Le 4 mars dernier, Le Livre de Poche conviait des lecteurs privilégiés à une rencontre exclusive avec Ken Follett. Le cadre était tout choisi pour accueillir les férus des romans historiques : le collège des Bernardins, ancien collège cistercien en plein cœur de Paris. L’écrivain gallois s’est prêté au jeu des questions-réponses avec le public. Quatre informations à retenir de cette belle soirée hors du temps.
Si Ken Follett est écrivain, c’est grâce à… James Bond
Après une introduction de Véronique Cardi, directrice générale du Livre de Poche, et la diffusion d’une vidéo centrée sur le parcours de l’écrivain à travers l’Europe pour l’écriture d’Une Colonne de feu, Ken Follett a fait son entrée au Collège des Bernardins face à un public conquis. L’auteur a débuté son discours avec aisance, dans un français impeccable mâtiné d’un accent gallois. Avant de répondre aux questions du public, le romancier est revenu sur son rapport à l’écriture et sur ses influences littéraires majeures : Shakespeare et James Bond (les livres de Ian Flemming). Le costume trois pièces qu’arbore l’auteur lors de toutes ses apparitions publiques n’est d’ailleurs pas sans rappeler la silhouette de son héros d’enfance…
La passion de Ken Follett pour l’espion britannique a nourri son intérêt pour les personnages romanesques forts, son empathie naturelle et son goût pour l’enquête et l’aventure. Que ce soit dans ses premiers romans d’espionnage (L’Arme à l’œil) ou dans son cycle historique, il décline dans tous ses travaux la figure de l’espion : Une Colonne de feu met en scène un espion au service de la reine Elizabeth Ire. Dans ses textes, la mission de l’espion est primordiale : obtenir l’information qui changera le cours de l’Histoire.
Si ses amis s’ennuient en lisant ses textes, il les réécrit jusqu’à satisfaction totale
Le public présent au Collège des Bernardins s’est interrogé sur les méthodes de travail de cet écrivain ultra-prolifique et dont les livres sont lus dans le monde entier. Ken Follett a livré quelques secrets d’écriture… dont le fait qu’il écrit ses romans en trois ans. La première année, l’écrivain se fait enquêteur. Ses recherches mêlent voyages, enquêtes de terrain et nombreuses lectures : pour Une Colonne de feu, Follett a lu plus de 200 livres. Il rédige ensuite un plan détaillé d’une soixantaine de pages et se lance dans l’écriture du premier jet, qu’il soumettra à une équipe d’historiens. La vérité historique est l’exigence première de l’auteur, c’est elle qui nourrit son imagination.
La deuxième exigence de l’auteur, c’est le plaisir des lecteurs. Pour être certain que son livre ne provoque ni ennui ni rejet, il donne à lire la première version du roman à quelques amis proches. Et leur avis peut condamner l’existence d’un chapitre entier… Alors, quel est le secret de Follett pour passionner un public si large et hétérogène ? L’identification aux personnages, la description minutieuse de leurs émotions, de leurs états d’âme, de tout ce qui va « mouiller les yeux des lecteurs ». C’est la raison pour laquelle l’auteur n’épargne aucun détail trivial à son lecteur, même les plus sanguinolents. Le mantra de l’écrivain: un roman doit faire vivre à son lecteur des émotions fortes.
Dans le prochain roman de Follett, il y aura sans doute… des Vikings
L’accession d’Elizabeth Ire au trône d’Angleterre en 1558 marque le point de départ d’Une Colonne de feu, troisième tome du cycle de Kingsbridge, après Les Piliers de la Terre et Un Monde sans fin. Après avoir rendu l’Angleterre protestante, la souveraine britannique devient l’ennemi public numéro un. Toutes les monarchies catholiques d’Europe tentent de lui nuire, l’obligeant à avoir recours à un service de protection et d’information : les premiers services secrets de l’Histoire. L’Europe d’Une Colonne de feu est ravagée par les guerres de religion, mais le personnage de Ned Willard se rend bientôt compte que le combat ne se livre pas entre les catholiques et les protestants, mais entre les fanatiques et les tolérants.
Du propre aveu de l’auteur, son prochain roman opèrerait un retour en arrière par rapport aux Piliers de la Terre, puisqu’il se déroulerait en l’an 1000. La ville de Kingsbridge, alors petit bastion anglo-saxon, y serait menacée par des guerriers Vikings… Le préquel, dont les épreuves sont déjà entre les mains d’une équipe d’historiens, devrait paraître en 2020. Patience… Et pour les textes à venir ? Ken Follett a déjà mille idées en tête. Et la possibilité d’écrire un roman situé dans une époque plus contemporaine n’est pas écartée…
Ken Follett aime écrire sur l’Histoire… mais apprécie le confort du présent
L’écrivain gallois aime à inventer des personnages fictifs qu’il imbrique parfaitement dans le cours de l’Histoire. Grâce à des recherches très poussées et à ses nombreux voyages, il reconstitue sur le papier un décor historique irréprochable, parfaite toile de fond aux aventures de ses héros. Sa thématique préférée ? Les grandes batailles pour la liberté, celles qui ont provoqué un séisme historique. Les personnages d’Une Colonne de feu se battent pour la liberté religieuse, la première des libertés, avant même la démocratie. Mais, malgré son goût pour les intrigues historiques, Ken Follett ne se verrait pas particulièrement incarner un personnage du passé. Il avoue malicieusement préférer le confort d’aujourd’hui et déplore le manque d’hygiène et les températures extrêmes auxquelles sa contrée galloise était soumise au XIe siècle. Sans oublier la piètre qualité du vin de l’époque… S’il fallait opérer ce retour vers le passé, il se glisserait dans la peau d’un moine-copiste. Pour éviter à l’encre de geler, ces moines installaient leur table de travail… près de la cheminée. Le confort avant tout… et l’imagination se déploie.
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