best-seller. Depuis 2014, les albums se sont écoulés à 3,5 millions d’exemplaires dans le monde et ont été traduits dans 23 langues. Suite ou pas suite, Moi, Fadi le frère volé provoque déjà un engouement important chez les lecteurs et les lectrices, laissés orphelins depuis la sortie du dernier tome de la saga en 2022. À l’annonce de cette nouvelle BD, les commentaires enthousiastes pleuvent sur Instagram : « Fantastique !!! Hop, sur ma liste de Noël », « Je vais pleurer, Bravo Riad !! Ça va encore se lire en un battement de cils », « Trop génial ouèche », ou encore « Dans la famille Sattouf je demande aussi la mère », peut-on lire sous le post du dessinateur.
Si l’on espérait secrètement la parution du deuxième tome de sa série Le Jeune Acteur, dont le premier volet est paru en 2021 et retrace les premiers pas de l’acteur Vincent Lacoste dans le film Les Beaux Gosses de Riad Sattouf, cette nouvelle BD crée la surprise. On y retrouve tout ce qu’on aime chez Riad Sattouf : un ton mêlant drame et humour et un code couleur bien à lui. De quoi relancer la Sattouf mania et l’envie de (re)lire tous les tomes de L’Arabe du futur en attendant la suite…
