Ce chef-d’œuvre absolu de la littérature française continue de fasciner autant les artistes que les professeurs. Et pour cause : paru en 1857, Madame Bovary a propulsé Gustave Flaubert au panthéon de la littérature française et mondiale. En 479 pages, il a tout simplement bouleversé les codes de l’écriture romanesque.
Parfum de scandale
Quatre ans et demi de travail ont été nécessaires pour faire émerger Madame Bovary. Gustave Flaubert le sait : c’est un sacré pavé dans la mare qu’il envoie à la figure d’un Second Empire en pleine révolution industrielle. Les problèmes naissent dès la prépublication du roman dans La Revue de Paris en 1856. Soixante-dix passages sont censurés tandis que l’écrivain est jugé l’année suivante pour « outrage à la morale publique et religieuse et aux bonnes mœurs ». Cette déstabilisation n’empêche pas l’immense succès qui s’ensuit.
Un banal fait divers
Le point de départ de ce chef-d’œuvre a lieu dans les journaux. Après avoir achevé La Tentation de Saint-Antoine, Gustave Flaubert souhaite se détacher du lyrisme qui accompagne ses propos. C’est alors qu’il tombe sur un fait divers qui se déroule en Normandie : « Une fille d’agriculteur rêveuse épouse un médecin décevant, s’ennuie à la campagne, prend des amants, s’endette et se donne la mort ». À travers un travail colossal d’écriture, Flaubert réussit à tisser une histoire poétique, enivrante et sulfureuse autour d’Emma qui rêve d’une vie qu’elle n’aura jamais.
Toujours adapté, jamais égalé
Au vu de sa richesse et de la précision de ses descriptions, le roman ne cesse de faire fantasmer les réalisateurs et les metteurs en scène du monde entier. À la télévision ou au cinéma, près de 18 adaptations (fidèles ou librement inspirées) ont déjà eu lieu. En France, la version de Claude Chabrol, avec Isabelle Huppert, ou plus récemment celle d’Anne Fontaine (Gemma Bovery) ont marqué les esprits des spectateurs. Plus que jamais, ce roman reste un objet unique de fascination.
—
Paru en 1857 – 479 pages
Visuel d’illustration © Joseph Tissot, Chambre surplombant le port (1836)