Tolkien de Dome Karukoski : aux origines de la Terre du Milieu

Qui ?

Si Peter Jackson s’est chargé d’adapter les deux œuvres emblématiques de l’écrivain britannique avec ses deux trilogies épiques Le Seigneur des anneaux et Le Hobbit, le cinéaste finlandais, également fan de la première heure du monsieur, a choisi le tout aussi périlleux défi de mettre en image la vie de Tolkien. Pour l’incarner, il a choisi Nicholas Hoult. Séduisant manipulateur de la série Skins, étudiant troublant dans A Single Man et Fauve agile dans X-Men, l’acteur anglais décroche ici son véritable premier rôle. À ses côtés, son double adolescent, le jeune Harry Gilby, ainsi que Lily Collins dans le rôle d’Edith Bratt, celle qui fut la muse de Tolkien. Anthony Boyle, Patrick Gibson et Tom Glynn-Carney endosseront le rôle des « meilleurs amis », Colm Meaney et Derek Jacobi, ceux des incontournables tuteurs et mentors de Tolkien.

Quoi ?

Le biopic de Dome Karukoski se penche sur les jeunes années de J.R.R. Tolkien. Sur ces âges initiatiques et fondateurs d’un Tolkien « en formation » qui n’a encore rien écrit. Ni Hobbit, ni Seigneur des anneaux. Ceux de l’adolescence, de l’école et de l’université où l’étudiant parti de rien rencontrera l’amour (celui des langues, celui d’Edith) et l’amitié… Jusqu’à sa première et traumatisante expérience du monde adulte, celle de la Première Guerre mondiale. Autant d’expériences qui viendront nourrir son inspiration…

On en attend quoi ?

C’est avec passion et élégance que Dome Karukoski avait abordé la vie de l’icône mondiale de la culture gay Tom of Finland. On en attend au moins autant pour Tolkien. De comprendre, au regard de ce récit de jeunesse, son futur rapport au monde, réel et imaginaire. D’où lui vient sa passion pour la philologie (en grec ancien, l’« amour des mots, des lettres, de la littérature ») et l’univers fantastique ? Et comment, au fil de ses différentes expériences, heureuses et douloureuses, est finalement né l’univers merveilleux, de la Terre du Milieu ?

Ce qu’on en a pensé 

Depuis son enfance désargentée à Birmingham jusqu’à sa plongée dans le chaos de la bataille de la Somme, en passant par son intronisation à la King Edward’s School puis à Oxford, Dome Karuloski nous promène à travers la jeunesse de Tolkien, dans l’Angleterre du début du 20^e siècle. Sous les traits délicats d’un Nicholas Hoult à l’équilibre entre flegme extérieur et bouillonnement intérieur, le réalisateur finlandais nous balade au fil de ces années d’apprentissage de la vie et des émotions. Tolkien, c’est notamment cette histoire amitié nouée avec ses compagnons d’études, ses amis de la TCBS, la Tea Club Barrovian Society. Un cercle de réflexion littéraire qui deviendra pour lui une véritable communauté (sans anneau) ! C’est également une belle et touchante histoire d’amour. Celle des mots qui mènera Tolkien à embrasser la philologie, à explorer le monde fascinant du langage, jusqu’à créer son incroyable mythologie de la Terre du Milieu.

Le film s’immisce ainsi au cœur de l’esprit créateur du jeune homme, nous donnant à voir les rouages de son imagination en marche. Mais c’est aussi et surtout la grande histoire d’amour qui l’unira pour la vie à Edith Bratt, formidable Lilly Collins. Classique dans la forme, ce Tolkien nous raconte non sans passion comment toutes les péripéties et les sentiments de ces premières années sont venus nourrir l’imagination géniale de l’écrivain et irriguer par la suite toute son œuvre…

—

Photos : © 2019 Twentieth Century Fox