Décryptage

Les origines du hip hop et du rap

22 décembre 2020
Par Léon
Les origines du hip hop et du rap

Rap, hip hop, rapcore, cloud rap, reggaeton, trip hop, trap … vous êtes perdus ? Pas de panique : embarquez pour un petit décryptage d’un genre musical, le Hip Hop. A l’occasion de la sortie de la discothèque idéale en septembre, on en profite pour réviser ses classiques et se plonger dans ce genre musical bien plus varié qu’il n’en a l’air.

De quoi parle-t-on ?

Le hip hop désigne à la fois le genre musical, mais aussi la culture hip hop au sens large, à savoir cinq disciplines en tout : rap, Djing, breakdance, graffiti, et beatbox.

Le rap est donc une composante du hip hop : il s’agit de la partie scandée en rythme par le MC.

Plusieurs genres musicaux découlent du hip hop, qui s’est au fil des années, enrichit auprès du disco, rock, hard rock, ou même funk et jazz : le trip hop, le cloud rap, le jazzrap, le reggaeton en sont par exemple des résultantes.  

Un peu de vocabulaire …

Comme toute discipline, le hip hop a son lot de vocabulaire à maitriser si vous voulez y comprendre quelque chose. Voici un petit tour d’horizon des mots que vous risquez de rencontrer :

–          MC (Master of Ceremony) : celui qui rappe

–          DJ (Disc Jockey) : celui qui est derrière les platines, qui mixe

–          Battle : compétition entre plusieurs rappeurs qui s’affrontent lors d’une joute verbale

–          Beatmaker : compositeur d’instru (morceaux sur lesquels les MCs rappent)

–          Egotrip : morceau visant à flatter l’ego de celui qui le rappe

–          Flow : la façon dont un rappeur manie le rythme et les rimes

–          Punchline : phrase choc, percutante

–          Crew, Gang : équipe, groupe

–          Scratch : bruit que fait le DJ en avançant ou reculant le vinyle sur la platine

Mais d’où vient le terme de hip hop ? Plusieurs versions apportent une réponse. La première indique que l’on doit la paternité du terme à Afrika Bambaataa, qui l’aurait utilisé pour remplacer le nom de « disco rap ». « Hip » signifierait « être branché », et  « hop », « sauter ou danser ». Pour d’autres, il faut chercher du côté du terme « hippie » : le hip hop aurait été un moyen de transformer ses frustrations en quelque chose de positif.

Tout commence aux Etats Unis

Rapper's delightLe hip hop trouve sa source aux Etats-Unis, plus particulièrement à New York, dans les années 1970, du côté des populations afro-américaines et caribéennes. Lors de soirées de quartier, des DJ reprennent des beats de musiques populaires en les isolant. Et c’est ainsi que le hip hop devient un endroit de liberté, dans ces quartiers défavorisés et discriminés.

Les MCs viendront ensuite déposer leurs rimes sur ces instrus. Cependant, on peut dater l’apparition du rap à une époque beaucoup plus lointaine : les griots d’Afrique de l’Ouest, qui officient plusieurs siècles. Ces bardes sont en fait des communicateurs, qui manient l’art oratoire et la pratique musicale, et qui sont présents lors des cérémonies du village. Mais le premier morceau de rap n’est pas américain mais italien, il s’agit de Prisencolinensinainciusol d’Adriano Celentano, en 1972. Il faudra attendre 1979 pour que le premier titre américain sorte en 45 tours. Et celui-là, vous l’avez sûrement entendu au moins une fois dans votre vie. C’est Rapper’s Delight de Sugar Hill Gang, de nombreuses fois décliné et samplé.

People's Instinctive Travels And The Paths of RhythmC’est entre les années 1980 et 1990 que l’on date l’âge d’or du hip hop. A cette époque, le milieu foisonne de nouvelles créations et de nouveaux styles. La qualité des morceaux fait émerger quelques têtes d’affiche, dont A Tribe Called Quest, De La Soul, Public Ennemy

Le succès du hip hop est à corréler à l’engagement militant de ses propos. Les MCs produisent des contenus politiques, qui prennent position sur plusieurs thèmes : violence, drogue, ou encore les forces de l’ordre. Souvenez-vous, « Fuck tha Police » nous disait N.W.A.

