LE CERCLE LITTÉRAIRE – Le coup de cœur d’Anne C. (Issy les Moulineaux). Roman aussi bouillonnant et grouillant de vie et de malheurs que peuvent l’être les grandes villes de l’Inde ! Quel équilibre peuvent trouver dans ce monde rongé par la corruption, la misère et le poids des traditions des personnages qui mettent tout en œuvre pour échapper à leur destin et rêvent d’un avenir meilleur ?
L’Équilibre du monde
Le coup de cœur d’Anne C. (Issy les Moulineaux)
Quatre destins vont se croiser…
Dina est la jeune veuve d’un homme qu’elle avait épousé par amour. Elle ne souhaite pas se remarier, malgré les pressions de son frère, mais vivre et être financièrement indépendante. Maneck, 17 ans, quitte son village des montagnes du Nord pour suivre des études en ville. Ishvar et Om, l’oncle et son neveu issus d’une caste d’Intouchables, de ceux à qui sont réservées les tâches impures liées aux cadavres des animaux (tannerie, dépeçage et travail des peaux), sont devenus tailleurs grâce à leur courage et à l’appui d’un artisan d’une autre religion. Ils rêvent d’une vie consacrée à leur travail de couture pour échapper à leur condition. Leurs routes à tous se croisent dans la grande ville (Bombay n’est jamais nommée) et, malgré les obstacles, une vie précaire mais pleine d’espoir les réunit.
… dans un monde où on ne réalise pas ses rêves
L’Inde est dépeinte, des années 1970 à 1984, comme un pays qui ne laisse pas de place à un tel espoir. Le Premier ministre truque les élections, déclare l’état d’urgence, la mendicité est un « métier » organisé dans la violence, la vie des plus pauvres ne vaut rien, le Planning familial, qui a pour objectif le contrôle des naissances par la stérilisation quasi forcée des damnés de la terre, a recours à des méthodes indignes, la dot des filles à marier, le mariage pour les hommes restent l’objectif d’une vie, les conditions de travail n’en sont pas et les émeutes meurtrières entre communautés sont un risque permanent. Chacun lutte comme il peut mais l’Inde avale ceux qui rêvent de liberté !
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Paru le 20 juin 2001 – 890 pages
Traduit de l’anglais (Inde) par Françoise Adelstain