Décryptage

Les origines de la musique classique

22 décembre 2021
Par Mathieu M.
Les origines de la musique classique

Également appelée « musique savante », le classique regroupe un grand nombre de pièces instrumentales, vocales et orchestrales ayant défini la culture occidentale. Découpée en plusieurs parties correspondant à des courants esthétiques, son histoire nous en dit beaucoup sur l’apport des grands compositeurs à l’art.

La musique classique à l’ère du baroque

King ArthurOn date l’apparition de la musique dite « classique » de la Renaissance. Sortant des canons de la musique sacrée médiévale, les compositeurs d’alors multiplient les formes, en écrivant des thèmes profanes ou instrumentaux, en plus de leur production liturgique toujours importante.

Au XVIIe siècle, l’art européen est marqué par le baroque, qui domine toutes les disciplines. En architecture, en peinture, en sculpture et bien sûr en musique, la tendance à l’esthétique fourmillant de détails tranche avec l’austérité des genres artistiques précédents.

Dans le domaine de la musique, chaque grand pays européen aura son compositeur majeur s’adonnant au baroque : en Angleterre, Henry Purcell (à écouter : King Arthur, O Solitude et Music for a While) écrira de superbes messes, des oratorios et cantates profanes ou sacrées, et bien sûr des opéras de grande renommée.

Vivaldi Les 4 saisonsEn Italie, Antonio Vivaldi se fera connaître en mêlant musique de chambre et orchestre. Ses concertos, dont le plus connu demeure Les Quatre Saisons (à écouter par Itzhak Perlman), traduisent le passage de la composition vers une phase plus complexe et riche harmoniquement, tout en restant fidèles aux instruments de l’époque, en particulier le clavecin.

Maître de chapelle en Allemagne, Jean-Sébastien Bach passera à la postérité pour son génie ô combien prolifique. De ses fameuses Variations Goldberg (immortalisées au piano par Glenn Gould dans ses enregistrements des Variations Goldberg en 1955 puis 1981, jouées aujourd’hui par Béatrice Rana) aux Concertos Brandebourgeois, sans oublier son immense répertoire pour orgue, ses messes, ses cantates, Bach aura fait de l’art baroque un tremplin vers la période classique, et eu une influence majeure sur toute la musique depuis lors.

Beethoven, Mozart, Haydn… la période classique


RequiemLe baroque se développa jusqu’en 1750, avec pour ultime apport le style galant (ou rococo), léger et détaillé, mais moins riche harmoniquement que le travail de Bach. De Vienne, une révolution va balayer ce courant. Accompagnement musical de l’époque des Lumières, le classicisme va chercher l’équilibre complexe entre différents motifs venus de plusieurs écoles de composition européenne. La virtuosité des instrumentistes va également permettre l’exécution de pièces de plus en plus grandioses, et voir la forme sonate, le quatuor et le concerto s’imposer.

Trois grands compositeurs marquent la seconde moitié du XVIIIe siècle : Mozart, Beethoven et Haydn. Le premier brille par son écriture éclatante, qu’il porte sur tous les genres : opéra (La Flûte enchantée), musique sacrée (son Requiem à écouter dirigé par Carlo Maria Giulini), ses concertos (pour piano, clarinette, violon, violoncelle…), ses quarante symphonies et ses sonates pour le nouvel instrument à la mode en cette période (le pianoforte, ancêtre de notre piano) en font le génial artisan de la transformation de la musique classique.

Beethoven : Symphony number 5L’autre titan, perfectionnant l’harmonie et la mélodie à cette époque, se nomme Ludwig Van Beethoven. Lui aussi excella dans le domaine de la symphonie, avec notamment le monument européen que reste la neuvième et son Ode à la joie (magnifiée et par Wilhelm Furtwangler et par Herbert Von Karajan), la très connue cinquième, et de très grandes pièces pour instrumentistes chevronnées, comme ses sonates pour piano, ses concertos pour piano et ses ouvertures de pièce lyrique.

Le XIXe siècle, une ère romantique pour la musique classique

Schubert : Trout QuintetC’est au début du XIXe siècle que le romantisme commença à germer dans la musique. Si des prémices de ce courant peuvent s’apercevoir chez Mozart ou Beethoven, c’est avec un de leur contemporain Franz Schubert, que cette phase débute. Reprenant les structures et les techniques du classicisme, le compositeur de La Truite y introduisit une harmonie plus intimiste, et explora un genre qui faisait la part belle à l’expression du sentiment : le lied (singulier de « lieder »).

Le XIXe siècle fut notamment le grand siècle du piano, avec l’émergence de récital dédié à l’instrument, et de compositeurs géniaux pour transcrire leur fougue et le dynamisme des âmes sur clavier. Les Frédéric Chopin (avec ses concertos ou ses sonates, ses nocturnes ou ses préludes), Robert Schumann et autres Franz Liszt en donnèrent certaines des plus belles pages.

21 Danses HongroisesLe violon ne fut pas en reste : après Paganini, l’école romantique dessina pour les virtuoses quelques pièces d’exception. Johannes Brahms, avec ses danses hongroises et autres concertos pour violon (à découvrir par Josef Suk, Renaud Capuçon, ou Itzhak Perlman) exalta le répertoire folklorique de son pays d’origine, tout comme Grieg en terre scandinave.