Old School vs New School

MessageLe hip hop old school représente la première vague de créations hip hop aux Etats-Unis, dans les années 70. Connu pour sa simplicité (au niveau des flows et des instrus), il est souvent plus lent et plus naïf dans les thèmes qu’il aborde (la fête). Parmi les représentants de ce courant, on peut citer Afrika Bambaataa bien sûr, Grandmaster Flash, Kurtis Blow, ou Rock Steady Crew.

Raising HellEn 1983, le hip hop new school prend la relève et propose un contenu plus percutant, plus rapide, et aussi plus dénonciateur. On quitte peu à peu l’univers du funk/disco pour se rapprocher du rock, et la boite à rythme devient de plus en plus utilisée. Les titres sont courts, facilitant ainsi leur passage en radio, et les succès commerciaux ne tardent pas à arriver. Run DMC, LL Cool J et les Beastie Boys en sont les principales figures. 

Des années 90 jusqu’aux années 2000

C’est en 1990 que l’on assiste, selon Billboard, à « l’explosion du rap ». Le hip hop se fait une place tout en haut des ventes, et devient de plus en plus populaire. Les sous-genres ne cessent de se préciser. Pour citer quelques noms : MC Hammer (qui se place en haut des classements avec U Can’t Touch This), Wu Tang Clan, The Fugees, Dr Dre, Vanilla Ice, Tupac Shakur, et Notorious BIG.

Et le succès ne faiblit pas lors du passage au second millénaire. Eminem, Jay Z, Kanye West, 50 Cent et bien d’autres se font un nom dans les années 2000. Le virus touche tout le globe : sur les autres continents, les artistes se sont appropriés les codes du hip hop et proposent du contenu de qualité.

Sans oublier la France

Paris sous les bombesLa scène française n’a pas été épargnée par la vague hip hop. C’est Dee Nasty, dans les années 80, qui ramène le style dans l’hexagone. L’émission HIP HOP animée par Sidney sur TF1 contribue à populariser le genre. Dès les années 90, une première vague déferle, avec des noms comme NTM, IAM, MC Solaar, Oxmo Puccino, Fonky Family.

Deux radios, SkyRock, et Planet Rap, auront aussi largement permis la diffusion du hip hop.

Aujourd’hui, on distingue plusieurs courants en France : rap hardcore, rap gansgta, rap lyrical, rap « iencli », etc. Certains rappeurs s’organisent en groupes ou collectifs : La Scred Connexion, la Fonky Family, l’Entourage, 1995, la Mafia K’1 Fry, Columbine. Parmi les têtes qui ont émergé ces dernières années, citons Lomepal, Damso, Bigflo et Oli, Jul, PNL, Nekfeu, Booba, Orelsan.

Et les femmes dans tout ça ?

Dans ma bulle - Nouvelle éditionLe milieu du rap reste malgré tout un milieu très largement masculin, même si les femmes présentes ne manquent pas de talent. Pour expliquer la faible féminisation du rap game, certains invoquent le sexisme inhérent au hip hop. Eloise Bouton, la fondatrice de Madame Rap (média dédié à la mise en lumière des femmes et personnes LGBT+ dans le rap), l’énonce ainsi : « En toile de fond, il y a tous les stigmates dont souffre le rap: c’est misogyne, ça vient de la banlieue… Ça pénalise les femmes par rebond« . Certains clichés ne demandent qu’à être dépassés. D’ailleurs, certaines rappeuses embrassent les codes en jouant sur l’hypersexualisation, ou à l’inverse, en s’en détachant complétement.

Diam’s a par exemple représenté une petite déflagration dans le rap game, dans la mesure où elle a été une des premières femmes rappeuses à connaitre un tel succès. Même s’il ne faut pas oublier MC Sha Rock, la première MC afro américaine, dans les années 70.

Pour citer quelques noms de femmes qui officient aujourd’hui : Missy Elliott, Shay, Cardi B, Keny Arkana, Lizzo, et bien d’autres.

Article rédigé par
Léon
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