LE CERCLE LITTÉRAIRE – Le coup de cœur de Caroline R. (Rumilly). Les Choses humaines est le 11e roman de Karine Tuil, et remporte en 2019 le prix Goncourt des lycéens ainsi que le prix Interallié. S’inspirant d’un sordide fait divers américain, l’auteure française y aborde notamment l’épineuse question du consentement.
Les choses humaines
Le coup de cœur de Caroline R. (Rumilly)
Les Choses humaines est le 11e roman de Karine Tuil, et remporte en 2019 le prix Goncourt des lycéens ainsi que le prix Interallié. S’inspirant d’un sordide fait divers américain, l’auteure française y aborde notamment l’épineuse question du consentement.
Sexe et pouvoir
L’histoire est malheureusement « commune » : une jeune fille majeure, issue d’une classe moyenne, est victime de viol par un jeune homme, qui lui vient d’une classe hautement bourgeoise, dans le sens renommée sociale. Le père est présentateur télé et radio depuis très longtemps et il jouit, à ce titre, d’un statut de star. La mère, plus réservée, est écrivaine mais est également très connue. Le roman commence par l’affaire Monica Lewinsky à laquelle est mêlée, dans sa jeunesse, la mère.
Le décor est planté : sexe et pouvoir.
Se questionner via la fiction
Après avoir décrit la vie mondaine de la famille du jeune homme ainsi que tous leurs privilèges, Karine Tuil en vient à l’événement proprement dit qui va nous permettre de plonger dans de nombreux questionnements :
– les femmes « ancienne génération » sont coincées dans une posture qui évolue entre le droit d’être importunée et l’émergence d’un nécessaire respect de la femme et de son consentement.
– on réalise aussi à quel point les hommes méconnaissent totalement ce qui se passe dans la tête d’une fille : l’écrivaine parle de « virilité puérile ». D’où la notion de « zone grise », qui en l’absence du NON, permet le OUI.
– la fin est également très intéressante dans le sens où le jeune homme reconnu coupable de viol va créer une application qui permet de préciser le consentement éclairé et non équivoque. Cette fin pose question : sommes-nous vraiment incapables de communiquer entre hommes et femmes sur un sujet aussi important que le consentement ?
Je ne connaissais pas Karine Tuil, l’auteure de ce roman, mais j’ai beaucoup apprécié son style et surtout cette façon qu’elle a d’amener les sujets par le biais d’une fiction et de nous faire réfléchir à des thématiques nous concernant toutes et tous.
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Parution le 7 janvier 2021 – 352 pages