Lorsqu’il publie Les Fleurs du mal en 1857, Charles Baudelaire ouvre, sans le savoir, un nouveau chapitre dans le monde de la littérature. Figures de style audacieuses, goût pour la provocation, obsession de la mort : l’auteur parisien signe une œuvre majeure qui révolutionne son temps et prône la modernité.
Baudelaire, l’accusé
Lorsque l’éditeur Auguste Poulet-Malassis publie la première version des Fleurs du mal, il n’imagine pas le scandale à venir. Quelques semaines après sa parution, l’œuvre contraint Charles Baudelaire à se rendre au tribunal correctionnel de Paris. Condamné pour « outrage à la morale publique et aux bonnes mœurs », l’auteur paie au prix fort son audace et son esprit libre qui ne sied pas à la morale du Second Empire. Quatre années plus tard, il publie une nouvelle version enrichie d’une trentaine de poèmes et délestée de six autres.
Baudelaire, le mélancolique
Le poète a divisé son œuvre en six parties (« Spleen et Idéal » ; « Tableaux parisiens » ; « Le Vin » ; « Les Fleurs du mal » ; « Révolte » et « La mort »). Loin d’être une succession linéaire, les 163 poèmes expriment les déceptions et les contradictions parfois morbides du poète. Si l’amour est au centre de l’œuvre, Baudelaire rêve de perfection et de passion sensuelle et spirituelle. Mais le spleen et la mort prennent le pas sur un idéal impossible à trouver. Même la révolte contre l’absurdité de l’existence se révèle vaine…
Baudelaire, l’adulé
Critiqué à sa sortie, le livre est une œuvre majeure sujette à toutes les études et les analyses. Si Charles Baudelaire a vécu à contre-courant des valeurs de son époque, il a trouvé la reconnaissance de ses confrères écrivains. « Baudelaire est le premier voyant, roi des poètes, un vrai Dieu », a déclaré Arthur Rimbaud. En 1924, Paul Valéry va encore plus loin : « Avec Baudelaire, la poésie française sort enfin des frontières de la nation. Elle se fait lire dans le monde et s’impose comme la poésie même de la modernité. » Cela s’appelle faire l’unanimité.
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