Les pièces symphoniques firent également fureur durant ce siècle définitivement triomphant pour la musique : Mendelssohn, Berlioz, Saint-Saëns, Mahler (et ses symphonies n°6 et n°9) ou Bruckner en firent une forme majeure et grandiose. Plus à l’Est, un même élan anima Tchaïkovski, qui outre une sixième symphonie somptueuse, illustra des ballets grâce à son sens de la composition, notamment Casse-NoisetteLa Belle au bois dormant ou Le Lac des Cygnes.

L’essor de l’art lyrique et vocal au XIXe siècle

La Traviata Triple VinyleL’autre fait majeur du XIXe siècle en matière musicale demeure l’essor de la musique vocale. Si l’opéra est né au temps du baroque grâce à Claudio Monteverdi, le romantisme et le nationalisme expliquent le succès de formes théâtrales musicales, qui devint même un enjeu politique dans des pays cherchant leur unité, comme l’Allemagne et l’Italie.

Le plus célèbre compositeur lyrique du siècle reste Giuseppe Verdi, dont les œuvres ont contribué à l’avènement d’une identité italienne et sublimé le rôle des ténors et des sopranos. La Traviata, Nabucco, Don Carlos, Otello ou Falstaff figurent parmi les pièces les plus importantes qu’il a laissées.

Tétralogie - L'anneau du NibelungEn Allemagne, dans une toute autre matière, Richard Wagner a considérablement inspiré le siècle, notamment dans le domaine philosophique (chez Nietzsche), et littéraire. Reprenant les grandes légendes germaniques, en particulier la saga des Nibelungen, il a livré avec sa tétralogie L’Anneau du Nibelung l’une des œuvres majeures de l’opéra, et inspiré depuis tous les compositeurs de musiques de film, par son écriture symphonique.

Turandot de Puccini, Guillaume Tell de Rossini, Carmen de Bizet… Le XIXe siècle a donné à l’opéra ses plus grands thèmes et ses moments dramatiques les plus poignants. L’art lyrique s’est depuis développé au travers des récitals de ses plus talentueux interprètes, comme Maria Callas à la Scala, les Trois ténors (José Carreras, Luciano Pavarotti et Placido Domingo) ou Jonas Kaufmann.

Musique classique et révolution moderne : entre tradition et innovation

On peut dater l’évolution suivante de la musique classique en 1913 : la première du ballet Le Sacre du Printemps, sur une composition d’Igor Stravinski, provoqua un scandale, en rompant avec la relative douceur du romantisme. Cette pièce symphonique montre comment, au début du XXe siècle, les musiciens se sont approprié formes et techniques du siècle précédent pour les subvertir.

Paris devint l’une des capitales culturelles de cette époque, comme l’atteste le succès des compositeurs impressionnistes français, dont Maurice Ravel (et ses œuvres pour orchestre comme la Boléro ou Pavane pour une infante défunte), Claude Debussy (et ses pièces pour piano, dont Children’s Corner ou ses Estampes et Images) ou encore Erik Satie (également grand compositeur pour clavier, avec ses Gymnopédies et Gnossiennes).

L’école russe fit aussi la transition vers l’époque moderne. Une manière incarnée par le parcours de Rachmaninov, interprète devenu un compositeur important, qui a notamment, dans ses concertos pour piano (dont le n°2, à écouter par Alexandre Tharaud ou Hélène Grimaud), retrouvé le souffle romantique tout en l’adaptant au XXe siècle.

A Vienne, une école « expressionniste » révolutionna enfin la musique tonale. Sous l’impulsion de trois compositeurs, Schoenberg, Berg et Webern, l’écriture classique changea à jamais. Comme, à la même époque, les peintres abstraits, ces artistes bougèrent les lignes en introduisant de nouvelles manières d’harmoniser les notes entre elles, en lissant les intervalles, via la technique du « dodécaphonisme », aboutissant à une esthétique beaucoup plus avant-gardiste et expérimentale.

La musique contemporaine, une autre histoire

Les jerks électroniques de la Messe pour le temps présentAprès la révolution de l’école de Vienne, la musique savante occidentale va progressivement se diversifier. Les partisans de la mélodie, influencés par le romantisme, iront notamment produire des œuvres symphoniques pour le cinéma.

L’avant-garde, la recherche sonore et le souci de toujours aller plus loin dans la théorie vont faire émerger quelques grands noms. Ligeti, Boulez, Stockhausen, Pierre Henry (et sa fameuse Messe pour le temps présent enregistrée avec un orchestre de rock), Luigi Nono, très différents les uns les autres, marqueront la seconde moitié du XXe siècle.

Aujourd’hui, la musique dite « classique » est représentée aussi bien par les néominimalistes, inspirés par l’ambient, Terry Riley ou Steve Reich, que sont Olafur Arnalds, Nils Frahm, Johann Johannsson, Ludovico Einaudi ou Max Richter, un traditionaliste comme Bryce Dessner ou des spécialistes de la musique chorale comme Arvo Pärt, Eric Whitacre ou Ola Gjeilo. Sans parler des plus avant-gardistes, qui renouvellent dès qu’ils le peuvent le langage, faisant résonner dans la musique les avancées théoriques de l’art contemporain…

Article rédigé par
Mathieu M.
Mathieu M.
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